Impuissance

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Mon corps entier était de plomb. Sans plus d’égards à mon attention, Anton me remis debout comme une poupée de chiffon. J’avais l'impression que mes membres refusaient de m’obéir mais je finis heureusement par reprendre mes esprits. Je serrais les dents et tâchait d'effacer l’expression de douleur de mon visage.

Anton me contempla d’un œil effaré.

-Il est étonnant que tu tiennes encore debout. Un autre de ton espèce  serait sûrement cloué au sol depuis longtemps avec une telle quantité d’argent…

Le visage fermé je m'appliquai à ignorer les tiraillements de mes muscles.

Les larmes continuaient de couler silencieusement sur mes joues.

Le désespoir m’étreint encore un peu plus.

J’aurais du écouter les enfants de l’orphelinat. Me taire. Rester dans un coin. Subir en silence.

J’aurais du écouter Kield et rester aux côtés de la meute, qui ne voulait que mon bien.

J’aurais dû écouter Ace. Parce que depuis le début, il me sauvait la vie.

D’une main tremblante, j’essuyais le sillon des mes larmes sur mon visage.

Pleurer ne sert à rien, j’aurais dû le savoir depuis le temps. Il me fallait agir, et vite.

Je ne veux pas mourir…

Sans réfléchir plus longtemps, je me laissais tomber au sol et fermais les yeux.

Je simulais sans mal une voix faible et desespérée :

-Enlève moi ça… Je suis en train… de mourir.

Avec une pointe de déception dans la voix Anton murmura :

-J’ai peut-être parlé trop vite… Quel dommage, tu faisais un si joli jouet.

Il passa deux doigts sous mon menton et me força à le regarder.

-Très bien gamine. On va te retire ton si joli collier… Quel dommage, il t' allait si bien.

Je parvins de justesse à m'empêcher d’enfoncer mes dents dans sa main.

La soudaine crispations de ma mâchoire lui arracha un petit rire et il lâcha mon visage.

Dans un geste d’habitué, il porta son index à sa bouche et l'appuya contre une de ses canines supérieures.

Moi qui l’avait tout d'abord pris pour un humain, j’avais maintenant la certitude qu’il tenait plus du serpent, tout comme son collègue au cheveux rouges.

Avec un mélange de fascination et de répulsion, j'observais une goutte de sang se former sur la coupure.

Anton fit ensuite glisser son doigt dans mon cou et manipula mon étrange parure d’argent.

Au bout de quelques instants, un clic significatif se fit entendre et la pression exercée sur ma gorge s’en alla.

Avec un soupir de soulagement je passais une main dans ma nuque. Ma peau me brûlait à cet endroit aussi sûrement que si elle avait été marquée au fer rouge.

Je relevais alors la tête pour me retrouver face au regard énigmatique de la créature qui me faisait face.

Je commençais par ailleurs à avoir une vague idée de la nature de mes hôtes…

En tout cas si l’on pouvait se fier aux légendes.

À voix basse et sans quitter les yeux bruns qui me scrutaient avec avidité je déclarai :

-Le sang… C’est ça la clé.

Anton plissa les yeux et répondit :

-Le sang est toujours la réponse. Rien ne peut être résolu autrement que par la violence dans notre monde.

Sur ces paroles mystérieuse, il se redressa et me tendit la main.

J’ignorais son geste et me relevai en prenant appuis sur le mur.

J’avais des fourmis dans tout le corps, comme si le sang refluait brusquement dans mes membres. La sensation était curieuse, mais milles fois préférable à la douleur que je ressentais auparavant.

Mais quelque chose me perturbait… Était-il réellement possible qu’il m'enlève ce collier au risque que je me transforme en loup ?

Je jetai un regard interrogateur à mon ravisseur.

Celui-ci me répondit avec un sourire franc mais mauvais :

-Tu peux toujours essayer. Je ne suis pas stupide, je sais très bien que tu es trop faible actuellement pour prendre ta forme animale. Cela demande beaucoup d’efforts, surtout pour une novice.

Je dus sans doute avoir l’air surprise puisqu'il poursuivi d’un air triomphant :

-Eh oui, nous sommes biens informés !

Se rapprochant de moi une fois de plus il me susurra :

-Et je dois bien avouer que ton cas me passionne particulièrement.

Je soupirais avec dédain et passait la main sur ma gorge une nouvelle fois.

Il avait malheureusement raison, j'étais bien trop faible actuellement pour envisager de changer. Mais cela n’allait pas durer infiniment.

Soudain, une femme blonde passa la tête par la porte, me laissant apercevoir un couloir sombre aux tentures rouges et aux meubles boisés noyés dans la pénombre.

Elle parla d’une voix impérieuse et assurée, la voix d’une personne qui a pour habitude de commander.

-Anton tu es attendu dans le grand salon. La réunion va bientôt commencer.

Elle me lança un bref regard de dêgout.

-Et emmène cette… Chose avec toi.

Mais pour qui tu te prends blondasse ?

Je grognais sourdement et montrait les dents, ce qui eu pour effet d’attirer son attention sur moi. Son regard se posa alors sur mon cou nu et ses yeux s’ecarquillerent :

-Mais tu es complètement fou ? Pourquoi lui as tu enlevé ? Tu sais très bien que c'est la seule chose qui nous permet de la canaliser !

Anton répondit calmement.

-Calmes toi Maria, elle entend tout. Regarde là, actuellement elle n’est pas plus dangereuse qu’un chiot. Si je ne lui avait pas enlevé, elle serait morte. Vous avez bien trop surestimé la puissance de ce stupide artéfact. Il est fait pour emprisonner un Dieu et pour l'instant elle n’en a que l’apparence, et encore.

Pour l’instant ?

Mais de quoi pouvait-il bien parler ?

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