J'avais de plus en plus froid. La neige et le vent n'y étaiten pour rien, mais mon coeur, je le sentais dans ma poitrine, était glacé et fendillé.J'avais l'impression de sombrer dans un océan de ténèbres et de solitude.
Les murs se refermaient autour de moi ... Mes yeux se voilaient. De toute façon, il n'y avais rien à voir, seulement mes peurs et mon angoisse qui me frappèrent dans la noirceur de cette grotte sans fond.
...
Tous. À étaler leur bonheur devant mes yeux. Je ne savais que trop bien que j'étais seule, c'était un mal pour un bien.
J'ai toujours fait peur au gens, ils me trouvent menaçante...
Je n'avais pas besoin d'amis, je n'en avais pas eu besoin à la mort de ma mère, pas plus qu'à la nouvelle de mon placement en foyer. Et je savais que je n'en aurais pas plus besoin pour un séjour d'un mois dans une stupide colonie réservée a des adolescent pas moins stupides.
Mais quand je les voyais, tous, riants, chantants, s'embrassant dans ce car ...
Ils me narguaient, moi, la bête noire du troupeau, le démon, entres autres surnoms m'ayant étés attribués .
Pourtant, au fond du bus, il y avait un garçon .
Seul. Comme moi.
Il était particulièrement beau, je lui aurais donné dans les vingt ans. Il avait des traits réguliers, un nez bien dessiné, sur une peau pâle et des cheveux noirs mi-longs et indisciplinés.
En un sens, et étrangement, je me vis en lui.
Comme moi, il se taisait et gardait les yeux fixés sur la route.Tandis que je le dévisageais, il se tourna tout a coup vers moi et me regarda dans les yeux . Deux iris bleus glacés .
Il me regarda un instant froidement, puis, comme désintéressé du sujet, se détourna et fixa à nouveau le spectacle morne qu'offrait le macadam et les lignes blanches de l'autoroute.
Il était étrange et calme, mais il y eu quelque chose en lui qui attira mon attention.
Il m'avait regardée dans les yeux, sans frémir, et cela avait été suffisant pour le différencier de tout les autres.
Je ne comprennais pas leur répulsion à mon égard.
À l'époque, je pense que les gens me qualifiaient plutôt de jolie qu' effrayante au premier regard.
J'avais alors encore mes yeux couleur brun-caramel et mes longs cheveux noirs ondulés. Avec ma peau pâle et mon visage fin, sans un être un canon de beauté, il était certain que j'aurais pu faire tourner de nombreuses têtes. S'il n'y avait eu ce détail.
Sans vraiment comprendre pourquoi, les gens étaient repoussés par moi. Un simple regard de ma part leur faisait perdre leurs moyens, comme face à un monstre.
Pour eux, j'étais un danger ambulant, me croiser signifiait à coup sûr des frissons dans le dos, et me parler était simplement inimaginable pour ceux qui connaissait ma réputation.
C'était à croire qu'autour de moi, planait une aura sombre. Une véritable ombre de mort qui m'entourait continuellement, m'isolant inexplicablement des autres et de leurs petites vies rangées.
Il n'en avait pourtant pas toujours été ainsi. Pendant une période, il y a longtemps, j'avais des amis.
Avant le drame qui me poussa au fond du gouffre. Avant la maladie qui emporta la seule personne chère à mon cœur.
Ma mère.
J'avais six ans à peine, quand cela est arrivé.
Ma génitrice était la femme la plus aimante au monde, et plus que tout, je la chérissais. Elle était ma confidente, la seule à qui je vouais un amour sans bornes, la seule à me comprendre vraiment.
Mais cela n'aurait pu durer.
Un jour de printemps, allant la réveiller de son sommeil, je la trouvais morte. Inexplicablement.
Brutal retour à la réalité.
Le monde autour de moi était froid et bestial, la vie était cruelle.
Après cette tragédie, mon père me pris avec lui. Mes parents étaient séparés depuis ma naissance et entretenaient plutôt une mauvaise relation.
Il était un homme détaché et froid, ne s'occupait que très peu de moi, et je dû rapidement apprendre à me débrouiller seule.
Arrivés mes 10 ans, il décida que j'étais devenue une charge trop lourde et me mis en foyer. Les autres enfants, tout de suite, me rejetèrent ...
J'en fus très peinée pendant un long moment, jusqu'à ce que je comprenne finalement que je n'avais pas besoin d'eux.
Je me mis rapidement tout le monde à dos, éducateurs, professeurs et élèves, dans mon dos, ils m'appelaient maléfique, la méchante reine.
J'appris à me confectionner, jour après jour, un masque de froideur et d'impassibilité, à durcir mon regard pour le rendre glacial, à adapter mon caractère et rejeter l'amitié que certains était près à m'offrir, par pitié.
C'était ceux-là que je méprisais le plus, ils semblaient gentils mais en réalité ils profitaient de vous, et abusaient de votre confiance.
Un brusque cahot me sorti soudain de mes pensées. Je levai la tête et regardai par la fenêtre. Le paysage, jusque la plutôt désertique avait fait place à une dense forêt. Nous montions.
Je savais que le camp dans lequel on m'envoyait se trouvait dans une montagne. Les éclats de soleil perçaient à travers la végétation touffue. C'était beau, à la foi irréel et tangible. Les conversations sonnaient autour de moi comme une berceuse, et, rendue somnolante par le parcours du bus sur la route, je m'endormi .
Je me trouvais dans une caverne sombre. Le plafond était bas mais l'endroit vaste. Des lambeaux de brumes flottaient autour de moi, comme des morceaux de nuages. J'aperçus une ombre immobile, proche. Je le distinguais à peine, mais, j'en était sûre, c'était un animal.
Un gros loup à la couleur fauve s'approcha doucement de moi en sortant de l'ombre.
Il était beaucoup trop grand pour être réel. Je n'eus pas le temps d'esquisser un mouvement ou d'avoir peur, que la bête, les crocs écumants de salive, un grognement terrifiant dans la gorge, se jeta sur moi.
Je hurlais et fermais les yeux. Quant je les rouvris, et pour mon malheur, j'étais dans le bus.
Les gens me regardaient, toutes les conversations avaient cessées....
J'avais crié dans mon sommeil.
J'avais tellement honte, que j'aurais aimé me fondre dans mon siège. Je baissai la tête, voulant éviter ces regards, moqueurs, interrogateurs, surpris ou même inquiets. Puis, je me ressaisis, je n'avais aucune raison d'avoir honte. Alors, je relevais la tête et toisais les personnes qui me regardaient encore. Puis lentement, les conversations reprirent, et les idiots qui s'entêtaient à me regarder se retournèrent sous mon regard.
L'inconnu du fond du bus, lui, avait les yeux posés sur moi. Son regard me transperçait. Je plantai mes yeux dans les siens, et il le soutint pendant quelques secondes. Puis il se détourna de moi, un sourire en coin.
C'était maintenant officiel, je n'aimais pas ce type.
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Rebirth
WerewolfL'histoire, vous la connaissez. Une jeune fille, maltraitée par la vie, désespérée et pensant finir à jamais seule, qui va trouver un espoir inattendu. Un jeune homme qui se transforme en loup, beau comme un Dieu, froid et cynique, qui va l'aider, l...