Lou

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Claire était en train de se morfondre, alitée sur son lit improvisé. Les évènements négatifs qui se produisaient autour d'elle depuis quelque temps l'épuisaient au point de la rendre presque amorphe. Pourtant, elle devait admettre que ce repos forcé lui avait fait le plus grand bien. Elle était consciente qu'elle ne récupérerait pas toute son énergie après une courte sieste, mais les idées noires qui la tiraillaient à son réveil ce matin avaient disparu. Elle s'assit sur le rebord du matelas, les pieds touchants à peine le sol.

Posés sur un tabouret, une carafe d'eau et deux comprimés dans une coupelle attendaient patiemment que la jeune femme veuille bien leur accorder un peu d'attention. Quelqu'un devait être venu les déposer pendant qu'elle dormait. Elle frissonna à l'idée que le docteur Milano puisse s'être penché sur son chevet pendant son sommeil. Son regard torve de vieux pervers lui donna la nausée. Elle ressentait de la frustration et de la colère envers son bienfaiteur. Il avait dû prendre son pied le sale con. Elle connaissait l'agencement du bureau et c'est bien dans celui de l'éminent chirurgien qu'elle se reposait.

Les autres femmes pouvaient tomber dans le piège du médecin comme des mouches, mais pas elle. Pour Claire, ce n'était qu'un baratineur, un prédateur qui n'avait d'autre but que d'accrocher une nouvelle paire de seins à son tableau de chasse. Les rumeurs sur ses perversions sexuelles abreuvaient régulièrement les conversations au restaurant d'entreprise. Comment toutes ces gourdes pouvaient-elles se laisser abuser de la sorte ? Claire serra les poings de rage.

— Calme-toi, chuchota-t-elle.

Son regard se tourna vers le tabouret et les pillule mises à sa disposition. Elle hésita un instant et les avala. Milano était un sale type, mais c'était aussi un excellent médecin. Les aiguilles de la pendule affichaient 17 h 15. Une journée de perdue... voilà qui n'arrangerait pas ses affaires. La vie était assez compliquée avec un revenu à peine suffisant pour vivre, alors lorsqu'il était amputé... elle préféra ne pas y penser.

On frappa timidement à la porte. La jeune femme hésita avant de répondre. Après tout, elle n'était pas dans son bureau.

— Entrez ! dit-elle d'une voix vacillante.

C'est Lou qui passa la tête par l'entrebâillement de la porte.

— Je peux entrer, demanda-t-elle simplement.

— Bien sûr, je suis contente que ce soit toi qui viennes frapper à la porte. Je n'aurais pas su quoi faire si Bret était à ta place.

Lou repoussa doucement la porte derrière elle, comme si le bruit pouvait déranger son amie.

— Tu exagères, il a été formidable, tu sais. C'est lui qui a demandé à ce que l'on t'emmène ici, au calme.

— Si tu crois que cela va changer mon opinion à son sujet, tu te fourres le doigt bien profond... dans l'œil je voulais dire, précisa la jeune femme.

Lou la regarda, peinée.

— Il a demandé à Betsy qu'elle fasse le nécessaire pour que tu conserves ton l'intégralité de ton salaire. Tu aurais dû voir sa tête, ricana Lou. Elle était rouge comme une pivoine.

Claire et Betsy n'étaient pas réputées pour être de grandes amies. Claire, méticuleuse, passait son temps à éplucher les dossiers et notes de frais. Ces derniers mois, elle avait refusé régulièrement des remboursements injustifiés. Elle n'avait jamais été jusqu'à porter l'affaire auprès des services administratifs compétents pour ne pas embarrasser Betsy, mais elle en avait les moyens.

— Qu'a-t-elle dit ?

— Rien de bien passionnant, elle a parlé d'injustice. Peut-être voit-elle en toi une rivale potentielle.

MaryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant