Chapitre 2 - Desert et Mat !

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Alia posa le micro de la CB sur le boitier qui n'émettait que des grésillements. Les autres cavaliers devaient être aussi perdus qu'elle dans cette tempête de sable hurlante. Elle avait trouvé un a-pics qui comportaient des cavités suffisamment profondes pour s'y abriter. Le canyon de la vallée de la Mort était magnifique et les volutes du sable qui tournaient dans les ravines formaient des paysages artistiques qui la surprenaient. Elle sortit une cigarette d'un paquet d'importation qui comportait l'indication « Fumer tue ! ». Elle sourit :

« - Certainement, mais à l'heure actuelle Z est plus efficace ! »

Elle porta le tube de papier à ses lèvres et l'alluma avec un Zippo d'argent aux volutes élisabéthaines. Loin d'être une férue d'histoire, elle avait simplement trouvé ce motif joli et « gothique » dans la mouvance romantique qu'elle suivait. Elle avait d'ailleurs toujours trouvé ça stupide que de qualifiés du néo-révolutionnaire, qui en soit était déjà une hérésie, de Gothique en rapport avec une période qui c'était déroulé plusieurs siècles avant. De toute façon, cette question était déjà résolue : il ne restait plus que des morts pour faire la discussion. Ce qui ne risquait pas d'élever le débat.

La première bouffée de tabac lui parut âcre et agressive, mais elle se détendit rapidement après. Elle se souvint alors que le souci ne venait pas de la cigarette mais bien du fait qu'elle devait consciemment faire l'effort de respirer. Elle s'était déjà demandé ce qui passait réellement dans son corps. Elle étudiait la médecine à l'université et elle savait parfaitement que son corps avait changé à des années-lumière de celui d'un humain.

Elle avait même pris un peu de temps pour disséquer un zombi. Il fallait bien s'amuser un peu, ils n'étaient de toute façon plus très frais. D'après ses observations, le corps n'avait pas réellement changé, le seul endroit qui ne pourrissait pas, c'était une toute petite partie du cerveau, qui était maintenue en vie par une excroissance comportant quasi uniquement le liquide pâteux du virus Z. Celui-ci ne se dégradait pas au contact de l'air mais bien du manque d'énergie. Une subtile modification des cellules de l'épiderme permettait de récupérer l'énergie du soleil comme l'aurait fait la photosynthèse et de respirer par transfert de cellule à cellule. Elle se demandait toujours comment cet ensemble pouvait s'organiser et elle n'avait pas suffisamment d'équipement pour aller plus loin. C'était d'ailleurs cette frustration qui l'avait poussé à brancher la radio CB et à tenter d'avoir une réponse.

Simus lui manquait, les autres, moins. Elle le considérait un peu comme un petit frère trop faible pour faire face à la vie. Même si, objectivement, il était largement aussi puissant qu'elle. Il n'était pas mauvais, mais comme elle, il était astreint par le biais du nécrocontrôle à faire uniquement ce que voulait le Maître.

Elle avait un avantage. Elle était capable de projeter son âme hors de son corps... ou son esprit... ou son corps astral... enfin qu'importait, sa conscience pouvait voyager et dans cet état le nécrocontrôle n'avait plus de prise sur elle. Elle avait étudié cette chose, le nécrocontrôle : le Maître implantait une partie de son être dans le corps de ses serviteurs sous la forme d'un petit morceau de chair vivante, à un endroit incongru et difficile à atteindre. Puis cette partie supplémentaire servait de relais à la volonté des dizaines de Maîtres parsèment le pays. Elle était maintenant totalement certaine qu'en dehors du cercle intérieur, qu'elle avait vu lors de sa première rencontre avec le Maître à New York, les autres n'avaient plus aucune conscience et n'avait pas non plus de libre arbitre.

Elle cherchait toujours une solution pour lui permettre de se libérer, et de le faire pour les autres si c'était possible. Elle savait que le Maître n'avait pas tant de pouvoir... Il avait le contrôle. Ce qui le rendait dangereux.

Je suis ZOù les histoires vivent. Découvrez maintenant