Versipellis - L'héritier de la Meute

Chapitre Vingt

Arsène était resté dans sa chambre la majeure partie de la journée. Il n'avait réussi à trouver le sommeil que très tard dans la nuit, trop perturbé par les révélations que lui avait faites Josh. Il n'arrivait pas à y croire et plusieurs fois dans le noir, il s'était dit que ce ne pouvait pas être vrai. Il avait fini par tomber de fatigue après une longue attente angoissée, couché sur le dos, les yeux grands ouverts.
Ce matin-là, il était seulement descendu pour prendre le petit-déjeuner même si le cœur ne lui en disait pas. Il avait croisé sa grand-mère dans la cuisine, avec son si cher tablier. La folie d'une soirée mondaine semblait s'être envolée tout aussi rapidement qu'elle était arrivée. Alya lui avait demandé s'il se sentait et il s'était souvenu que c'était là l'excuse que lui avait royalement servi Barclay alors il avait prétexté que oui, même si au final, il ne sentait pas vraiment bien depuis la veille. Mais pas pour les mêmes raisons.
Puis il était remonté dans sa chambre et s'était assis sur son lit, admirant le paysage montagneux qui s'offrait à lui. Pour la première fois depuis qu'il était arrivé en Suisse, il ne ressentait pas le besoin de sortir parcourir la forêt à la vue de cette vue magnifique. Non, il restait simplement là, à regarder et à réfléchir. Qu'allait-il devoir faire ? Devait-il en parler à sa grand-mère et la laisser agir ? Allait-elle accepter de sacrifier le seul espoir qu'elle avait de sauver son mari ? C'était ça le principal problème. S'il ne savait pas son grand-père malade, Arsène n'aurait pas un instant hésité à en parler à sa grand-mère et la forcer à faire quelque chose. Mais maintenant, il n'en n'était plus aussi sûr. D'autant plus qu'il n'était pas censé en savoir autant sur la situation. Si Barclay avait consentit à lui livrer une infime partie de son savoir, c'était déjà bien trop. Pourtant ... Arsène en voulait plus.
"Je sais plus de choses que tu ne peux l'imaginer". Les paroles de l'homme d'affaire lui restaient en tête et ne voulaient pas le quitter. Qu'est-ce qu'il entendait par là ? Au début, Arsène n'y avait pas vraiment fait attention mais depuis qu'il y avait repensé lors de sa nuit blanche, ça ne le quittait plus. Il voulait savoir. Simplement savoir.

Ce n'est qu'en fin d'après-midi, alors que le soleil avait cessé de briller qu'Arsène avait bougé et était descendu. Descendre pour juste descendre, il n'avait l'intention de parler ni à sa grand-mère ni à qui que ce soit. A sa grande surprise, il trouva Josh et les Ash en pleine discussion dans le salon et tous se turent lorsqu'ils l'entendirent arriver. Arsène se planta dans l'ouverture de la porte et les regarda tour à tour.

- Alya n'est pas là ? demanda-t-il sans s'adresser à quelqu'un en particulier.

- Elle est partie, lui répondit alors Arthur. En vitesse. Elle avait l'air très pressée mais n'a pas voulu nous en dire plus. Elle a dit de ne pas l'attendre pour le diner. Et heu ...

Il se retourna vers Josh comme s'il cherchait son soutien. Ce dernier prit alors la parole, visiblement embarrassé.

- J'ai pris la liberté de les informer aussi concernant Barclay. Ça vaudrait mieux non ?

Arsène le dévisagea longuement, ne sachant pas trop quoi répondre. Etait-ce une bonne chose ou non ? Il n'en savait rien car, au final, même après réfléchi toute la journée, il n'était pas plus avancé sur la marche à suivre. Au lieu de ça, il soupira et se laissa tomber dans un fauteuil faisant face aux autres. Mais pour autant, il ne dit rien. Ce fut alors Vicka qui prit la parole.

- 'Faut qu'on l'arrête au plus vite ! On pourrait alerter le conseil du fait qu'il crée des hybrides mais ça prendrait trop longtemps avant qu'ils n'agissent. D'ici là, Barclay aura peut-être eu le temps de créer une armée de ces monstres. Et vous avez vu ce qu'un seul d'entre eux peut faire ! Il a fallu vous y prendre à trois pour le maîtriser !

- Ou alors, on en parle à nos alphas, lança Arthur.

- C'est pas aussi simple, souffla Arsène en se renfonçant dans son fauteuil. Grand-mère ne voudra certainement pas entendre la vérité. Vous n'étiez pas à la soirée, elle avait vraiment l'air ... subjugué par Barclay. Elle le trouve bien trop important pour se résoudre à l'éliminer.