Chapitre Dix-Neuf

10 2 1
                                    

- Merde ! Tu peux m'expliquer ce qu'il se passe ?! s'insurgea Arsène au moment même où il eut refermé la portière de la voiture.

Il avait préféré prendre le volant vu comment Josh était énervé mais au final, l'inverse aurait peut-être était mieux puisqu'il sentait lui aussi gagné par la colère. Il mit le contact sans plus attendre et démarra.

- L'hybride, c'est de là qu'il vient. Ce sont eux qui ... qui ...

- Qui quoi ?!

- C'est ce Barclay qui a créé l'hybride qui nous a attaqués !

- Pardon ? s'exclama Arsène tout en pilant sec avec la voiture, encore sur le parking.

- J'ai vu un homme, il avait le même tatouage, tu sais le code-barres, au même endroit. Quand je lui ai demandé d'où il venait, il s'est emporté. Il m'a carrément plaqué au mur. J'ai cru qu'il allait me tuer.

- C'est pour ça que la secrétaire n'avait pas l'air de vouloir te laisser partir ? Elle est au courant, donc ? demanda-t-il en coupant le moteur.

- Oui. Elle a tout vu, ou presque. Mais c'est grâce à elle que je suis encore en vie. Sans elle je crois que ce Jensen m'aurait arraché la gorge ...

- Donc ils savent qu'on sait ... 'Fait chier !

- Et il n'y a pas que ça ... Je crois que Nashoba est aussi impliqué.

Arsène fixa Josh pendant une dizaine de secondes sans dire un mot. Mais ses mains serraient tellement le volant qu'elles en devenaient blanches. Il tremblait même légèrement.

- Putain Arsène, on fait quoi ?

- Pour l'instant, on rentre. J'ai besoin de réfléchir, dit-il en redémarrant.

***

La porte s'ouvrit à la volée. Principalement composée d'un épais battant en métal, elle produisit un son sourd qui se répercuta dans le couloir. Assis sur un lit sommaire qui se résumait à un matelas usé et à une armature en acier, Alexandre leva les yeux. Ça faisait des heures qu'il avait été enfermé ici, à ruminer sa rage. Il n'attendait qu'une chose : que quelqu'un ouvre cette porte pour lui sauter dessus et lui arracher la gorge comme il aurait dû le faire avec ce gamin amérindien. Même si ça avait été Camille, ça n'aurait pas fait de grande différence. Oh il le savait qu'il avait merdé ! Il n'avait pas besoin que quelqu'un le lui dise, ça n'aurait fait qu'augmenter sa colère. Et un cadavre n'aurait été qu'une trop petite compensation en échange du traitement que Barclay et ses scientifiques lui réservaient.

Alors quand la porte s'ouvrit, Alexandre était déjà prêt à bondir, griffes et crocs dehors pour changer l'intrus en charpie. Toutefois, lorsqu'il leva les yeux, sa conviction si mûrement réfléchie s'envola d'un coup. Alors qu'il tremblait de colère, fébrile, il se figea, pâlit et baissa le regard comme un chien aurait baissé la queue devant son maître. Car c'était bien là son maître qui se tenait devant lui. Leander Barclay venait d'entrer en trombe et le gratifiait d'un regard sévère, cruel. Alexandre eut soudainement peur, sentit son rythme cardiaque s'accélérer. Il n'osait le regarder et certainement pas le défier du regard. Il n'attendait qu'une chose : qu'il parle, qu'il lui fasse part de toutes ses réprimandes et qu'il s'en aille. Le plus vite possible. Toutefois, lorsque Barclay prit la parole, il le fit avec calme. Il peinait à contenir sa rancœur envers son employé mais agissait tout de même en gentleman.

- Vous me décevez beaucoup, Alexandre. J'en attendais bien plus de la part de quelqu'un comme vous, commença-t-il fermement mais calmement. Regardez-moi quand je vous parle.

Malgré le ton, c'était un ordre et à contrecœur, Alexandre leva la tête, tremblant légèrement. Son regard était fuyant, ne voulant pas le fixer plus que nécessaire. Mais Barclay n'avait pas besoin de le rappeler à l'ordre. Il savait que s'il n'obtempérait pas, son employeur le lui ferait regretter. Alors il se forçait à soutenir son regard.

- Laissez-moi vous informer d'une chose, reprit Barclay. Ce garçon que vous avait osé agresser n'était ni un envoyé de Nashoba ni un quelconque invité. C'était un ami d'Arsène Eyriss. Je pense que le nom de Josh Eisenhower ne vous est pas inconnu, n'est-ce pas ?

Les yeux écarquillés par la révélation, Jensen hocha la tête.

- Et donc vous n'êtes pas sans savoir l'importance que je leur porte, que ce soit à Monsieur Eyriss ou à Monsieur Eisenhower. Josh reste un élément capital de mes projets. Je ne vous ai pas sauvé la vie et offerts ce don miraculeux pour que vous y cédiez comme une vulgaire bête et mettiez Mes projets en péril. Projets qui, je vous le ferai remarquer, me sont bien plus précieux que votre misérable vie.

- Oui Monsieur, bredouilla Alexandre.

- Pardon ? Oui Monsieur ? Même vos plus plates excuses ne me satisferont pas. J'attendais de la part de vous autres beaucoup plus de déférences et d'obéissance. Et voilà que je me rends compte que l'expérience "Lycaon" est un échec. Vous n'étiez que deux à avoir survécu et voilà que vous aussi vous me délaissez. Matthias a préféré me fuir et Dieu sait qu'il a brisé le cœur de sa fille ... Et maintenant vous ? s'étrangla Barclay dont la voix venait de subitement monté dans les aigus. Je tiens à vous presque autant qu'à Messieurs Eyriss et Eisenhower. Croyez-moi, la tentation de vous arracher la gorge, là, dans cette cellule, était très tentante. Mais peut-être avez-vous de la chance d'être le dernier au final. Votre mort ne sera pas pour tout de suite et ne viendra pas de ma main.

- M-merci, monsieur, bafouilla Alexandre.

- Ne me remerciez pas. Au moindre faux pas, le loup redeviendra un agneau ... Vous racheter est impossible. Toutefois, si maintenant Arsène est au courant de nos agissements, il vous faudra agir comme je vous l'ordonne. Sans question, sans remise en question.

- Oui, monsieur ...

- Bien, je préfère ça. Barclay fit volte-face et passa la porte dont il prit la poignée en main. Alors qu'il la refermait déjà, il se retourna et adressa un sourire cruel à son petit loup. N'oubliez pas qui est l'Alpha ici.

Versipellis - L'héritier de la MeuteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant