Chapitre Dix-huit - Partie Deux

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Arsène ne se sentait pas réellement à l'aise à cette réception. Pourtant, depuis son plus jeune âge, sa grand-mère avait tenu à lui inculquer les valeurs et le comportement à adopter en société. Ça n'avait plus rien d'un mystère pour lui mais il planait ici quelque chose qui le mettait mal à l'aise. Il ne savait pas trop si c'étaient ses sens qui lui jouaient des tours ou s'il devait mettre ça sur le compte de la paranoïa. N'arrivait-il pas à apprécier la qualité de la soirée simplement parce qu'il avait cru, à tort ou à raison, que sa grand-mère avait quelque chose à lui cacher ? Etait-ce parce qu'il avait envoyé Josh en action en ayant eu pleinement confiance en lui alors qu'une préparation semblait nécessaire ? Il devait bien avouer que l'histoire du carton d'invitation avait créé une boule dans son ventre, un nœud dont il n'arrivait pas à se défaire. Pourtant, cela faisait une demi-heure qu'ils étaient entrés dans la salle, Alya et lui, et ils n'avaient pas entendus parler d'une tentative d'intrusion. Mais peut-être était-ce parce que la sécurité était justement trop efficace et que même les convives les plus proches ne s'étaient rendu compte de rien.
Sentant son malaise s'amplifier lorsqu'il se mit à penser à tout ça, Arsène vida avidement sa coupe de champagne. Il était seul, près du buffet. L'alpha l'avait laissé pour engager la conversation avec une ou l'autre personne qu'Arsène ne connaissait pas, que ce soit par leur propre nom ou par le nom de leur société qu'elles prononçaient avec tellement de fierté et de suffisance. En un sens, ça aggravait un peu plus sa gêne. Tous ces hommes et ces femmes, chefs d'entreprise, avaient réussi leur vie. Ils gagnaient très certainement des millions mais devaient en avoir souffert pendant des années avant de toucher le pactole. Pourtant eux, les Eyriss, les côtoyaient comme si de rien était alors qu'il y avait une grosse différence. Eux, ils investissaient dans Genesya de l'argent patrimonial, ils étaient de simples héritiers d'une fortune si colossale qu'Arsène ne se souvenait jamais du nombre de chiffre qu'affichaient tous les comptes en banques réunis. Cette principale différence lui rappelait ô combien il n'aimait pas sa position privilégiée. Il avait besoin de faire ses preuves et tout ici lui criait que ce n'était pas encore le cas.
Arsène ressentit alors le besoin de parler, pas de vider son sac, mais simplement de parler pour arrêter de ressasser toutes ces idées noires. Il tourna la tête vers sa grand-mère qui, à sa grande surprise, venait de finir une conversation. N'attendant pas plus longtemps, de peur qu'elle ne se plonge à nouveau dans une autre, Arsène combla rapidement la distance entre eux. Il avait une question à soumettre, une question qui le taraudait depuis son arrivée ici mais à laquelle il ne trouvait pas de réponse. Et peut-être que sa grand-mère pourrait y répondre.

- Dis grand-mère, tu saurais pourquoi M. Barclay m'a aussi invité ici, par hasard ?

Etonnée par la brusque arrivée de son petit-fils, Alya eut un temps de réaction passablement lent pour une louve. Elle le regarda tout d'abord sans comprendre avant de se ressaisir et de lui prendre la main dans un geste maternel.

- Je ne sais pas vraiment, à vrai dire. Peut-être se disait-il que puisque tu étais venu avec moi à Genève, il était de bon ton de t'inviter aussi, non ?

- C'est tout à fait cela, Madame Eyriss ! s'exclama quelqu'un près d'eux.

Dans un costume impeccable au mouchoir blanc dans la poche, un homme d'une cinquantaine d'années se rapprocha d'eux. Ses cheveux étaient noirs et plaqués en arrière. Il arborait un bouc parfaitement taillé et ses yeux bruns rougeâtres pétillaient de vigueur et d'intérêt. Etrangement, quand il le vit, Arsène eut l'impression de le connaître. Pourtant il n'en était rien ou presque. L'homme lui tendit la main que le garçon s'empressa de serrer poliment. Voyant le désarroi d'Arsène face à cette intrusion soudaine, le nouveau venu se présenta avec un léger sourire aux lèvres.

- Leander Barclay. Enchanté de faire ta connaissance, Arsène. Le PDG de Genesya se tourna alors vers Alya dont il prit la main qu'il baisa comme un preux chevalier. Madame Eyriss, je suis véritablement heureux de vous rencontrer enfin.

Versipellis - L'héritier de la MeuteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant