Impact

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L'individu me sourit et dévoila ainsi des canines aussi aiguisée que les miennes.

-Tu me vois ? Décidément, tu es surprenante gamine !

Avec une agilité digne d'un félin il se laissa glisser de la branche et atterri souplement devant moi.

Il se redressa et ses yeux prirent une teinte vert mousse.

Aussitôt, son odeur m'envahit les poumons. Il sentait la pluie, le musc et... le sang.

Sous la lumière de la lune et avec mes capacités visuelles développées il m'était impossible de ne pas remarquer son évidente beauté et son teint pâle, cadavérique.

Ses cheveux bruns et ondulés lui donnait un certain charme enfantin qui contrastait avec ses yeux qui luisait d'un éclat froid malgré le mal qu'il se donnait pour avoir l'air souriant.

Ses pupilles, dilatées à un point inhumain me detaillaient avec attention.

J'étais glacée. Cet homme... Pourquoi sa seule présence suffisait-elle à rendre la forêt si sombre et terrifiante ?

Interdite je contemplais le garçon qui me faisait face comme une souris contemple avec effroi le serpent s'apprêtant à la dévorer.

Je finis par me reprendre. D'un seul coup le sang pulsa dans mes tempes et je fis un bond leste en arrière.

Rapidement, dans un geste de survie, je me retournai et commençait à courir. Je ne comptais pas fuir, mais ce type était dangereux, et pour l'affronter je devais me transformer. Or, je ne savais pas le faire sans élan.

Je pris donc mes jambes à mon cou, sans penser à quoi que ce soit d'autre que le fait que je devais me transformer au plus vite. Je n'entendais aucun bruit derrière moi, mais cela ne voulait pas dire qu'il ne me poursuivait pas.

Je bondis en avant et me concentrai. Le stress et l'adrénaline me firent l'effet d'un stimulant et ma transformation fut bien plus rapide qu'à l'ordinaire.

Je présentais mentalement mes excuses à Alrun pour ses vêtements et me retournai vers l'inconnu.

Il était bien là, face à moi, stoïque. Il arborait toujours ce sourire goguenard qui exposait ses dents monstrueuses.

Je grondais comme le diable en personne, le poil ébouriffé et les babines retroussées sur mes crocs.

Si il était dangereux, j'étais persuadée de l'être encore bien plus.

D'une voix grave et menaçante, je l'invectivais :

-Qui est tu et que fais tu sur le territoire des loups ?

En réponse, son sourire s'élargit encore et il me dit :

-Et bien ! Tu es plutôt bavard pour un toutou...

Je plissais les yeux de colère et lui répondit :

-Épargnes moi tes commentaires ou je te promets qu'il n'y aura bientôt plus personne pour les écouter.

La créature haussa un sourcil et répondit d'un ton arrogant :

-Adorable ! Tu n'es qu'une fillette et tu crois pouvoir me faire du mal.

Je ne répondis pas et fis un pas en avant. J'étais presque aussi grande que lui et mon museau était au niveau de sa gorge. S'il ne se décidait pas à répondre ou à déguerpir, j'avais là une très belle prise pour y planter mes dents.

Un éclair de ce que j'interprétais comme de la peur traversa furtivement son regard.

Son sourire se fana un peu et d'un ton froid il me dit :

-Allez, finis de jouer. Tu vas venir avec moi.

-Tu montres enfin ton vrai visage, ça va devenir intéressant... Je ne te suivrai pas.

La créature découvrit les canines en un feulement animal et se jeta sur moi.

Je bondis sur le côté, évitant ainsi son point dirigée vers mes côtes.

Il était d'une vitesse surhumaine, et ses réflexes était effrayants tant ils étaient prompts.

Mais il était tout de même trop lent pour moi.

Je n'avais pas beaucoup d'expérience, mais mon instinct me guidait, tant et si bien que j'aurais pu me battre les yeux fermés.

J'évitais un nouveau coup en me baissant et me retournai au dernier moment, emprisonnant sa main entre mes canines.

L'homme hurla de douleur et ses os craquèrent.

Il m'envoya un coup de pied et je dus lâcher prise pour esquiver.

Les yeux de mon adversaire virèrent à nouveau au rouge sang et il disparu en un instant.

Merde !

À nouveau il usait de ses étranges pouvoirs de dissimulation, et je me retrouvais seule à humer le vent en espérant pouvoir y découvrir l'odeur de mon assaillant.

Soudain, une masse sombre s'abattit sur moi, me projettent au sol. Je lâchais un couinement, plus de surprise que de douleur.

Des mains glacées agrippèrent mon cou, l'enserrant avec force.

Je me débatis avec vigueur, ruant et me secouant en tout sens, en pure perte, mon assaillant tenait bon.

L'air vint rapidement à me manquer, et ma jugulaire compressée palpitait sous les doigts de mon ennemi.

Je commençais à faiblir, quand une idée me vint. Je reculais vivement et me mis debout sur mes pattes arrières. Déséquilibrée par le poids de l'homme sur mon dos, je tombais en arrière et mon agresseur heurta un tronc de plein fouet.

La créature gémit, et dessera sa prise, sonnée par violent coup qu'il venait d'encaisser.

Voyant là une ouverture, je profitais de son étourdissement pour rouler sur le côté l'écrasant de tout mon poids.

Le jeune homme glissa alors de mon dos, et se retrouva à la merci de mes griffes.

Sans aucune pitié, j'enfonçais ces dernières dans la chair tendre de son ventre à travers ses habits, déchirant la peau en profondeur.

À nouveau, la créature hurla.

Il lâcha mon cou, et je pus retrouver mon souffle.

Désormais, il était à ma merci.

La gueule ouverte et les crocs brillants, j'étais l'image même de la mort. La dernière chose qu'il verrait dans sa vie.

Les yeux de l'homme, redevenus verts, s'écarquillèrent de terreur.

C'était fini, il le savait. Mes pattes avant le maintenait fermement au sol, et malgré tous ses efforts, il lui était impossible de se dégager.

Dans un geste de désespoir, il me décocha un coup de pied dans les côtes.

Malgré le craquement sinistre qui en résulta, je ne bougeais pas.

Avec la rapidité propre à me nature, je m'élançais vers sa gorge, prête à plonger mes crocs dans sa chair.

Malheureusement, tout de même pas assez rapidement.

Un coup d'une violence inouïe m'atteignit à la tête, et je m'effondrai sur celui qui aurait dû être ma victime.

Une attaque en traître. Discrète et efficace. Lâche.

RebirthOù les histoires vivent. Découvrez maintenant