XII ~ Discussion ~

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     Je tressautais souvent ; à chaque fois je refermais mes bras sur son torse, apeurée par l’idée de tomber. Dans ce silence où seuls les sabots du cheval qui frappaient le sol le troublaient, il me demanda :
— Vous allez bien ?
— Oui, mais comme tu le sais déjà, j'ai toujours aussi peur de tomber…
— Je comprends… Vu que vous êtes tombée plus jeune, il est dur d'y renouer contact.
— Oui, acquiesçai-je. C'est grâce à toi que je commence à avoir moins peur.
— Je suis content de pouvoir vous aider…
   Je souris en sentant le vent souffler sur ma peau et dans mes cheveux, les gonflant et les soulevant gracieusement. Jellal tourna brusquement à droite avec son destrier, me faisant crier et m’accrocher à lui. Il le fit trotter en s'excusant :
— Désolé, je ne voulais pas vous faire peur.
   Il posa sa main sur la mienne pour me la prendre, guidant l’étalon de l’autre. Je lui répondis :
— Je te pardonne.
   Je caressai doucement son thorax, et sans le vouloir, je glissai furtivement mes doigts sous sa chemise. J'avais senti une peau chaude, douce et dure. Il rit tendrement :
— Évitez de me peloter quand même…
— Je n'ai pas fait exprès, rougis-je.
— Ça reste à réfléchir, murmura-t-il en s’arrêtant devant un muret. On va sauter, accrochez-vous bien.
— Sauter ? m'épouvantai-je.
— C'est le seul moyen pour sortir sans se faire voir, me répondit-il en faisant courir son cheval.
   Je me cramponnai à lui, fermant les yeux d'appréhension. Quand l'animal bondit, je criai. J'avais eu cette étrange sensation de voler. D’être légère. De valser comme une plume, partenaire du vent. Quand nous atterrîmes finalement sur le sol, je fus rassurée. Il me questionna :
— Alors ? Vous allez bien ?
— Oui, mais je me passerais de ces sauts. J’ai eu assez peur, lui avouai-je en baissant la tête.
— Ne vous inquiétez pas, nous allons trotter tranquillement désormais.
— Tant mieux, soupirai-je en frottant doucement ma tête contre son dos.
— Vous me faites frissonner…
— Vraiment ?
— Vraiment.
— Je n'aurais pas cru.
— Et donc comme cela, vous avez parlé de moi ?
— Évidemment. Tu as été le seul sujet de discussion d'ailleurs.
— Puis-je en connaître les raisons ?
— À quoi cela t'avancerait ? répliquai-je.
— À comprendre.
— Hum, disons que tu es très important pour moi…
— C'est-à-dire ?
— Tu dois bien savoir, ne fais pas l'ignorent.
   Il resta silencieux, ayant fait accélérer la cadence du cheval qui martelait désormais le sol des sentiers de la forêt. Il répondit enfin :
— Plus ou moins…
— Et toi ?
— Moi ? s'étonna-t-il.
— Qu'en penses-tu ?
— Et bien… La cartomancienne a dû vous expliquer, non ?
— Je veux que tu me le confirmes.
— Erza… Comprenez bien, je suis gêné de parler de cela.
— J'ai besoin de savoir…
— Je le sais bien mais… Attention, baissez la tête !
   Je m'exécutai rapidement pour éviter une branche. Je repris :
— Mais ?
— C'est… cela me gêne, me perd, vous ne pouvez imaginer à quel point…
   Je baissai les yeux, ne sachant plus quoi répondre. Il ne voulait pas, voilà ce dont j'avais l'impression.
— Erza, je suis désolé si je vous fais de la peine présentement, ce n'est pas mon but.
   Je restai silencieuse ; il me prit doucement la main :
— Vous n’avez pas de larmes, j’espère ?
— Je ne suis pas une pleurnicharde ! répliquai-je sèchement.
— Excusez-moi, je voulais simplement vous demander si vous alliez bien…
— C'est moi, désolée.
   Il arrêta brusquement sa monture. Je regardai par-dessus son épaule et j'y découvris une petite clairière. Il me demanda :
— Qu'en pensez-vous ?
— C'est bien. Cela te convient ?
— Oui.
— Alors installons-nous ici, conclus-je.
   Il descendit en premier ; je passai une jambe pour me retrouver assise en amazone, puis Jellal me prit délicatement dans ses bras pour me déposer sur le sol. Ce retour à la terre ferme me rassurait. Il attacha la bride du cheval à une branche et nous marchâmes dans les herbes, les écrasant pour produire un bruit de froissement, nous observant du coin de l'œil. Jellal s'installa sur un tronc d’arbre et il me proposa du regard de m'asseoir à ses côtés, ce que j’acceptai. Nous restâmes silencieux à écouter les nombreux bruits de la forêt. Ce soir-là, la lune brillait bien, nous procurant une agréable et lumineuse lumière.
