La nuit fut courte, mais intense. Claire s'étira comme une chatte, rayonnante de bonheur et amoureuse. Elle baignait dans un état de grâce tel qu'elle n'en avait plus connu depuis des années. Elle ronronna de plaisir, les yeux mi-clos et fit craquer les articulations de chacun de ses membres, puis roula sur le côté, le sourire aux lèvres pour faire face à son délicieux amant.
Son cœur manqua un battement. John n'était plus là !
Elle se redressa et tendit l'oreille. Peut-être était-il simplement parti prendre une douche ?
Rien !
Il n'y avait aucun bruit dans la maison qui pouvait trahir la présence de son bel étalon. Il s'était envolé, disparu !
Les draps, à l'emplacement où il aurait dû se trouver, étaient tristement froids. Bien joué ! Ducon ! Il avait profité de son sommeil pour déserter les lieux. À l'heure qu'il était, il devait fanfaronner auprès de ses collègues de caserne et parler du « coup de l'année ! ».
— Quelle sombre idiote fais-tu ma pauvre fille ! s'exclama-t-elle en lançant son traversin à travers la chambre. Tu devais bien te douter qu'il ne resterait pas ! Un type comme lui avec une fille comme toi !
Elle se laissa tomber mollement sur le matelas et heurta la tête de lit.
— Aïe ! Mais tu es vraiment la reine ! cria-t-elle en frottant énergiquement son crâne. Quel retour à la réalité !
Claire était dépitée. S'être entichée d'un homme qui l'avait bernée en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Elle s'interdit de craquer, mais les ses yeux la picotaient.
Soudain une pensée fugace s'insinua dans sa tête. Éphémère, elle traversa son esprit en une fraction de seconde, suffisamment pour semer le trouble dans son esprit : avait-elle rêvé cette idylle ? Tout lui avait semblé si réel, ses mains, son odeur, sa puissance et sa virilité.
Elle apposa sa main sur son bas-ventre et se rua sur le coussin de John. Son odeur était encore présente, imprégnée dans la fibre et les plumes d'oie : elle n'avait pas rêvé ! Ou alors, elle était complètement cinglée et perdait les pédales. Avec les récents évènements qu'elle avait vécus, on ne pourrait pas lui en vouloir. Hélas ! Si c'était réellement le cas, elle se trouvait confrontée à un énorme problème.
Claire ne souvenait absolument plus de rien. Comment était-elle rentrée ? Elle devait faire face à une absence de plusieurs heures. Que s'était-il passé depuis l'apparition de John dans les toilettes du bar ? Elle remonta le fil du temps, détricota les nœuds à s'en arracher les cheveux, mais rien n'y fit... Le trou noir...
Elle inspira profondément la tête enfouie dans le coussin de John. Les larmes commençaient à monter. Elles les sentaient venir.
— Mon Dieu, faites que je ne devienne pas folle ! gémit-elle.
— Pardon mademoiselle ! dit une voix familière. Un café et un jus d'orange vous siéraient ?
Claire se redressa et se tourna vers la porte de sa chambre. Il était là, debout, vêtu juste de son bas d'uniforme. Elle reconnaissait sa ceinture abdominale. Ces yeux firent des bonds en même temps qu'elle parcourait son torse musclé.
— Bonjour, John, bégaya-t-elle. Je... je pensais que tu étais déjà parti... au travail. Ses doigts tricotaient nerveusement dans les draps. Je dois avoir une mine affreuse, ajoute-t-elle en roulant des yeux.
Claire passa les mains dans ses cheveux en bataille. Les draps, libres de tout mouvement, s'affaissèrent et découvrirent la poitrine ferme et délicate de la jeune femme.
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Mary
RomanceClaire est une jeune femme que la vie a délaissée. Elle survit plus qu'elle ne vit dans cette ville rurale des Etats-Unis. Un soir de pluie, en passant sur le Silver Bridge, elle succombe au visage angélique et torturé de Kurt...