Ils n'en valent pas la peine

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Nous étions à deux pas du bâtiment de bois servant de réfectoire, dans lequel tout les autres s'étaient rassemblés.
Je ne compris pas la raison de l'attroupement autour de moi. Tous des garçons. Ils n'avaient pas l'air menaçants, plutôt curieux, comme des visiteurs dans un zoo ou j'aurais été un animal enfermé dans une cage étroite. Je ne vis pas le blond parmis eux, mais certains de ses " amis" était là. Un des jeunes hommes me dit dans un sourire :

- Salut ! Comment tu t'appelles ? C'est la première fois que tu viens ici ?

C'était typiquement le genre de choses que je détestais. Les dragueurs. Dans quelques instant, ils partiraient tous, dégoûtés... Je le regardais de mon regard d'acier. Je ne comptait pas répondre, pourtant sans que je puisse m'en empêcher, les mots sortirent de ma bouche :

-Rowan. Je suis Rowan.

Ils me regardèrent, surpris et intéressés. Il est vrai que mon prénom n'est pas commun. Plutôt vieillot, mais assez joli, comme un napperon de dentelle sous la poussière. Un autre garçon, brun celui-ci, me toucha l'épaule :

- Et alors, c'est la première fois que tu sors ou quoi ? Tu regardes autour de toi comme si nous étions des monstres !

Exactement.

Son contact m'écœurais et je me dégagai brusquement. Ils me regardèrent, moqueurs. Je n'avais pas envie cette fois-ci de chercher la querelle, alors je leur jettai un dernier regard noir, et me retournais pour me diriger vers le réfectoire. Je senti leurs regards qui me brûlaient le dos et soupirai. Peut-être une autre -fois aurais-je cherché à les affronter mais j'étais lasse. Ils n'étaient pas méchants, juste idiots, comme la plupart des êtres humains.
Dans le réfectoire, ou l'homme au tee-shirt jaune avait déjà commencé son discours de bienvenue, j'eu tout le temps pour réfléchir.

Nos dortoirs, ou plutôt les maisonnettes, furent attribuées. J'eu la chance ( il faut dire que j'avais tout fait pour ) de me retrouver seule. J'avais jeté sur tous des regards empoisonnés qui avaient su tenir a l'écart les adolescentes qui auraient pu se mettre dans la même chambre que moi. Ils me regardaient maintenant avec crainte et mépris. Un mal pour un bien, maintenant ils me ficheraient la paix.

Ace, qui, comme moi aurait probablement été ravi de se retrouver tout seul, n'avait pas eu ma chance et était avec un autre garçon, un de ceux de la bande du blond, qui le regardait avec effroi. Je le comprenait ... Il faisait peur, malgré sa beauté, il avait l'air d'une statue de marbre d'un dieu à la mine boudeuse et désintéressé .Il était près de 18 h, quand nous eûmes enfin la permission de nous retirer dans les chambres.
Mon bungalows était un des plus proches de la rivière qui séparait ceux  des hommes et des femmes.
De près, on pouvait voir que les planches de bois constituant ma future chambre n'était pas polies et je ne m'aventurais pas à les toucher, de peur de me prendre une écharde.
À l'aide de la clé qui m'avait été attribuée, j'ouvris la porte. Étonnement, l'intérieur était sec et doux, il ne faisait ni trop chaud, ni trop froid. Dans un coin de la pièce, il y avait un petit radiateur, probablement en cas de fraîcheur nocturne.

J'avais envie de pleurer. Cela faisait depuis des années que je n'avais pas ressentis cela. Je m'afallais sur le lit le plus proche de la fenêtre et posait mon sac sur l'autre.
Un sentiment tellement désagréable, il me faisait mal dans la poitrine. Mêlé d'appréhension, de tristesse et de colère.
Et je ne savais même pas d'où il venait.
Combattant cette douleur, je me levais et inspectait la pièce. Derrière une porte, se cachait une salle de bain munie de toilette. Un mobilier simple : blanc, avec un miroir et une douche. Une colonie, en somme. 3 semaines. 21 jours interminables.

Vraiment, il m'étais impossible d'imaginer que l'on pouvait avoir du plaisir a côtoyer les autres pendant aussi longtemps. Le concept même de la colonie m'échappait. Il m'évoquais des moutons parqués dans des entrepôts, soumis a des règles et des obligations. On m'avait raconté que ce camp était différent. Que les jeunes avaient plus de liberté, que les animateurs était sympas.

Je n'en croyait rien. Je ne voulais d'ailleurs pas de leur sympathie. La chambre avait beau n'être pas si mal, je me dépêchais de ranger mes affaires dans une armoire prévue a cet effet. Cela fut rapide, je n'était pas fan des vêtements, je ne les collectionnait pas, et a vrai dire, si la société l'avait permis, j'aurais tout a fait pu m'en passer.

Une flamme grondait en moi depuis longtemps, elle me brûlait la poitrine,souvent dans des situations inconfortables, en cas de disputes par exemple.
Le soir même, il y avait une veillée, a laquelle nous ne pouvions échapper. Je me résolu donc a me changer et a mettre des habits plus légers avant d'aller manger.
Le réfectoire aurait pu accueillir beaucoup de monde mais nous étions, étonnamment, relativement peu nombreux. Dans les 40 personnes environs. Tant mieux, cela faisait moins de monde a détester.

Il y eu un discours qui me sembla durer une éternité tellement j'avais faim. Finalement, on nous laissa nous diriger vers le buffet. Je me servis une portion de légumes. Je n'était pas végétarienne, mais préférais les légumes et les fruits a la viande, s'il y en avait.
Je n'eu pas la chance de trouver une table vide et m'assis avec trois jeunes filles, en mettant le maximum d'écart entre nous. Elles n'eurent de cesse de me dévisager pendant le dîner, alors même que je les ignorais soigneusement. Pas la peine d'utiliser l'intimidation avec elles, de toute évidence, elles n'avaient aucun intérêt.
Forcée d'attendre la fin du repas pour se rendre a la veillée obligatoire, que j'aurais plutôt nommée " séance de torture ", je pris mon mal en patience et observait les lieux. Finalement, après un long moment, on ce décida a se rendre sur les lieux de la veillée, a l'orée de la forêt, où on avait préparé un imposant feux de bois . Des piques a brochettes avaient été disposés autour, ainsi que de nombreux paquets de marshmallows.
Les gens s'installèrent en cercle, autour du foyer. Assez près pour avoir accès facilement a la flamme, assez loin pour ne pas trop subir son écrasante chaleur. Je n'aimais pas le feu, il m'avait toujours effrayé.
Comme un animal sauvage, je n'osait l'approcher, et encore moins le manipuler. Il me semblait fourbe et perfide, comme un serpent venimeux. Pourtant ... il me fascinait. Je finis par m'arracher à ma contemplation. Les arbres sombres de la forêt semblait m'appeler et je me retirais discrètement.

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