Une fois arrivés, je refusai de dîner, n'ayant pas faim. Je souffrais encore à chaque mouvement, et le souvenir des mains et coups de cet homme ne cessait plus de revenir, me faisant frissonner à chaque fois. Jellal avait froncé les sourcils, mais m'avait laissée une pomme dans le cas où j'aurais faim.
Après avoir dîné, il revint dans ma chambre et se coucha à mes côtés en silence. Je craignais qu'il découvre mes blessures. Je n'osais pas lui raconter, j'avais peur de tant de choses... J'éprouvais tout d'abord de la honte. Honte que cet homme m'ait touchée ainsi, je me sentais salie par ses mains... De plus, connaissant Jellal, il entrerait dans une colère noire, serait capable d'en parler à mes parents et de rejoindre Auguste pour le punir, mais ce "roi" le tuerait sur le champ.
Jellal brisa le silence soudainement :
— Erza, que s'est-il passé ? Vous ne cessez de vous torturer l'esprit pour cette chose que vous me cachez...
— J'étais fatiguée, chuchotai-je en me retournant.
— C'est faux, je vous connais bien, désormais.
Il enroula ses bras autour de ma taille avec délicatesse :
— Je ne suis pas votre valet, mais votre amant, présentement... Mon Erza, dites-moi ce qui vous chagrine...
Je sentais sa respiration chaude contre ma nuque, me donnant des frissons.
— Ce n'est rien... Dormons, je suis fatiguée, mon amour...
Il m'enlaça plus tendrement encore, les lèvres glissées sur la peau de mon cou, ses mains enserrant les miennes.
Lorsque je fus certaine qu'il dormait, ne trouvant le sommeil, je me levai et boitai vers les fenêtres que j'ouvris pour m'y accouder. Une brise garnie de la fraîcheur de la nuit vint à ma rencontre pour effleurer mon visage, dessinant la ligne d'un sourire sur mes lèvres avant qu'elle ne s'effondre. La gorge se nouant, Auguste et ses actes barbares venaient une fois de plus troubler mes pensées. Une grimace détruisait désormais mon visage, et le regard se troublant, je ne voyais plus la lune mais seulement une tache lumineuse difforme. Mes doigts se crispèrent sur la pierre, mon souffle se coupant, mais je ne pus retenir ces terribles sanglots qui étouffaient ma gorge.
Je donnai un coup devant moi, comme cherchant à me venger et combattre mon nouveau démon, mais je ne croisai que le vide froid. Ainsi, lentement, je glissais vers le sol, adossée au mur, prenant la tête douloureuse entre mes mains. Regardant Jellal, je n'eus qu'un envie : qu'il m'entende pleurer et vienne me réconforter, mais ce réveil n'arriva jamais.
Tremblante, je fermai les fenêtres et retournai me coucher dans ses bras où je cherchais chaleur et tendresse, épuisée par les larmes.
J'avais attendu le marchand de sable, mais il n'était jamais venu à ma rencontre, semblant me punir de sommeil. Aux premiers rayons de soleil, je bougeais dans les bras de Jellal, ayant à la fois l'envie de le réveiller et de lui parler, mais aussi de simplement le contempler dormir. Je finis par calmer mes mouvements pour me recoucher près de lui, et enfin, je m'endormis, comme si la nuit n'avait été que l'antre de mes cauchemars.
Je me réveillai aux alentours du déjeuner, dans les bras nus de mon valet. Me sentant encore fatiguée, je replaçai mon visage sous son menton chaud à l'allure protectrice. À mon mouvement, il me serra plus fort contre lui et glissa un baiser d'amour sur mon front.
— Reposez-vous, chuchota-t-il doucement, je vous sens fatiguée.
Je dormis encore quelques heures, mais me réveillai sans Jellal. Je l'attendis une longue heure, et il était revenu avec un plateau. Je mangeai moins bien que d'habitude, le ventre encore noué.
— Vous avez mal dormi, me fit-il d'abord remarquer.
— Euh... oui... avouai-je avec un sourire gêné.
— Serait-ce à cause d'événements s'étant déroulés hier ?
Je fronçai les sourcils d'une manière que je ne sentais pas naturelle :
— Non, il ne s'est rien...
— Erza, me coupa-t-il, si vous étiez si fatiguée que vous l'avanciez hier, vous n'auriez pas eu toutes ces difficultés à vous reposer. J'en déduis donc qu'il s'est passé quelque chose d'assez perturbant pour troubler autant votre sommeil.
Je n'avais aucune réponse à lui servir : Jellal était plus que futé, je l'avais remarqué à de nombreuses occasions, et une fois encore, il me le prouvait.
