Rebirth

Visions

Lorsque Ace ouvrit la porte du cabanon, c'est à peine si je m'en rendis compte.

Je sentis seulement quand ses bras me quittèrent. Je n'entendais plus rien, ne sentais plus, ne voyais plus. Peut-être était-ce ça la mort. Le néan.

Alors que j'avais abandonné tout espoir, je sentis soudain un liquide couler dans ma gorge. Le goût, étrangement, me rappelai quelque chose. Doux et épicé, un mélange indescriptible d'amer et de sucré.

D'un seul coup, tout mes problèmes s'envolèrent. La brûlure de ma gorge s'appaisa, tout comme ma colère et ma peur.

Je me sentais si bien...

Soudain, dans le noir dans lequel j'étais plongée, une image m'apparut.

C'était un enfant. Un jeune garçon au cheveux noirs et aux yeux bleus verts.

Il souriait, d'un sourire simple et gentil, le sourire de celui qui ne connaît pas le malheur, de celui qui ignore la tristesse.

Puis​, elle s'effaça, pour laisser place à celle d'un louveteau noir et blanc dans un jardin, adorablement maladroit, avec ses yeux de lagons pleins de malices.

Je contemplais le petit prédateur. Il me rappelais étrangement ma propre enfance.

Cette nouvelle image s'effaça également, aussi vite qu'elle m'était apparue, pour laisser place à un spectacle atroce, qui glaça immédiatement mon sang.

Une femme aux longs cheveux et aux yeux couleurs émeraude hurlait un nom que je ne parvenais pas à entendre. Ses yeux reflétaient la terreur et le désespoir.

Sa robe blanche était tachée d'une immense tache rouge à la poitrine. Le sang coulait, elle tombait davant moi comme au ralentis.

Je fixai cette scène d'horreur pure sans comprendre, jusqu'à apercevoir derrière la pauvre femme une chose qui me perturba au plus haut point. Le garçon, maintenant arrivé à un âge à peu près équivalent au mien, les yeux équarquillés et la bouche ouverte en un cri de douleur muet, regardais la femme tomber.

La vision s'évanouit, comme toute les autres, mais me laissa un sentiment de malaise et de tristesse.

Ace. Il était différent de celui que je connaissais, mais je ne pouvais que le reconnaître. Son regard m'avais semblé différent lors de ces dernières vision, plus calme et heureux qu'il ne m'était jamais apparut, et quelque chose dans son physique changeait d'aujourd'hui.

Peu à peu, la noirceur se dissipa, je parvins bientôt à voir la lumière du soleil à travers mes paupières closes.

Alors, quand j'en m'en sentis enfin capable, j'ouvris les yeux.

Ma première vision fut celle d'Ace, le regard inquiet, penché sur moi. Alors, il me fut impossible de me retenir. Les larmes coulèrent de mes yeux sans que je ne parviennes à les retenir.

Ace eu alors un mouvement de recul vif.

-Je... Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?

Il avait l'air tellement perdu et surpris que malgré ma tristesse je laissais échapper un petit rire. Je me relevais doucement, pour ménager mon corps​ endolori et essuyai mes larmes du dos de la main.

Avec un léger sourire ( cela faisait si longtemps que j'avais presque oublié la sensation que cela donnait ) je lui répondis :

-Rien... Ce n'est rien.

L'air peu convaincu, Ace m'interrogea du regard.

-En fait je... Je crois que je t'ai vu.

Ace leva un sourcil, se donnant un air impassible. Pourtant durant un bref instant, il me sembla voir passer un éclair de peur dans son regard.