Tu prends le risque ?

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⸺ Elle a fait quoi ? s'exclame Nathalie en arrêtant son geste de porter son café à ses lèvres.

⸺ Elle a dit qu'elle m'aime, répétai-je.

Je tourne dans mon salon depuis plus de deux heures, et Nathalie a eu la gentillesse de venir me rejoindre afin de m'aider à mettre de l'ordre dans mes idées.

⸺ Attends, attends, dit-elle. Si elle t'aime, alors, il est où le problème ? Pourquoi vous êtes plus ensemble ?

⸺ On est de nouveau ensemble... Je crois.

⸺ Alors pourquoi tu angoisses comme ça ?

Je retiens un soupir et porte mes mains à mon visage pour m'agripper les cheveux. Evidemment, je n'ai toujours rien dit à Nathalie concernant le fils de Jennifer, alors il est un peu compliqué de lui expliquer ce qui me fait flipper à ce point. Je me laisse tomber à la renverse sur le canapé en étouffant un gémissement de détresse dans un coussin. Nathalie s'esclaffe derrière moi.

⸺ Sans déconner, Elé, qu'est-ce qui t'arrive ? Tu as eu assez de cran pour te confronter au bulldog qui faisait fuir tout le monde, et tu bats en retraite maintenant que tu l'as apprivoisé ?

⸺ T'as raison..., murmurai-je.

Je tourne la tête et me retourne sur le dos pour me dégager du coussin qui m'étouffait. Je regarde le plafond, plongée dans mes réflexions, mais il est vrai que Nath a raison, et je suis contrainte de l'avouer. C'est vrai, le plus dur est derrière moi, alors pourquoi suis-je si vulnérable ? Parce que je dois rencontrer Mathis... Jennifer a insisté, et je dois me rendre chez elle demain pour ce motif. Ce sera à l'heure du goûter, pour que le petit garçon soit au meilleur de sa forme et qu'il soit parfaitement en état de me juger. Rassurant, n'est-ce pas ?

Nath et moi avons regardé une comédie nullissime afin de nous changer les idées, puis elle est repartie chez elle. Je suis dans mon lit, bien incapable de m'endormir en pensant au lendemain qui risque d'être plutôt agité. D'un côté, je me sens idiote de paniquer autant pour une rencontre avec un enfant. Un gâteau et c'est terminé, non ? Mais si un enfant ne nous sent pas, on peut lui offrir le monde, il n'en voudra jamais... S'il ne m'apprécie pas, mon couple avec Jennifer n'aura aucun avenir et se terminera dans l'immédiat. Ce dont j'ai peur ? Ça. Que son fils soit d'accord pour voir sa mère avec quelqu'un est une chose. Qu'il m'accepte dans ce rôle en est une autre.

Vue l'heure à laquelle j'ai fini par m'endormir, je me réveille presque en retard pour le rendez-vous. Je file sous la douche, sèche mes cheveux, les ordonne correctement. Je me maquille comme à mon habitude et m'habille simplement : un jean et un t-shirt large suffiront pour impressionner un petit garçon de quatre ans. Du moins je l'espère. Par-dessus, j'enfile une chemise à carreaux ouverte, attrape mes clés, mon téléphone portable et me glisse dehors pour m'installer dans ma voiture. Là, je prends de profondes inspirations, les mains posées sur le volant, le regard au-delà du pare-brise, le cœur battant comme un tambour dans ma poitrine. « Calme-toi, c'est un gosse... », me dis-je amèrement. Ouais, un gosse qui tient ma relation amoureuse dans ses propres mains. Un gosse qui peut tout faire basculer. Je soupire et me dirige vers la boulangerie la plus proche pour acheter un éclair au chocolat : Jennifer m'a dit qu'il adorait ça.

Je rentre ensuite l'adresse de Delging dans le GPS, les doigts tremblants sur le clavier tactile. Une voix féminine envahit l'habitacle pour me dicter quelle rue suivre, et mes coups de volants sont nerveux et hésitants. J'aimerais pouvoir faire demi-tour, mais on me fait comprendre que je suis arrivée à destination.

Je mets un temps avant de sortir de la voiture, caressant presque ma portière en la refermant. J'essaye de trouver du réconfort comme je peux tant je suis stressée à l'idée d'affronter le petit garçon. En un mot : je suis pathétique.