XXVI ~ Baiser ~

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   Je bâillai doucement, et un sourire naquit sur mes lèvres lorsque je me rendis compte que Jellal me serrait toujours dans ses bras. La curiosité poussa mes yeux à s’ouvrir : je me trouvais face à son beau visage.
— Erza… chuchota-t-il.
— Chut… Ne gâche pas ce moment…
   Ses lèvres se refermèrent, et il me lança un regard rempli d'amour, rougissant légèrement. Sa main brûlante remonta le long de mon bras pour se poser sur ma joue qu'il dégagea de mes mèches écarlates, et sans que je ne comprenne immédiatement, il s’approcha. Mes yeux, après s'être écarquillés, se fermèrent et mes lèvres rejoignirent enfin les siennes. C’était une sensation unique et délicieuse : un premier baiser chaud, tendre, léger, à peine appuyé, la respiration irrégulière et brûlante… Le monde semblait s'évanouir autour de nous. Nous nous écartâmes dans un infime bécot, avant de nouveau nous embrasser, plus promptement cette fois. Les baisers fusèrent, vifs et courts, jusqu’à ce que nous nous écartâmes. Ses joues étaient chaudes, ses lèvres rosées et brillantes, et il souriait :
— Comme je vous aime... Je me rends enfin, Erza, je suis à vous…
— Ce qui signifie… bredouillai-je.
— J'accepte. Je vous confie que cela m’angoisse, soupira-t-il, mais je ne peux plus lutter contre vos charmes… Soyons discrets, aimons-nous en secret....
   Mon cœur bondit, et heureuse, je souriais à en pleurer.
   Après les premiers éclats de joie estompés, Jellal reprit ma main, sérieux :
— Ma princesse, que comptez-vous faire pour votre mariage ?
— Nous en parlerons plus tard, s'il te plaît… Je ne veux pas y penser maintenant… soupirai-je.
   Il laissa un baiser sur mon front à travers mes mèches de cheveux pour réponse. Recroquevillée entre ses bras, je me sentais bien. J’avais cette incroyable sensation que rien ne pourrait ternir ce bonheur dans lequel je nageais. Tous mes soucis semblaient avoir disparu, et seule la joie pouvait m'attendre.
   Jellal se releva en douceur :
— Je vais chercher votre petit-déjeuner.
   Je hochai la tête avant de rattraper son visage ; intimidée, je lui demandais un baiser du regard qu’il m'offrit tendrement. Il revint peu après ; je mangeai mieux que d’habitude :
— Vous avez faim ? m'interrogea-t-il en souriant.
— Oui, je me sens mieux, murmurai-je avant de terminer ma pomme.
   Ensuite, je reçus la visite du médecin qui me permit de sortir aujourd’hui, à mon grand contentement. Une fois prête, Jellal m’accompagna aux jardins, et particulièrement dans la roseraie. Entendant des pas, nous préférions éviter de parler ; seuls nos regards brillants et furtifs communiquaient.
— Oh, Erza, tu peux donc sortir ! s'exclama Mère derrière moi.
   Je me retournai avec un sourire crispé en observant de nombreux nobles la suivre :
— En effet. Comment vous portez-vous ?
— Bien, vas-tu mieux ?
— Oui, répondis-je simplement.
   Elle eut alors une grimace en observant Jellal :
— Je vois que… ton valet, est présent.
   Je serrais les dents :
— Oui, dans le cas où je me sentirais mal.
— Tu ne veux pas un nouveau serviteur ? s'osa-t-elle de demander, yeux à demi-plissés.
— Non.
   Mère sembla contrariée ; elle fit une révérence à laquelle je répondis, puis partit, la cour derrière elle.  Nous attendîmes quelques instants avant de nous observer, inquiets. Je parlai la première :
— Je pense que Mère ne te laissera pas serein et qu’elle te mettra des bâtons dans les roues…
— Sans doute, soupira-t-il.