   Soudainement inspirée, je commençai :
— Nous devions discuter…
— Cette sieste, n’est-ce pas ?
— Oui.
— Ces baisers que je vous ai donnés… Je voulais simplement en faire un petit au départ, mais je n'ai pu me contrôler après avoir touché votre délicieuse peau. Je m'en excuse.
   Surprise, ne m'attendant pas à ce qu'il me dise cela, je tournai la tête et l’abaissai. Je finis par lui murmurer :
— Je pensais que je n'avais pas été la seule à y éprouver des sensations inqualifiables. Tes baisers sont addictifs, je pensais en avoir à nouveau, mais je me suis trompée d’après ce que j'entends.
   Me rendant compte de mes mots, je rougis, attendant sa réponse. À ma grande surprise, il me prit la main afin de l'embrasser, remontant le long de mon bras doucement en me regardant dans les yeux profondément. Mes joues rosissaient de plus en plus, c'était incontrôlable. D’agréables frissons serpentaient mon dos, surtout lorsqu’il arriva sur mon épaule. Il déposa un tendre baiser dans mon cou, faisant battre mon cœur plus rapidement. Puis, il en glissa un derrière mon oreille avant de chuchoter à celle-ci :
— Je ne pensais pas connaître quelqu'un comme vous, de si unique. D'habitude, les princesses sont arrogantes, mais vous, vous êtes différente.
   Je le regardai timidement, venant de légèrement tourner la tête vers lui. Je baissai les yeux, incapable de soutenir son regard. Je sentis alors sa main chaude se poser sur mon dos ; il n'osait pas faire plus. Je me rapprochai donc de lui jusqu’à ce que nos jambes se touchent et là, il m'enlaça, me collant doucement à lui. Je passai rapidement mes bras autour de son torse et je posai ma tête sur son épaule, apaisée. Alors que la chaleur commençait à m’enivrer, je le sentis m'embrasser dans le cou tendrement, me donnant des frissons.
   Le vent se leva alors, et je me mis à trembler dans ses bras. Tel un gentleman, il posa sa veste sur mes épaules. Je bafouillai :
— Oh merci… Mais tu vas avoir froid…
— Non, ne vous inquiétez pas, me rassura-t-il.
   Avec un regard d'abord méfiant, j'enfilai ses manches trop longues, remarquant que sa chaleur était encore présente. Rapidement, je l’enlaçai à nouveau, me sentant mieux. Je baillai doucement en refermant les yeux :
— Vous êtes fatiguée, il vaut mieux rentrer.
— Nous venons d’arriver…
— Je sais ; je resterai un peu avec vous avant que vous vous endormiez si vous le voulez. Ça vous va ?
— Oui.
   Accord fait, nous remontâmes et repartîmes au petit galop. Étant à moitié endormie, je réagis à peine lorsque nous sautâmes. Nous arrivâmes à l’écurie ; Jellal le dessella et lui retira sa bride pendant que mes yeux se fermaient tout seuls, m'étant assise sur une botte de paille. Il s’avança vers moi après avoir rentré le cheval :
— Vous vous endormez…
   Il me prit dans ses bras délicatement ; ma tête glissa instinctivement sur son épaule. Tandis qu'il marchait, je me forçais à garder les yeux ouverts, curieuse. Dans les jardins qu'il contourna, je voyais les nobles discuter. Il réussit néanmoins à entrer sans être remarqué et il monta rapidement les escaliers. À l’étage, il entra dans ma chambre sombre qu'il referma derrière lui. Je soupirai lorsque mon dos s'enfonça dans mon agréable et moelleux matelas. Il m'interpella :
— Erza ? Vous avez la force d'enlever vos habits ?
— Je crois, murmurai-je en me redressant.
   Grâce à la lumière lunaire, il reprit sa veste, défit adroitement les fermetures avant de retirer délicatement ma robe. Il la posa sur la chaise et enleva mes chaussures. Il remonta ensuite la couverture jusqu’à mes jambes, puis il prit mes bijoux qu'il rangea dans mon boîtier pour finalement s’allonger à côté de moi de la même façon que la dernière fois.
   Je me nichai dans ses bras, le visage dans son cou. Je le sentais m'enlacer affectueusement, me faisant sourire de bonheur. Il m’embrassa alors tendrement sur le front en me chuchotant :
— Dormez bien, faites de beaux rêves.
   Pour toute réponse, mes bras se resserrèrent sur son corps, n'arrivant pas à le laisser. Pourtant, rapidement, je tombai dans le sommeil, épuisée par cette journée forte en émotions : l’amour particulièrement.

De l'Amour à la Cour [Jerza] | TERMINÉE |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant