Utopie 9

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Un monde trop parfait

Je vivais dans un monde parfait. Un peu trop parfait, même... On aurait pu le qualifier d'utopique. Dans mon monde, le seul défaut que les habitants avaient, c'était leur naïveté.

Vous vous demandez certainement pourquoi je parle de tout cela au passé ? Eh bien, tout simplement parce que tout cela est passé. Tout, que ce soit les habitants au trop plein de gentillesse ou encore le paysage idyllique, tout a disparu. Enfin, tout sauf moi.

Avant de vous expliquer comment mon peuple et son territoire ont été détruit, je pense qu'une présentation s'impose. Je suis Ase Bin. Un prénom peu courant, il est vrai, mais mon père avait un sens de l'humour très développé. Avant que sa patrie ne se fasse décimer, en tout cas.

Je crois que j'étais la seule à ne pas me plaire là-bas. Tous les autres ne me comprenaient pas, il était inconcevable pour eux de ne pas être satisfait par la perfection. Mais, comme je le leur répétait souvent, chacun a sa propre définition de la perfection, et ce qui y ressemble le plus pour moi, c'est un monde dans lequel on parle fort, on mange avec les doigts et on dit tout haut tous ce que l'on pense. En bref, tout le contraire de là où je vivais.

Comme je l'ai dit plus haut, tout le monde était la personnification de l'excellence : ils étaient tous beaux, polis, attentionnés, courtois, et j'en passe. En clair, on pourrait presque croire à la parodie d'un univers utopique. Moi, je n'ai jamais réussi à leur ressembler. Je le voulais pourtant énormément lorsque j'étais encore très jeune. Mais, quand les autres enfants ne parlaient qu'après avoir bien mesuré le poids de leurs mots, je leur disais d'aller se faire voir avec leur politesse de merde. Je ne regrette même pas que toute cette bande d'hypocrite ce soit faite massacrer.

Notre territoire, en revanche, je trouve cela assez dommage qu'il ait été complètement dévasté. Il était magnifique. Nous vivons tous ensemble dans une grande ville composée uniquement de nos habitations, de modestes maisons de pierre, et d'une grande place sur laquelle se rencontraient tous les habitants. Il n'y avait aucun tribunal, aucune prison, ou tout autre bâtiment qui aurait servi à juger ou à diriger. Cela n'aurait guère eut d'intérêts pour des êtres parfaits. Je ne savais même pas ce qu'était toutes ces choses avant d'arriver dans votre monde.

Le reste de nos terres étaient entièrement rempli de champs où nous cultivions nos denrées, de prés à l'herbes grasses où nous jouions étant enfants et, c'est certainement ce qui causa notre perte. Alors que le monde se mourrait, qu'il n'y avait pas assez de ressources afin de nourrir chaque terrien, nous avions de quoi nourrir chaque habitant durant dix vies entières s'il le fallait.

Je vous aie déjà décrit les membres de mon peuple, ils étaient beaucoup trop gentils, trop bons et rempli de naïveté pour laisser autant de personne mourir. Alors, quand vos dirigeants nous ont demandé de l'aide, c'est tout naturellement qu'ils ont répondu à leurs différentes requêtes positivement. J'avais alors l'impression d'être la seule à avoir la tête sur les épaules. Comment ont-ils pu donner tant de nos ressources sans rien demander en contrepartie ? Ils auraient dû se douter que les dirigeants des différents pays qui nous avaient déjà contactés ne pourraient se satisfaire de cela et que d'autres ne tarderaient pas à faire de même et à venir nous demander de l'aide. Mais non, ils n'ont rien soupçonné, ils vivaient dans leur petit monde utopique où tout le monde il est beau et tout le monde il est gentil. Ils croyaient les gens aussi pleins de bonnes intentions qu'eux, c'est ce qui les perdit.

Je n'étais pas en ville lorsqu'ils attaquèrent, j'avais eu envie d'aller faire un tour et de m'éloigner de toute cette agitation dû à l'arrivée du convoi venu récupérer les vivres. J'en avais ras-le-cul de tous ces connards profiteurs. Et les évènements m'ont prouvé que j'avais eu raison de mettre mon peuple en garde, comme quoi, penser différemment d'eux m'a sauvé.

Un monde n'est jamais parfait, ou s'il l'ait, il attirera toujours la convoitise, car nous sommes humains. Rappelez-vous de mon histoire et peut-être que la fin tragique de mon peuple vous fera réfléchir.

De @Alexane15

Concours (fini)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant