Utopie 3

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Une Utopie improbable


   Les feuilles violettes des arbres commencent déjà leurs valse d'automne. Les derniers rayons de soleils nimbent le ciel d'une couleur ocre des plus magnifiques. Je respire l'air parfumé. Les doux parfums des nombreuses fleurs embaument la douce brise. Je n'ai pas froid, malgré le vent qui caresse mes longues oreilles. Le tronc contre lequel je suis adossée me parait doux comme de la soie. Je contemple la ville qui s'étale devant moi, du haut de mon perchoir.

Et puis Il arrive, avec ses yeux étincelants et son visage rieur. Ses longs cheveux en bataille encadrent son visage si parfait à mon goût. Des Elfes, j'en ai vu. Mais Lui, Lui Il est unique. Il est ma Perfection, mon monde à moi, mon Utopie. Ses fossettes qui se creusent quand il rit, ses sourcils broussailleux, sa voix d'ange. Ses étreintes sont mon bonheur,ses baisers ma drogue et son rire est ma raison de vivre.

Mon Utopie...

Il s'approche, de sa démarche démarche calme, et me cherche du regard. Je souris, perchée dans mon arbre, à observer chacun de ses traits de visage. Enfin, Il me trouve et me fais un signe de main pour que je descende vers Lui. J'ai une folle envie de me blottir contre son torse, mais je secoue la tête, un air espiègle figé sur les lèvres. Il affiche une mine boudeuse, avant d'entreprendre l'ascension du chêne. J'attends qu'il soit assez près de moi, et je saute d'un bond agile, presque félin. Je me met à courir en riant aux éclats. Ses pas lourds derrière moi résonnent dans mes oreilles comme une mélodie douce dont je ne me lasserai jamais. Sa respiration à peine haletante vient compléter ce rythme entraînant, et son rire plaque les derniers accords.

Les herbes colorées fouettent mes jambes laissées nues par ma robe, freinant à peine ma progression. Les champs qui s'étalent à perte de vue devant moi forment un paysage magnifique, éclairés par le ciel rosé. Je cours encore et toujours à en perdre haleine, me frayant un passage entre arbres ployant sous leurs fruits ou racines entremêlées. Je tourne la tête. Ses joues sont rougies par l'effort, et ses lèvres fines fendues par un sourire éclatant.

Mon Utopie...

Je m'arrête enfin, tentant de retrouver un rythme de respiration normal. Il m'attrape et me balance sur son épaule. Je hurle, surprise.

Alors que je me bat contre lui pour redescendre, j'entends des bruissements de pas dans l'herbe haute. Paniquée, je chuchote à mon compagnon :
<< Lukas, cache toi ! Ils ne doivent pas nous voir ensemble, ou ils nous tuerons ! >>

Il hoche la tête et file dans un buisson proche. Je cherche vite une occupation plausible et me met à ramasser des fleurs en sifflotant. Deux soldats s'approche de moi. L'un, vêtu d'un uniforme rouge sang, appartient au Clan des Elfes du Crépuscule. L'autre porte une tenue bleu azur. Le premier m'interpelle. Je lève la tête, un sourire faux plaqué au visage.

Il me salut traditionnellement en posant une main sur son coeur et en s'inclinant:

<<Elen síla lúmenn' omentielvo>>

Je répond respectueusement à son salut. Il a du reconnaître à mes bijoux et aux broderies qui ornent ma robe à quel rang j'appartiens. De plus, les tatouages qui s'entrecroisent sur mon front sont loin d'être discret...

<< Serait-ce un bouquet pour votre Majestueuse Mère que vous confectionnez là ?
-Oui mon garde.
-Vous avez bien raison de vous adonner de telles activités avec ce temps radieux.
-Puis-je, en espérant de ne pas être trop indiscrète, vous demander ce que vous faites ici, dans de ce champs, qui est au milieu de nul part ? Ne devriez-vous pas prendre soin de ma mère ?
- J'ai eu la vision d'une ravissante jeune-fille cueuillant de ravissantes fleurs, et mon collègue et moi eurent soudainement envie de venir discuter avec celle ci, en vue de sa beauté.>>

Et voilà que cet horrible bonhomme la draguait ouvertement à quelques mètres de celui qu'elle aimait plus que tout. Elle grimaça, excédée :

<<Merci à vous, mais j'aimerais finir ce bouquet pour ma Douce mère avant la tombée de la nuit.
-Nous comprenons. À bientôt, et au plaisir de vous revoir. >>

À nouveau, il s'inclina, le poing sur le coeur. Puis ils s'en allèrent. Elle soupira, et fit signe à son amant de revenir vers elle. Il est vrai qu'une Elfe de la Nuit et qu'un Elfe du Jour avaient interdiction de s'aimer...

Et pourtant, son Utopie ne pouvait exister qu'avec Lui. Sous le coup de cette évidence cruelle, elle s'effondra dans les bras de son bien aimé et pleura de toutes les larmes de son corps. Sa chaleur, douce et rassurante, l'appaisa peu à peu. Elle murmura deux mots. Deux mots qui n'avait pas lieu d'être. Mais deux mots qui exprimaient un sentiment si fort. Ces deux mots, les voici: Je t'aime.

Deux mots interdits.

Deux mots pour décrire une utopie.

Simplement deux mots.

Chaque Utopie est composée de ces mots, à vous de trouver à qui ils s'adressent...


De Julie_Dnr .

Concours (fini)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant