Chapitre 10 - Début du Voyage

156 17 2
                                    


Même si ce que je venais de proposer ressemblait de très prêt à un plan de sauvetage, je trouvais qu'il y avait tellement de possibilités d'échec que j'étais un peu mal à l'aise de le proposer au groupe. Si le blindé ne démarrait pas ? Si son réservoir était vide ? Si, au final, Gus avait vu les choses faciles et qu'il n'était pas capable de conduire cet engin ? Si nous ne pouvions pas tracer notre chemin entre les cadavres de voitures sur l'autoroute ?

Tout ceci me minait le moral quand je me retrouvais devant l'assemblée des survivants. Un carnaval bizarre d'où j'avais exclu les plus dangereux membres pour mon propre bien. Seulement, maintenant, ils allaient peut-être nous manquer. Le calcul était vite fait : ils auraient mis les personnes que j'avais devant moi en danger plus que je ne pourrais jamais le faire.

La lumière du dehors commençait à baisser. Dans trois quarts d'heure, les zombis seraient redevenus des statuts immobiles. Je me mordis la lèvre en m'apercevant que j'avais oublié de demander à Stephen si les mutations de Z étaient aussi photosensibles que les zombis de base. J'allais devoir improviser en supposant que c'était le cas.

Tous me regardaient comme si je devais faire le discours qui me mènerait invariablement au poste de Président des États unis. J'allais me contenter de tenter la place de chef de groupe et de définir un moyen pour sortir tout ce petit monde de cette belle panade.

Outre Térence Liam, mon seul ami, Lloyd Curry, le joueur de basketball et Gus Woodlard, il y avait six autres garçons : Russell Boyd, le capitaine de l'équipe de Hockey, qui semblait plutôt calme et qui tentait de faire passer son flegme — d'une lointaine ascendance britannique — au reste du groupe, Ronald Roff, assez petit pour ses quinze ans et à la dégaine gothique, Wilton Jackson, Afro-américain, plus métis que Lloyd et qui semblait n'avoir pas dormi depuis des jours, puis les plus jeunes : Ernest Boudreaux, Julian Tucker, qui devaient avoir une douzaine d'années, et finalement John Brookins, un petit noir aux yeux perdus qui ne devait pas avoir plus de dix ans.

« J'espère que vous avez toutes et tous pris le temps de vous rafraichir sous la douche, j'ai peur que ce soit nettement plus complexe la prochaine fois. Je suis désolé des choses qui vous arrivent, et je sais que vous allez avoir un peu de mal à me faire confiance, c'est pour cette raison que j'ai demandé à Lloyd et à Gus de faire les intermédiaires. D'abord, je vais tenter d'être le plus claire sur ma situation.

Je repris ma respiration. Je savais que mes yeux gris métallisés n'allaient certainement pas aider à calmer leurs appréhensions.

– Je ne suis pas mort, au sens propre du terme, je suis en cours de mutation par un dérivé du virus qui a zombifié les adultes. On a testé sur moi la version inactivée du virus Z qui devait me vacciner contre l'épidémie, malheureusement, ça n'a pas réellement fonctionné comme prévu et j'ai subi des effets secondaires qui ressemblent à ce qui est arrivé aux autres, là dehors.

Un silence de mort s'était fait dans la pièce. Je pris le temps de détailler le groupe. Pour les filles, je connaissais déjà Olivia Sparks, qui se trouvait être une de mes camarades de classe et Amélia Mitchell, Mademoiselle Hargneuse, mais qui semblait être l'une de celles qui pourraient cimenter le groupe de par son caractère. Dortha Landry, la fille aux yeux délavés, tenait dans ses bras la plus jeune du groupe Sarah Henri, une délicate métisse aux yeux légèrement bridés et à la peau noire. Elle semblait avoir beaucoup pleuré. Diane Buchana, Kathryn Roland, Grace Fortner, Nancy Donnell, Celina Hewitt formait le reste du groupe.

– Je souhaite être le plus transparent possible. Térence, ici présent, pourra confirmer ce que je vais vous raconter sur moi. J'étais un peu particulier avant que je ne devienne cette... chose... que vous avez en face de vous. J'ai été blessé à la tête quand j'étais petit, ça a provoqué un développement important de mon cerveau, mais je suis devenu insensible aux émotions. Je n'ai donc aucun remords pour ce que j'ai fait jusqu'ici.

Je suis ZOù les histoires vivent. Découvrez maintenant