Chapitre Neuf

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- Ca fait quelques temps qu'on se connait et je ne sais toujours rien sur toi. Aurais-tu des secrets à me cacher ? Lança Arsène en souriant.

Cela faisait en effet quelques semaines qu'il avait rencontré Marianne, qu'ils passaient beaucoup de temps ensembles sans que pour autant elle ne s'étale sur sa vie. Elle était discrète. Non, ce n'était pas exactement le mot. Elle était pudique. Et lui curieux.
Dans la bibliothèque de l'université, Marianne rit doucement, de sa voix claire et douce. Cela l'amusait-elle ? Arsène se sentit soudain bizarre, comme s'il avait fait une bêtise. Pourtant, il n'en voyait pas. Marianne lui souriait franchement, le regardant avec des yeux malicieux. Elle préparait quelque chose, il en était sûr. Pourtant elle ne dit rien, pas tout de suite, se contentant de continuer d'écrire, sans que son sourire ne s'efface.

- Je pourrai vous retourner la question, Arsène Eyriss. Qui êtes-vous et que faites-vous ? Dit-elle en prenant un ton sérieux et sombre avant de continuer avec plus de légèreté. 'Fais pas cette tête, Arsène ! Je rigole ! C'est juste que moi non plus, je ne sais rien de toi.

Arsène avait dû la regarder avec des yeux exorbités. Pendant un instant, il avait cru qu'elle l'avait percé à jour, qu'elle savait qu'il lui cachait des choses volontairement. Il se maudit mentalement d'avoir été aussi crédule et naïf mais le rouge qui lui était monté à la tête pendant un instant mis du temps à disparaître complètement.
Il décida de faire comme si cette blague n'avait pas été dite et continua la conversation, tentant d'être léger pour ne pas montrer son malaise à Marianne.

- Et bien je suppose qu'il y a des choses qu'il vaut mieux que tu ne saches pas. Pour ton bien ... Contrairement à elle, il disait cela sur le ton évident de la plaisanterie. Une voix en lui lui disait "C'est mal ce que tu fais là" mais il l'ignora. Jouons franc jeu, alors.

- D'accord !

Le sourire de Marianne réapparut, magnifique. Elle semblait prendre cela comme un divertissement. Mais Arsène était tendu. Il ne savait pas ce qui lui prenait.

- Je commence, je suppose ? Alors ! Je m'appelle Marianne Haennel, je suis née à Strasbourg mais ça fait tellement longtemps que j'habite ici que c'est comme si j'étais née à Genève. Mes parents son divorcés, je vis chez ma mère. Et puis ... je crois que c'est tout, non ? Satisfait ?

Ce n'était pas exactement ce qu'il appelait beaucoup d'informations mais ce n'était pas rien non plus. Marianne était devenue autre chose qu'une personne, une amie qui, pour lui, n'avait pas de passé. Satisfait ? Il se contenterait de cela.

- A ton tour, monsieur Lupin.

- Bon ... Arsène prit une profonde inspiration. Par où commencer, que lui révéler ? Devait-il lui révéler quoi que ce soit ? Il était trop tard pour faire machine arrière de toute façon. Ça fait un mois, un mois et demi que je suis là. Avant j'habitais au Québec. Mais ça tu le savais déjà, n'est-ce pas ?

- Oui ! Et aussi que tu vis dans une sorte de collocation.

Il approuva de la tête. Bien, elle avait retenu ce qu'il lui avait déjà dit et ne semblait pas vouloir lui poser plus de questions.

- C'est ça. Mes parents sont ...

Arsène s'arrêta net. Ses parents sont ? Pourquoi ces trois mots étaient sortis si spontanément de sa bouche ? Il n'avait pas eu l'intention de parler d'eux. Que pouvait-il lui dire si ce n'était qu'ils étaient morts. Quel intérêt cela avait ? Sinon celui de se faire plaindre pour une chose à laquelle il ne pouvait rien, pour une chose dont il ne connaissait rien. Pourtant ses trois mots s'obstinèrent, il les répéta, troublé, dans ses pensées.

Versipellis - L'héritier de la MeuteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant