Vivement redressée, je ne compris pas tout de suite et restais immobile, sous l'ébahissement. Pourtant, je ne rêvais pas. C'était bien lui et ses cheveux bleus, Jellal, qui s'introduisait silencieusement dans ma chambre, marchant en ma direction. Je me relevai avec précipitation pour prendre ses mains tièdes, les serrer avec force, et observer ses émeraude brillantes.
— Tu es là, chuchotai-je en glissant mes doigts sur son torse, puis ses joues chaudes.
— Je suis là, répondit-il avec le plus tendre des sourires.
— Mais... comment...
— Je vous raconterai cela après notre fugue ; vous ne l'aviez pas oubliée, j'espère ?
Des larmes perlèrent les coins de mes yeux, et je ne pus que l'enlacer avec force. Peu après, les sacs en main, ma robe changée pour une des deux plus pauvres, nous approchâmes de la fenêtre : il avait grimpé avec des lierres.
— Comment allons-nous descendre ?
L'étage était haut et j'étais faible : cette composition ne donnait rien de bon. Jellal se pencha en avant :
— Accrochez-vous bien, et tout ira bien.
— Mais...
— Vous êtes légère, ne craignez rien, me rassura mon valet en saisissant ma main.
Angoissée, je grimpai sur son dos en prenant garde à ne pas le blesser : je n'avais pas oublié qu'il avait été torturé, ayant par ailleurs vu quelques unes de leurs traces sur ses bras et visage, bandés à certains endroits. Bras enroulés autour de son cou, jambe suivant la forme de sa taille, je me cramponnais à lui, ma vie en dépendant. Jellal descendit avec prudence, se rapprochant peu à peu de la terre où nous attendaient trois sacs.
Arrivés sans encombres, je poussai un soupir et pris nos biens et sa main : nous marchâmes en silence jusqu'aux écuries où nous attendaient deux chevaux attelés, prêts à être montés, mais également Lydia et la Comtesse de Grisemot.
Yeux grand ouverts, stupéfaite, j'enlaçai chacune d'elles, les remerciant : je me doutais qu'elles y étaient pour quelque chose. Peu après, la mère serra Jellal avec force :
— Sois prudent, mon garçon, sois prudent... s'il survient quelque affaire, envoie-moi un message, signe-le par "Dauphin" ! lui manda-t-elle, je ferai mon possible pour t'aider !
Jellal hocha la tête et lui offrit un long baiser sur le front :
— Tout ira bien, maman...
— Surtout, garde bien précieusement ton collier ! C'est ton père qui te l'a offert !
— Promis, maman.
Elle attrapa le fil doré et observa le pendentif en forme de dauphin avec un doux sourire, puis l'embrassa une dernière fois avant de nous regarder monter, quelques larmes aux yeux. Nous les saluâmes en partant au trot, nous dirigeant vers le mur que nous franchissions si souvent. Une fois de plus, je fermais les yeux tandis que l'étalon sautait avec fermeté ; Jellal m'applaudit une fois arrivée de l'autre côté :
— Continuons !
Nous prîmes ainsi le sentier principal, au galop, bien que je ne me penche en avant pour éviter les branches, ressentant mieux le vent et l'air gelé contre ma peau. Je me rendis rapidement compte que ma robe n'était pas tant épaisse que cela, et je gelais tout en avançant. Nous ne parlions pas, sans doute trop absorbés sur le chemin, à guetter le moindre bruit suspect : personne n'avait remarqué ma fuite, tout était étonnamment trop simple. Peu après, nous arrivâmes au croisement avec l'arbre brûlé, et nous prîmes la droite. Nous finîmes par nous arrêter devant un gros arbre d'où pendait une échelle de corde usée, effilochée par endroits.
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De l'Amour à la Cour [Jerza] | TERMINÉE |
FanfictionUne princesse maladroite et couronnée reine sous peu. Son valet aimable et parfois trop courtois. Leurs sourires qu'ils se renvoient furtivement. Les lèvres de la belle qui cherchent à obtenir leur premier baiser en se scellant à celles du serviteur...