   En me voyant baisser les yeux tristement, mèches obstruant ma vue, Jellal s'agenouilla immédiatement devant moi, tenant mes doigts :
— Je resterai, ma princesse.
— Ne te mets pas en danger… lui demandai-je en tenant fermement ses mains, promets-le-moi…
   Il sembla embarrassé, sa mâchoire se crispant, mais il releva la tête avec des yeux brillants :
— C'est promis.
   Nous marchâmes encore un peu dans les allées que je connaissais par cœur :
— Comme cet endroit me lasse, soupirai-je.
   Je jetai un regard envieux vers les cimes des arbres que je pouvais apercevoir malgré les murs : que la Nature était belle ! Si seulement l’Homme cessait de se l'approprier… Il la transformait, la détruisait, l'enlaidissait : il était si mauvais… ne pouvions-nous pas vivre à ses côtés, sans chercher à la dompter ?
— Vous êtes rêveuse ?
— Oh, oui, bredouillai-je en entendant sa voix, la nature est fascinante…
— Souhaitez-vous sortir ce soir ?
— Avec plaisir ! souris-je en me retournant vers lui.
   Jellal sembla apprécier l’étincelle de vie qui émergea de mes prunelles, et heureux, il attendit minuit avec autant d’impatience que moi. La nuit venue, nous partîmes main dans la main vers la roseraie où nous prîmes place sur un banc. Jellal prit doucement mes mains, observant mon visage avec amour :
— Comme je vous aime, Erza…
— Si tu savais comme je t’aime… J'attends ce moment depuis tellement longtemps, soupirai-je avec émotion.
   En voyant mon regard briller, mon valet plaqua un tendre baiser sur ma pommette droite, puis m'enlaça avant de me soulever délicatement pour me poser sur ses cuisses. En amazone, je souriais, mes lèvres proches des siennes d'où s'émanait une chaleur doucereuse qui m’attirait. De tendres et longs baisers nous unirent, et tandis que je reposais ma tête contre son cou, l’enlaçant, Jellal reprit une discussion que j’aurais préféré oublier :
— Erza, qu’allez-vous faire pour votre mariage ?
— Je ne sais… murmurai-je, traits du visage tendus.
— Allez-vous l’accepter ? Que ferons-nous après ? Pourrons-nous toujours nous voir ? me questionnait-il.
— Je l’ignore, Jellal, je l’ignore... J’aimerais ne jamais me marier avec Auguste et m’enfuir pour vivre à tes côtés…
— Vous seriez reniée, ma princesse… me rappela-t-il.
— Mais je vivrais avec toi, et heureuse, répliquai-je en fixant ses prunelles d’émeraude.
— Croyez-moi, ma douce, la misère est une chose terrible… Ne la voyez-vous pas dévaster ces pauvres paysans ?
— Si, bien entendu… Mais cela m'importe peu tant que je peux vivre à tes côtés…
   Jellal glissa ses lèvres sur mon front :
— Misère et Mort y sont maîtresses ; pour votre bien, il vous faut rester princesse et future reine.
— Mais je t’aime… rétorquai-je.
— Et moi aussi, je vous aime… c'est pourquoi je vous veux le meilleur.
   Je fus partagée entre attendrissement et désir de rétorquer : et si le meilleur à mes yeux serait de vivre avec lui ? Lorsque nous rentrâmes et nous allongeâmes, Jellal toujours présent pour mes blessures, je me blottis dans ses bras, pensant. Que ferions-nous face à cet obstacle ? Pourrions-nous continuer de vivre cette liaison enivrante, ou devrions-nous nous séparer face à la réalité ?

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Je suis de retouuur !
Que pensez-vous de ce chapitre ? De la scène du baiser ? J'espère qu'elle vous plaît, perso je suis un peu déçue car j'ai déjà mieux fait !
Néanmoins, contente de vous retrouver !

De l'Amour à la Cour [Jerza] | TERMINÉE |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant