XVI ~ Veille ~

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Je sentis un souffle chaud glisser sur mes lèvres. Je les entrouvris délicatement, quand soudain, des pas vifs derrière la cloison troublèrent le silence. La personne courait jusqu'à la porte principale, l'ayant ouverte et claquée. Je rouvris mes yeux ; nous nous fixions, inquiets. Il me demanda à voix basse :

— Vous avez entendu ?

— Oui... Cela ne partait pas de très loin... Derrière nous...

— C'est peut-être un espionnage...

— Tu crois que nous avons été vus ?

— C'est possible, soupira-t-il. Bon, nous allons faire en sorte que ce soit une scène anodine.

— Et s'il nous observait depuis un moment déjà ?

Jellal sembla frustré. Il m'avoua :

— Vous avez raison... Nous allons tout de même tenter de les tromper sur ce terrain-là.

J'acquiesçai. Il me murmura :

— Princesse, sachez que je prendrai sur moi, quoiqu'il arrive.

— Tu dis n'importe quoi, lui chuchotai-je doucement. Ce ne sera pris sur personne.

— Qu'est-ce que vous en savez, au juste ?

— J'essaie de positiver pour une fois.

— Donc vous n'en savez rien. Mais bref, je vais remettre votre robe en place afin d'avoir une excuse.

J'acquiesçai et je tournai doucement la tête ailleurs tandis qu'il tripotait je ne sais quoi dans mon vêtement. On avait faillit s'embrasser. Waouh. Vraiment, waouh. Je me remis à rougir, souriant rêveusement.

La porte s'ouvrit brusquement. C'était Mère et des gardes qui l'entouraient. Elle parut étonnée ; elle écarta les soldats d'une main et elle me demanda :

— On m'avait dit que vous vous pelotonniez, tous les deux.

Je secouai la tête, fronçant mes sourcils afin de paraître plus crédible. Elle se tourna vers Jellal :

— Valet, tu voulais seulement réajuster sa robe ?

— C'est exact ; je n'ai jamais pensé à autre chose.

— Je vois, une personne vous a surpris et a crû autre chose. Excusez-moi-en.

— Ce n'est pas grave, je vous comprends, s'inclina doucement Jellal.

— Je voudrais te remercier, valet, d'avoir sauvé ma fille. Tu peux demander ce que tu veux, tu l'auras.

— Je vous remercie, je vais y réfléchir.

— Sur ce, je vous laisse.

Et elle repartit ; quand nous fûmes sûrs qu'elle soit sortie, je me retournai vers lui en lui souriant :

— Tu es rusé.

— Pour vous, je peux tout être.

— Alors, que veux-tu ?

— Des soins pour ma mère seulement, c'est suffisant.

— Tu es sûr ? Tu peux obtenir bien d'autres choses.

— Oui.

— Alors je demanderai à Mère d'appeler le meilleur médecin.

— Je vous remercie, me sourit-il.

— Tu ne veux pas d'argent ?

— Je n'ai rien à acheter... À quoi bon ?

— J'insiste.

— Êtes-vous sûre ?

— Bien sûr que oui.

— Je ne peux refuser votre offre, donc je vous remercie.

Nous nous offrîmes un doux sourire avant que je ne baisse les yeux de gêne. Il me questionna doucement en finissant de resserrer :

— Qu'y-a-t-il ?

— Je repensais seulement à tout à l'heure...

— Oh...

Du coin de l'œil, je le vis légèrement sourire et rougir. Ses bras m'enlacèrent alors doucement ; je rougis brusquement en sentant ses lèvres brûlantes se poser assez tendrement sur ma mâchoire. Qu'est-ce qu'il faisait ? Quand il commença à les presser, je lâchai un timide et léger cri. Je bafouillai :

— J-Jellal...

— Vous n'aimez pas ? me murmura-t-il en prenant ma main pour la caresser.

— S-Si...

Je ne cessais de bafouiller et de rougir ; je ne savais pas comment réagir, haussant mes épaules en frissonnant à chaque baiser laissé. Il souffla doucement sur mon cou, me procurant une agréable chaleur. Je lui confiai timidement :

— Tu me... mm...

— Je vous ?

Je rougis, n'arrivant pas à lui avouer. Je n'y arriverai sans doute jamais. Il me susurra tendrement à l'oreille :

— Vous êtes timide, je vous trouve adorable...

Il me prit délicatement le menton ; nous voilà à nous fixer dans les yeux, bien que les miens aillent de bas en haut sans arrêts, à la recherche d'un autre point à fixer tant c'était gênant. Il sourit plus tendrement en glissant un tendre baiser sur mon front, avant de lui-même m'avouer :

— Je ne suis toujours pas prêt, et je n'ai pas encore assez réfléchi.

— Fais vite...

— Je ne peux rien vous promettre.

Mes yeux se baissèrent tristement. J'attrapai néanmoins le bocal, l'ouvris et pris un morceau de sucre que je présentai devant ses lèvres. Je lui intimai doucement :

— Mange.

— Pourquoi ?

Quand il avait ouvert la bouche, j'avais glissé le sucre à l'intérieur. Tandis qu'il mâchait, je lui expliquais :

— Le médecin m'a demandé de te les donner ; j'imagine que c'est pour reprendre des forces.

Il acquiesça tandis que je lui présentai un autre morceau ; quand il le mangea, ses lèvres et sa langue m'avaient caressé les doigts, me faisant sourire timidement. Par la suite, je m'étais assise à côté de lui, sur son lit. Légèrement allongés, nous discutions en nous dévorant du regard. Tout ce qu'il me disait m'intéressait, et quand il parlait, je craquais seule, pour rien.

Puis, le soir, je l'avais aidé à manger et j'étais encore avec lui, la bougie nous éclairant. Son visage était terriblement attirant dans la pénombre ; on ne voulait que goûter ses lèvres, et c'était ce dont je voulais absolument.

Je baillai plus doucement en reposant ma tête dans le moelleux oreiller, contre la sienne. Je sentis son bras se glisser sous ma taille pour m'enlacer tendrement grâce à l'autre. Mon visage se nicha timidement dans son cou à l'odeur douce ; je soupirai d'apaisement, une main sur son torse brûlant et musclé, sentant ses caresses dans mon dos. Il me massait aussi délicatement la tête, glissant ses doigts entre mes longues mèches écarlates.

— Vous allez dormir ici ?

— J'en ai envie, oui... lui avouai-je en resserrant mes bras sur son corps.

— Et pourquoi ? me questionna-t-il en embrassant doucement mon front, me recouvrant de la couverture chaleureusement.

— Je me sens bien près de toi.

Il y eut un instant silencieux. Il finit par me répondre :

— Moi aussi...

Je souris et collai mon front contre sa joue en entourant doucement sa jambe avec les miennes. Je lui chuchotai :

— Bonne nuit mon Jellal.

— Bonne nuit ma princesse.

Je lui laissai un timide bécot sur la joue ; il m'en glissa un sur le front. Après quelques frottements affectueux, je sombrai dans un profond sommeil réparateur.

De l'Amour à la Cour [Jerza] | TERMINÉE |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant