Chapitre 3 - Mort et Famine

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Alia ouvrit les yeux dans une pièce qu'elle comprit instantanément comme une prison. Elle serra les dents alors que son corps, nu, lui répondait difficilement.

« Qu'est-ce qu'ils m'ont fait ?

Elle regarda son corps mais n'y trouva rien de particulier.

- Tu devrais plutôt chercher ce qu'il te manque... murmura une petite voix.

– Simus ? Elle releva brusquement le drap qui ne la couvrait plus que très partiellement.

– Laisse tomber, Alia, ce ne sera pas la première fois que je te verrais nue. »

Elle se leva, prenant plus complètement l'ampleur de la pièce qui n'avait d'une prison que le fait qu'elle était aveugle. Maintenant qu'elle s'était levée de sa couche, qui se révélait être un canapé plutôt confortable, elle pouvait clairement dire que l'endroit s'approchait plus d'une suite d'hôtel haut de gamme.

Il y avait deux chambres spacieuses et claires, comportant chacune une salle de bain, ainsi qu'un espace commun composé d'une salle à manger et d'un salon, où elle se trouvait.

Elle prit Simus dans ses bras puis, voyant qu'il rougissait, elle lui colla une tape derrière la tête avant de se diriger vers la chambre. Elle avait pris les vêtements simples, qui avaient été disposés sur la table, certainement à sa destination, sous son bras.

Elle passa sous la douche avec un plaisir incroyable, puis elle enfila les vêtements. Un jeans, un chemisier en coton blanc qu'elle trouva troublants : trop sexy pour ce qu'elle considérait comme neutre et pas assez voyant pour son look particulier, ainsi qu'une paire de ballerines noires.

« Où sommes-nous, Simus ? Je ne me souviens que d'une terrible douleur et de la main de Z sur mon épaule.

- Je ne me souviens de rien. Ils ne m'ont même pas réveillé quand ils sont venus me prendre. Je crois qu'ils n'ont pas détruit mon reste d'armée. C'est certainement la tempête qui s'en est chargée. Plus important, tu as vu nos yeux ?

Elle fixa le miroir qui se trouvait installé dans le milieu du salon. Son regard jusqu'alors métallisé était devenu doré. Elle y voyait même des paillettes rouge rubis.

- Je ne sens aucune différence !

- Il faut un peu de temps pour s'y faire, mais ils nous ont libérés du Maître.

- Tu sembles être heureux ! Son visage était dur.

– Arrête, tu es une esclave comme moi. Tu n'es pas comme Guerre ou Pestilence. Tu n'es pas heureuse de cet état.

- Tu as raison sur un point, Simus. Je ne les aime pas, ni l'un ni l'autre, mais tu es prêt à déballer les secrets du Maître sans être sûr d'être protégé ?

- On parle de Z, Alia. Il a vaincu les hordes du Docteur W tout seul. Il lui a bouffé la tête. Ce qui signifie qu'il est aussi puissant que le maître lui-même.

- Simus, tu sais que ce qui fait la force du Maître, c'est le nombre de lui qui existe, comme une hydre. Il n'est pas très dangereux à lui seul, mais le nombre fait la différence.

- Je sais, Alia. Il la fixa un instant, comme s'il se demandait ce qu'il pouvait dire ou pas. Je préfère te regarder au fond des yeux plutôt que de retourner là-bas. Si tu comptes leur cacher les informations que nous avons sur les Maîtres, regarde-moi maintenant ! Dès qu'ils viendront pour nous interroger, je leur dirais tout !

- Si tu souhaites que tes soldats se battent pour toi, fais-les te craindre, mais ils mourront pour toi, s'ils t'aiment...

- Qu'est-ce que tu racontes ?

- C'est une phrase qu'aurait prononcée un grand général français, il y a longtemps. Ce que je veux dire, c'est que je crains le maître, mais pas assez pour mourir pour lui, et que je ne l'aime pas assez pour ne pas lui faire payer ce que je suis.

