Chapitre 05 - Pestilence

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Tout autour de moi, c'était la mort, mais elle marchait ; enfin, elle claudiquait pour être plus exacte.

Les corps, d'où provenait une odeur pestilentielle de charogne, avançaient au hasard comme complètement perdus dans un brouillard qui rendait leurs yeux laiteux.

Bien sûr, j'avais vu des dizaines de ces films d'horreur qui prévoyaient l'arrivée de morts-vivants, s'acharnant sur les corps encore frais de leurs victimes. Disons que tout aussi immonde que cette vision fût, je ne pouvais pas dire qu'elle avait le goût de la horde sortie de l'enfer. Pas un ne fit mine de me prendre pour repas, ils m'ignoraient complètement. J'ai compris pourquoi, depuis.

À cet instant, je crois que j'ai ressenti de la tristesse pour la première fois de ma vie. Les gens qui se trouvaient autour de moi étaient morts. Ma mère, mon père, mes compagnons de classe, mon ami Térence étaient certainement déjà dans le nombre de ceux qui marchaient dans les rues.

Chose étrange, alors que mon cerveau ne me laissait pas réellement ressentir de la tristesse comme vous pouvez la percevoir, je pleurais des larmes blanches. Je m'arrêtais un instant et regardais autour de moi : il y avait du sang coagulé partout et des traces de combats. Certains de ces morts-vivants avaient des impacts de balles, mais ne semblaient pas s'en soucier, et ils ne saignaient plus. Comment un corps pouvait-il fonctionner sans alimentation en oxygène ? J'aperçus mes propres pieds, nus, et pris conscience d'une autre chose : les morceaux de verres qui traversaient mes chairs ne me faisaient aucun mal. Je m'installais sur un banc pour les retirer. Je devais être un peu hagard, car je ne perçus aucune urgence dans ce geste. Les blessures se refermaient à la vitesse où j'extrayais le morceau comme si l'on avait passé le film à l'envers. Voilà pourquoi, mon inconscient savait.

Je pris le temps de me demander ce qu'il y avait d'autre, en plus de cela, mais j'eus un instant de doute sur l'état de la réponse : avais-je réellement envie de savoir ?

Le ciel avait laissé place à une clarté diffuse. Les lampadaires de la rue s'allumèrent et le jour s'effaça rapidement sous une nuit silencieuse. Je notais que, contrairement à ce que j'avais vu dans la plupart des films d'horreur, les zombies ne redoublaient pas d'activité, bien au contraire. Plusieurs s'étaient laissé tomber au sol, comme réellement mort. D'autres avaient simplement arrêté tous mouvements.

J'avais pris le temps de regarder autour de moi et, même si je ne ressentais pas le froid sur mon corps nu, sous la chemise de l'hôpital, il me laissait inconfortable. Maintenant que je savais qu'il n'y avait aucun danger pour moi d'avancer parmi les morts, je me dirigeais vers une enseigne de vêtements un peu plus haut dans la rue.

Les lampadaires me permettaient un déplacement aisé et, même si je les frôlais, les zombies ne me prêtaient pas attention. J'entrais dans le magasin dont la vitrine avait été brisée, et fît quelques emplettes : un jeans noir près du corps, un sweat-shirt « Walking Dead » — ce truc comportait un nombre colossal de poches, une capuche et une fermeture éclair, pratique pour le retirer en cas de soucis — des sous-vêtements, une dizaine de t-shirts unis et sombres ainsi qu'une paire de rangers'. Le rayon des accessoires me fournit le sac à dos parfait pour y mettre le butin que je ne portais pas sur moi. Il me fallut remonter quelques blocs pour trouver une armurerie, qui avait déjà été pillée, et y dérober un couteau de chasse et des poignards de lancer, ainsi qu'une lampe torche « intervention » de la taille de mon bras qui permettrait d'affronter pas mal de problèmes. J'attachais une gourde à un autre sac à dos trouvé sur place, bien plus fonctionnel que celui que j'avais pris dans la boutique de vêtements, et me mis à la recherche de nourriture.

Ce ne fut pas bien complexe, même si je ne connaissais pas le quartier : il suffisait de suivre les bruits qui provenaient du supermarché. Une bande d'humains semblaient s'amuser à piller le bâtiment à grand renfort de cris de joie. Lorsque je m'approchais, et me maudissais de ne pas avoir pensé à prendre des jumelles dans mon attirail, je fus surpris par une main qui se posa sur mon épaule.

Je suis ZOù les histoires vivent. Découvrez maintenant