Boule de papier

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J'me demande c'qui te passe par la tête, là, maintenant, aujourd'hui. J'me demande c'que tu fais, là, maintenant. Ça m'obsède à vrai dire. Mais je me demande surtout c'que tu penses de moi, là, maintenant. J'me demande c'que je vaux à tes yeux, à ce moment précis. J'me questionne souvent sur le pourquoi d'la chose, sur c'qui te pousse à agir comme tu l'fais. Ça te donne quoi au bout d'la ligne ? J'comprend juste pas comment tu peux profiter d'quelqu'un comme tu le fais, pis après agir comme si rien était arrivé. J'me demande à quoi tu pensais à ce moment-là. C'tai tu si facile que ça, m'oublier? C'tai tu si simple que ça, m'effacer? Sur le moment j'le réalisais pas, j't'ai aveuglée par tes mensonges, par l'affection fake que tu m'accordais. J'pensais que t'étais sincère, pour de vrai. J'pensais que tu m'appréciais, pour de vrai. En y repensant, j'ai envie de rire. J'ai envie de rire parce que j'me suis laissé envouter par ton beau minois pis tes p'tits yeux moqueurs.
J'me suis laissé faire, insouciante des risques que j'prenais aveuglement. J'ai volontairement ignoré la possibilité que tu t'foutes de ma gueule. Pourquoi ? Parce que j'trouvais que t'en valais la peine. J'trouvais que t'étais différent. J'y croyais réellement. Avec tes anecdotes banales mais tellement sincères, tes jokes plates mais ridiculement cute, tes p'tites manies énervantes quoi qu'adorables, pis ta façon d'me faire voir les choses comme personne l'avait fait avant. T'sais quoi ? C'est ça que j'trouve le plus dur avec toi. Tout me manque de toi, ton rire, ta façon d'marcher, t'entendre chanter maladroitement, sentir ta main se glisser dans la mienne, j'm'ennuie de chaque parcelle de toi. Mais c'qui me manque le plus, c'est l'authenticité que t'avais. Celle qui s'est éclipsé sans prévenir, tout comme tu l'as fait, toi y compris.
J'te comprend pas, en fait, j'tai probablement jamais saisi. Sauf que j'le sais au fond de moi, de toi, que le gars authentique et adorable est toujours là. J'le sais que t'as rien du gars manipulateur et profiteur que tu prétend être par tes gestes silencieux mais tellement ravageurs. J'comprend juste pas pourquoi tu t'entêtes à agir d'la sorte, à passer à côté d'moi comme si j'tai une simple inconnu, une vieille connaissance à qui on accorde même plus un simple regard. Que tu fasses comme si on n'avait jamais rien eu tout les deux, comme si on s'était pas attacher l'un à l'autre et que tu m'avais pas trouver d'ton goût. J'pensais pas que toi tu puisse être capable de ça, j'le pensais juste pas.
Du jour au lendemain, tout s'est écroulé entre mes mains pis j'me suis ramassé le cœur froissé, un peu comme une vieille boule de papier abimée. Pis tout l'monde le sait, une fois que le papier est magané, y r'devient jamais comme y'était.

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