- Nous le savions déjà ! Dit une autre voix féminine dans la pièce, ce qui les fit sursauter. Connaissant une partie de vos pouvoirs, je ne vais pas prendre de risques. Je m'appelle Amélia, et je ne vous cache pas que Joshua m'a demandé de vous observer. Je crois qu'il peut avoir confiance, mais vos esprits nous le disaient déjà. S'écria la fille invisible.

Elle se déplace, pensa Alia, elle fait en sorte que nous ne puissions pas la repérer à l'oreille.

- Je vous informe que les quatre armées qui vous suivaient ont été décimées, et que nous avons capturé celle que vous nommez Pestilence.

- Elle ne parlera pas. Elle ne coopèrera pas. C'est une cause perdue. Dit Alia, pragmatique.

– Pas en tant qu'humaine...

Alia se laissa tomber sur le canapé, époustouflée par la nouvelle.

- Vous êtes capable de nous faire redevenir humain ?

- Nous le pouvons, mais je ne suis pas certain que les effets secondaires vous plaisent : perte de mémoire, de sens, totale ou partielle, perte de motricité, jusqu'à la paralysie ou la mort... C'est pour cette raison que nous ne l'appliquons qu'après un procès équitable et comme sanction ultime.

- Et elle y a été condamnée ? demanda Simus.

- Pas encore, mais après la mort horrible de ses gardes, elle aura de la chance si le conseil lui accorde un procès.

- Sa méthode est plutôt ignoble, je vous l'accorde. Cela ne fait que conforter une décision de ma part en votre faveur.

- Joshua ne vous considère pas comme des adversaires. Nous connaissons le nécrocontrôle. Une partie du camp en a fait les frais, et Joshua vous a déjà débarrassé de ses choses. Vous êtes sortie de votre transe, Alia, lors de l'extraction, c'est la raison de votre coma, outre le fait que J vous a aussi converti. Il sait plutôt bien juger les gens.

- Et pour Guerre ?

- Il est reparti dès qu'il a compris le piège, laissant ces troupes sur le terrain.

- CE TROU DU CUL N'A MÊME PAS TENTÉ DE NOUS PRÉVENIR ?

- Pas à ma connaissance. Nos protecteurs bloquaient la télépathie entre vous et la tempête et l'oxyde de fer des canyons, vos CB, mais je peux vous garantir qu'il était déjà reparti avant vos premiers appels.

- CE BÂTARD... Il a été récupéré par Weston dans le coin, il me semble. Ce connard de docteur aurait dû se péter une jambe, ce jour-là...

- Vous avez donc des informations à partager ?

- Oui, contre nos vies.

- Joshua compte vous proposer bien mieux que ça. Même si le conseil n'est pas réellement d'accord, il a toujours le dernier mot. Je vous suggère de profiter de votre captivité. Il viendra vous entretenir du reste à son retour.

La voix et la présence d'Amélia avaient disparu.

- Ils ont des pouvoirs vachement cool ! murmura Simus.

- Et ils semblent savoir s'en servir, très bien même. Répondit-elle comme si elle calculait les chances de s'enfuir.

Elle s'allongea lascivement sur le canapé et posant ses mains à l'arrière de sa tête pour la soutenir, l'évitant ainsi de porter sur l'accoudoir.

- Qu'est-ce qui te passe par la tête, Mort ?

- Simus, n'emploie plus ce surnom ! Je ne suis plus un des cavaliers du Maître. Je suis libre d'être moi-même et de ne plus être la pourvoyeuse de mort. Nous verrons ce qu'ils nous proposeront.

- Tu m'inclus dans ta vie ?

- Plus rien ne nous en empêche, maintenant. Même pas nos deux ans de différence d'âge. »

Elle sourit, il rougit. Elle s'avança et lui glissa un baiser auquel il répondit fougueusement. Elle comptait bien faire aussi bien que Z, en lui offrant son amour. Elle voulait le changer, en mieux. Pour l'instant, elle allait lui faire passer une étape dans sa vie de mâle, même si elle n'était pas certaine que leurs ébats ne soient pas différents, à la faute de Z.

Je suis ZOù les histoires vivent. Découvrez maintenant