XX ~ Chute ~

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   Lorsqu'elles disparurent de ma vue, je me sentis tremblante. Que faire ? Que dirait Jellal ? Un scénario me fit froid dans le dos : et s'il était jeté aux cachots pour manigances ? Interdit de me voir ? Changé de fonctions, ou de palais ? Je ne supporterais pas son absence... Néanmoins, il fallait tout d'abord que je le prévienne... mais où se trouvait-il ?

   Je sortis rapidement de la roseraie, et vis les jeunes femmes marcher, visiblement amusées, vers l'entrée principale du château, donc vers la gauche. En tournant la tête dans la direction inverse, je vis une petite porte qui permettait d'accéder à l'étage du château bien plus discrètement, ainsi que plus rapidement. Jupes relevées que je tenais en les froissant sans doute, je trottinais du mieux que je le pouvais vers l'entrée, et à l'intérieur, je montai les vertigineux escaliers en colimaçon. Arrivée à l'étage, je cherchais sa chevelure bleue du regard, mais il semblait absent.

   Marchant prudemment, écoutant les moindres pas, je finis par décider de l'endroit où je le chercherais : dans les appartements de Lydia, sa mère. Je courus presque jusqu'à la porte, et je toquai d'une manière précipitée, le cœur battant violemment. À mesure que je patientais, je sentais mon ventre se nouer douloureusement : et s'il avait déjà été attrapé ?

— Erza ?

   Je n'avais pas entendu ni vu la porte s'ouvrir tant j'étais absorbée par mes pensées.

— Jellal, nous devons parler, c'est urgent, le pressai-je en le regardant, paniquée.

— Que se passe-t-il ? Entrez, ajouta-t-il en m'ouvrant plus largement la porte.

   À l'intérieur, nous nous assîmes l'un en face de l'autre. Jellal, les mains se prenant, semblait inquiet de mon état.

— Dites-moi, Erza... me demanda-t-il d'une voix faible.

   Malgré la douleur brisant mon ventre, je lui racontai ce qu'il s'était passé, tête basse.

— Je suis désolée... c'est de ma faute... bredouillai-je finalement.

— C'est de la mienne, rétorqua le jeune homme en m'attrapant la main, j'aurais dû être plus discret...

   Je secouai la tête en me mettant debout, sans quitter la main chaude qu'il m'avait offerte.

— Je ne veux pas que l'on te retire de tes fonctions, ou que l'on te blesse, ou quoique ce soit d'autre... lui avouai-je en relevant le visage lentement. Tout est de ma faute... finis-je par soupirer en rebaissant la tête.

— Cessez de raconter de tels propos, Erza. Nous trouverons une solution... Vous ne devriez pas être ici, tout d'abord...

— Je vais partir, pardonne-moi...

— Où ?

— Je ne sais...

   Jellal plissa les yeux, comme cherchant à cerner mes pensées... Précipitée, je sortis sous les prunelles étonnées de mon valet : mes larmes s'étaient mises à doucement couler tant l'inquiétude m'envahissait, engourdissant chaque partie de mon corps.

   En voyant les jeunes femmes patienter devant la salle de trône, je renonçai à l'idée de descendre par l'entrée principale et je pris le chemin inverse à celui que je venais d'effectuer. J'entendis la porte claquer derrière moi : Jellal me suivait :

— Erza ? Où allez-vous ? N'allez pas faire d'idioties !

   Je me retournai brusquement pour croiser son regard émeraude, si proche du mien. Troublée par la profondeur du vert éclatant de ses yeux, je perdis mes mots, et je vis la douceur s'installer dans ses prunelles aussi... Il observa d'un geste soudain à sa droite, vit les duchesses, et il m'entraîna dans les premières marches des escaliers que nous descendîmes rapidement avant de sortir dehors.

De l'Amour à la Cour [Jerza] | TERMINÉE |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant