Chapitre 03 - Seringue

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« Arrête donc un peu de nous faire mariner, petit monstre, hurla le militaire en face de moi, ce sont des aveux que nous voulons, pas des fables inventées de toutes pièces.

La jeune femme aux lunettes cerclées de noire le regarda avec un air pincé.

– Dites-moi, commandant, intervient-elle, comptez-vous l'interrompre à chaque phrase ou allez-vous le laisser expliquer les choses comme elles se sont passées, de son point de vue ? Je vous rappelle qu'il reste des règles et que selon celles-ci il a le droit de se défendre contre nos accusations comme il lui convient ? Par ailleurs, il n'a pas pour l'instant manifesté d'opposition aux questions et demandes que vous lui avez faites !

– Vous me faites chier, Maître, nous vivons dans un monde qui se remet à peine de ce qu'une abomination dans son genre a déclenché et vous comptez me donner des leçons de morale ?

L'autre homme de la pièce sembla réagir, ce qu'il n'avait pas fait depuis le début de notre entrevue.

– Commandant, assis ! Je suis désolé, mais Madame Wethlay est dans le vrai. Vous condamnez une personne sans avoir écouté son histoire dans son intégralité. Ça me semble un peu partisan, ce que je déplore en raison des implications que ça pourrait avoir. Rappelez-vous qu'il est le seul que nous connaissons de sa race. Ce qui signifie que nous sommes en possession d'importantes informations qu'il serait très dommage de laisser passer.

Le Commandant se laissa tomber sur sa chaise en regardant l'homme d'une trentaine d'années d'un regard noir. Celui-ci reprit :

– Si vous n'êtes pas capable de vous tenir, je vous conseille d'aller prendre une ou deux heures de repos, dans l'intervalle, nous aurons fini !

La remarque sembla faire mouche, je commençais à comprendre les personnes que j'avais devant moi.

– Puis-je ?

– Faites, répondit l'homme.

– Nous étions donc 4 jours avant le patient 0

***

Ce jour-là, alors que les médias passaient en boucle les images dramatiques des avions en flamme à l'aéroport, je cherchais des intrications qui pouvaient me permettre de prévoir la prochaine manipulation. Il était hors de question de considérer cela comme une simple coïncidence. Le mot "terrorisme" me paraissait bien plus aisé pour décrire la situation, et j'étais maintenant sûr que ce n'était que l'engagement assez grossier d'une grande partie d'échecs qui devait être catastrophique.

Bien que ma mère criait dans le couloir que je devais partir pour l'école, je ne l'écoutais pas. Ce n'était pas le moment de subir les remontrances alambiquées de quelques professeurs de seconde zone qui ne pouvaient même pas comprendre les règles de statistiques que je mettais en place pour faire correspondre les évènements.

Un seul aute ur avait pu prévoir ce qu'il serait possible de faire avec un peu de talent et beaucoup de données... Isaac Azimov dans son "prélude à fondation".

Il me manquait forcement quelques données et seul le centre de calcul de la faculté de Californie pourrait me fournir les informations qui me manquaient, plus exactement son Cloud Big Data. Mais, comme je l'ai dit avant je n'étais pas encore une flèche en ce qui concerne les programmes informatiques et, en particulier, les moyens d'entrer illégalement dans les bases de données d'un centre de calcul gouvernemental. Une idée fit alors jour dans mon esprit. Je me préparais à grande vitesse et je descendis l'escalier quatre à quatre pour pouvoir couper la chique à maman qui hurlait encore que je serais indéniablement en retard en cours.

Je suis ZOù les histoires vivent. Découvrez maintenant