J'avais fini par me coucher sur le lit, plus confortable pour mes épaules et dos douloureux que je peinais à bien bouger. Un énième soupir quitta mes lèvres en entendant les moqueries et insultes à travers la porte que deux gardes surveillaient : jamais je ne serais laissée dans le calme, à présent.
J'avais tenté de me reposer un peu, en vain : trop d'affaires m'inquiétaient. Je ne savais dans quel état se trouvait Jellal, par ma faute. Je craignais plus que tout qu'il se fasse torturer, or, c'était une évidence avec les souverains qui nous détestaient. Il devint certain que la fugue n'était plus qu'un rêve lointain, et que je me retrouverais enchaînée à cet Auguste répugnant. Je savais le sort m'étant réservé, et déjà je tremblais au vu des futurs coups et attouchements. Sans doute, je mourrais sous ses mains, faute d'avoir péché, n'est-ce pas ?
On m'apporta un maigre repas ; la servante s'excusa en m'offrant le plateau, tête inclinée :
— Pardonnez-moi, princesse, Sa Majesté refuse de vous donner plus que ces morceaux de pain et cette pomme.
— Merci de ne pas me traiter comme les autres... finis-je par sourire avec douceur. Dis-moi, l'interpellai-je, as-tu des nouvelles de Jellal ?
La jeune femme secoua sa tignasse blonde, les yeux bleus ne laissant transparaître qu'innocence :
— Malheureusement non ; je tenterai d'écouter quelques histoires pour vous les raconter.
— Je te remercie du fond du cœur.
— Je me dois de vous aider, princesse : c'est Jellal qui m'a permis d'intégrer les domestiques du château ; sans lui, je mendierais encore dans la rue... m'avoua-t-elle, honteuse.
Jellal était si bon : il ne méritait pas le sort qui lui était réservé. Élisa finit par s'éclipser, plateau vide en main : j'avais peu mangé, faute de faim, mais gardé le reste dans mes provisions qui n'avaient pas été découvertes. Je jetai un œil aux jardins et observai les nobles discuter en riant, sans doute de moi. Je m'écartai des fenêtres en partie brisées, préférant éviter d'être vue après cette histoire.
De nouveau assise sur le lit, je ne sus que faire : Père ne semblait plus que ressentir du dégoût pour moi. J'aimerais imaginer qu'il vienne à moi pour me pardonner, passant ses grosses mains chaudes sur mon front, mais ce n'était qu'un rêve aussi. J'avais pensé à amoindrir les faits en racontant mes mésaventures avec Auguste, mais j'avais bien été battue aujourd'hui : on ne distinguerait plus ses marques des leurs. Par ailleurs, peut-être penseraient-ils que j'avais inventé cette histoire ? Ou encore, décideraient-ils – en admettant qu'ils veuillent bien croire à mes mots – que ce châtiment serait mérité ? Je ne voyais plus aucune issue.
Je commençai à marcher en silence dans la pièce, tournant en rond, à la recherche d'une solution, mais c'était peine perdue. Angoissée, mon ventre me tiraillait tant que je dus m'asseoir pour calmer ces nausées. La chaleur à la tête, je ne pus que m'allonger et passer la nuit sans réfléchir, yeux grand ouverts sur le noir.
Le lendemain, ce ne fut pas Élisa qui apporta mon déjeuner, mais un homme qui me regardait de manière hautaine : sans doute n'étais-je plus que rien à ses yeux, désormais.Torturée par mes pensées, épuisée par cette nuit sans sommeil, je me mouvais avec toute la peine du monde, le corps lourdaud. Les sons semblaient lointains et résonnaient trop souvent. Le simple fait de penser me provoquait de terribles douleurs au crâne ; que j'aimerais dormir un moment, pour reposer cet être et esprit malmenés, mais en vain, la poitrine était trop compressée.
Lorsqu'Élisa entra dans la chambre, je me relevai si précipitamment que je faillis chuter ; voix faible, yeux cernés de noir, j'observais la jeune servante avec anxiété :
— Rapporte-moi de bonnes nouvelles, je t'en prie...
Ses cheveux blonds s'affaissèrent en avant suite à l'inclinaison de son front pâle :
— Pardonnez-moi, princesse, je crains qu'elles ne vous déçoivent...
Cœur battant, j'écoutais avec douleur :
— On lui donne à peine de quoi se nourrir, et je le sais torturé...
Trop épuisée, je ne sus retenir mes larmes de peine et culpabilité : ce qui survenait était une fois de plus de ma faute. Je me laissai glisser sur le sol, en proie au désespoir : je ne pouvais rien pour l'aider et le sauver. Nous étions deux condamnés dans cette histoire, et tout cela par ma faute.
Élisa me fit promettre que je mangerais un peu et que je me reposerais : j'avais accepté, mais en réalité je m'en sentais incapable, la tension étant à son comble. J'imaginais sans cesse Jellal blessé, en sang, hurlant, et je pleurais continuellement, irritant mes yeux que je frottais avec vigueur.
Lentement, j'avalai un morceau de pain, puis croquai dans la pomme, mais plus rien ne semblait avoir de goût. Sous mes paupières lourdes, je me couchai, et de fatigue seulement je m'endormis et me réveillai au petit matin, le dix avril, la veille du mariage. Nous devrions fuir durant la soirée, mais tout était anéanti.
Sans émotions, je laissai les servantes me laver pour le mariage, s'entraîner à me maquiller et me coiffer pour palier aux derniers détails. Ma vie ne serait bientôt plus qu'une torture, mais jamais aussi douloureuse que celle que vivait mon pauvre Jellal. Dans quel état se trouvait Lydia, d'ailleurs ? Mon entourage était dévasté, cela par ma faute.
Craintive, je me couchai dans le lit, toute roide. J'aurais aimé que Père – Sa Majesté, plutôt – vienne me parler la veille de ce mariage détestable pour me rassurer, m'encourager, mais plus jamais je n'aurais droit à son regard noisette qui avait toujours su être doucereux.
Je poussai un soupir plaintif, larmes aux yeux, et me rappelai que demain je reverrais Auguste, que derrière ses sourires et paroles courtoises se cachait le Diable en personne, prêt à me tuer pour un simple plaisir. Je tremblais un peu, à la simple idée de le revoir, et mon cœur rata un battement en entendant la fenêtre être violemment poussée.
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Troisième chapitre en peu de temps !
On avance, on avance !
Alors, des idées pour tout ça ?
On se voit au prochain chapitre, je suis inspirée !
/update/ je vais dodo...
J'ai l'impression qu'on passe un peu vite sur ce chapitre, pas vous ? Il manque un truc
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De l'Amour à la Cour [Jerza] | TERMINÉE |
FanficUne princesse maladroite et couronnée reine sous peu. Son valet aimable et parfois trop courtois. Leurs sourires qu'ils se renvoient furtivement. Les lèvres de la belle qui cherchent à obtenir leur premier baiser en se scellant à celles du serviteur...