Il s'avança et s'installa à mes côtés pour reprendre d'une voix plus douce :
— Je déteste vous voir dans un état pareil... Erza, parlez-m'en, je vous en prie...
Il glissa une main chaude sur la mienne, faisant relever mes yeux vers les siens un instant. En un instant également, je renonçai à parler et glissai simplement le front contre son torse, écoutant son cœur battre plus vite une fois contre lui.
Jellal finit par me proposer :
— Voulez-vous rencontrer les paysans ?
— Oh, oui...
— Vous penserez à autre chose, ainsi...
J'acquiesçai. Habillée de la robe la plus sobre possible, ayant demandé à le faire seule pour qu'il ne remarque rien, je pris de nombreuses pièces d'or et de vivres, Jellal portant ces sacs à cheval. Je le suivais au trot, quatre gardes nous escortant encore...
Arrivés dans un petit village, je fus directement reconnue par les paysans qui me saluèrent avec de grands sourires : j'étais l'unique membre royal qui allait à la rencontre de ces villageois pour leur venir en aide.
Je descendis et les embrassai un à un, prenant des nouvelles de chacun, et jouant avec des enfants en riant. J'aimais beaucoup ces personnes. Elles n'étaient ni hypocrites ni hautaines, franches et très ouvertes à mon égard. J'offris à chaque famille de l'or et des vivres, équitablement, et on vint m'embrasser et me remercier avec des larmes aux coins des yeux. Ce que je leur offrais représentait peu pour moi, mais à leurs yeux, c'était une richesse inestimable, alors si je pouvais leur permettre de mieux vivre en leur donnant un peu chaque mois, je le faisais avec joie.
Dans les éclats de voix joyeux, un vieil homme vint à ma rencontre :
— Eh bien, princesse ! On a eu vent de vôt' mariage ? C'est où donc ?
— Le royaume d'à côté, celui d'Auguste de Dauphiné, murmurai-je avec un sourire douloureux.
— Oh, celui-là ? J'ai entendu de bien méchantes affaires !
J'écarquillai les yeux d'intérêt, tout comme chacun d'entre nous :
— Racontez-nous, s'il vous plaît...
— J'ai entendu dire qu'il n'aurait jamais dû être roi !
— Pardon ?
Je me trouvais soudain embrouillée.
— C'était un simple bourgeois, un de ces hommes qui regarde des œuvres et dit bien haut ses critiques acerbes, mais surtout un apprenti docteur ! Eh bien, continua-t-il, il a un jour mené une petite révolution et s'est emparé du pouvoir par coup d'État ! On raconte que la famille royale a été torturée dans les cachots dans d'affreuses circonstances...
J'acquiesçai simplement, boule à la gorge, encore choquée : le tableau me montrait de nouveaux détails et l'enlaidissait encore...
— Je vous ai pas mise mal ? Dites-moi ?
— Oh, non, souris-je de gêne, je n'attendais rien de cet homme.
Après encore quelques discussions plus joyeuses, nous repartîmes vers le château en silence. Dans la chambre, Jellal m'avoua, le regard anxieux :
— Je n'ai pas envie qu'il vous blesse, Erza... Ces histoires m'inquiètent encore plus...
Il m'avait déjà blessée... Suite à hier, je craignais encore plus le mariage approchant... Plus seulement car j'aimais Jellal, mais surtout parce que je craignais pour ma vie. Je savais qu'il avait la force de me tuer... J'aimerais être sauvée comme nous avions sauvé la Comtesse... J'aimerais que Jellal soit mon chevalier et vienne sauver la vie de la princesse face à ce monstre qu'était Auguste...~~~~~~~~~~~~~~~~~
Hello ! Que pensez-vous de ce chapitre ? Et de ces nouvelles informations sur Auguste ? ^-^
Alors, c'est peut-être le dernier chapitre que je publie sur cette histoire, puisque je pars normalement le 1er et que ce week-end va être un peu chargé x) !
Petit + : Je reviens le 16. J'ai commencé une histoire Zevis courte style "Insomnie d'amour" que je publierai après le 16 si terminée !
J'essaierai d'écrire pendant les vacances, mais rien n'est promis x) !
Si je ne vous revois pas ici avant le 1er, eh bien à bientôt ! ❤
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De l'Amour à la Cour [Jerza] | TERMINÉE |
FanfictionUne princesse maladroite et couronnée reine sous peu. Son valet aimable et parfois trop courtois. Leurs sourires qu'ils se renvoient furtivement. Les lèvres de la belle qui cherchent à obtenir leur premier baiser en se scellant à celles du serviteur...