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La semaine passa visiblement trop vite à mon goût. Même la visite de Nath hier ne m'a pas remise d'aplomb. Je rappelle que la collègue avec qui je vais passer deux semaines m'a clairement fait comprendre qu'elle allait me faire vivre un enfer, et je veux bien l'en croire capable. C'est penaudes que nous entrons dans le taxi après avoir passé quelques heures d'avion ensemble. Pas une de nous n'a touché un mot à l'autre. Superbe ambiance. Je crois que je préférerais courir après le taxi qu'être à côté d'elle. Non, en fait, je préférerais passer sous les roues. Parce que Delging a sûrement une aversion envers moi identique à celle que je porte pour la course.

Elle fait un mouvement sur la banquette et son parfum flotte jusqu'à moi. Mes sens s'embrouillent dans ma tête tandis que je lui jette un regard que j'espère discret. Elle regarde le paysage défiler. Ses cheveux châtains tombent en mèches un peu ondulés. Elle en tient une entre ses doigts et l'enroule machinalement. Elle porte une robe noire qui la rend merveilleusement belle. Je la fixe un peu plus longtemps que prévu. Elle se tourne vers moi.

- Désolée de briser votre admiration, mais on est arrivé, dit-elle sèchement.

En effet, le taxi s'était arrêté depuis quelques secondes. Je sors et récupère ma valise dans le coffre. C'est toujours non pour passer sous les roues... ? Comme Dieu a VRAIMENT décidé de me punir, je suis Delging dans la réception de l'hôtel. On lui donne la clé et un jeune homme en uniforme nous conduit jusqu'à la chambre. Je ne saurais vous dire s'il est charmant. Je préfère les filles, si vous voyez ce que je veux dire, et en particulier la personne qui me sert de collègue imbuvable. Eh oui. Pauvre de moi.

A peine parvenues à la chambre, Degling renvoie le garçon s'occuper autre part, lui annonçant avec ironie qu'elle sait comment ouvrir une porte et qu'elle aimerait ôter tous ses vêtements dès son entrée dans la chambre et qu'il vaudrait mieux qu'il ne soit pas là pour l'observer.

Une minute.

Quoi ?

Alors qu'il s'enfuit, rouge comme une tomate, j'hésite à faire de même.

- Vous voulez bien répéter ce que vous lui avez dit ? Je suis pas sûre de bien avoir compris, lui dis-je.

- C'était pour qu'il nous laisse tranquille. Je compte bien garder mes habits, mais merci pour votre intervention, Jacobs, grimace-t-elle.

Elle ouvre la porte et se dirige directement vers la fenêtre pour tirer les rideaux. La chambre est spacieuse. Une télé est accrochée au mur en face du lit gigantesque, il y a un grand bureau avec une chaise. Une double armoire prend le mur opposé au bureau, puis à côté il y a une petite table basse avec une corbeille de fruits. Le tout dans des tons de couleurs sobres. Très agréable.

- Plutôt sympa, tout compte fait, lâche Degling.

- Ouais.

Je me dirige vers la salle de bains. La douche est assez grande, les toilettes ont l'air propres et le lavabo est placé contre un immense miroir.

Je rejoins ma collègue dans la chambre et commence tout comme elle à déballer mes affaires. Elle finit avant moi, s'allonge en travers du lit et attend que je finisse. J'avoue que ça me fait un peu peur et que je ralentis mes mouvements, désorientée. Je finis par lui faire face. Ses yeux bleus parsemés de touches vertes viennent se planter dans les miens. J'ai du mal à respirer, d'un coup.

- Qu'est-ce qu'on fait, maintenant ? demande-t-elle.

Sa voix est plus douce qu'à l'ordinaire. Je ne réponds pas tout de suite, m'efforçant de graver cette douceur dans mon crâne.

- J'en sais rien, qu'est-ce qu'il y a à faire ici ?

Elle me regarde, outrée, comme si je venais de dire LA chose qu'il ne fallait absolument pas dire.

Tu prends le risque ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant