17 - FIN

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IMPORTANT : Avant votre lecture, je tiens à vous dire qu'il y a une SUITE à ce récit. Tout est expliqué au volet "SUITE" !

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Le son de ma douce frappe contre le verre rompt le silence nocturne et je retiens mon souffle. A l'intérieur, il y a du mouvement, mais le temps semble s'être étiré et je ne tiens pas en place. Stressée, je passe d'un pied sur l'autre, me mord les lèvres, fais craquer la jointure de mes doigts. Je sais que c'est une très mauvaise habitude, mais l'attente n'a jamais été mon fort, et la tension est insupportable. Que faire si elle m'a reconnue et qu'elle décide de ne pas me rejoindre ? Je soupire, mon cœur palpite sous la pression, puis la fenêtre s'ouvre, et Jennifer passe sa tête par l'encadrement. Elle a les sourcils froncés, les yeux rouges et gonflés. Ils brillent à la lueur des lampadaires alentours, et mon cœur commence à battre plus fort dans ma poitrine. Elle me foudroie du regard aussitôt qu'elle me reconnaît, et je crois qu'elle s'apprête à crier parce que ses yeux se plissent et que son corps se tend. Elle se contient, cependant, et même si je ressens la colère dans sa voix, elle ne risque de réveiller personne.

⸺ Je peux savoir ce que tu fous ici ?

On a fait mieux comme accueil, mais venant d'elle, on a fait bien pire aussi. Ce n'est pas sans rappeler son surnom tenace du bureau – bulldog, qui montre assez bien qu'elle n'est pas vraiment connue pour son sens de l'hospitalité. Voire pas du tout, en fait.

⸺ On doit parler, toi et moi.

Je réponds d'une petite voix, les yeux baissés sur ses mains qui sont crispées sur le rebord de la fenêtre. Je sens la tornade arriver, je sais que je vais en baver, mais tant pis. Je ne peux pas la laisser croire n'importe quoi, je ne peux pas la laisser m'échapper ainsi. Pas pour une connerie de ce type. Je ne me le pardonnerais jamais.

⸺ Donc tu te pointes à quasi trois heures du matin chez moi pour qu'on se dispute ? réplique-t-elle d'un ton froid.

J'ai pourtant bien l'habitude de ses airs ridiculement glacials qu'elle se donne pour faire fuir les gens. Et elle devrait avoir compris depuis le temps que ça ne m'impressionne plus, et que maintenant que je suis ici, je ne compte pas faire demi-tour avec la queue entre les jambes. D'autant plus que je n'en ai pas.

⸺ Je n'ai pas voulu prendre le risque de tomber sur une voix off qui m'aurait dit que le numéro que j'essayais de contacter était indisponible.

⸺ Donc tu viens chez moi en plein milieu de la nuit, logique...

Je sens l'ironie et le reproche dans sa voix mais tâche de ne pas me laisser décontenancer. Elle est agacée, comme souvent, et je ne laisse pas son ton me faire perdre mes moyens. Je n'en mène déjà pas large, mais si je la laisse me désemparer, je suis foutue. Le tout, c'est de ne pas croiser son regard. Les yeux toujours posés sur ses doigts qui pianotent maintenant sur le rebord, je reprends :

⸺ Je... Plus j'attends et plus je prends le risque de te perdre. Et je ne veux pas prendre ce risque-là.

Elle a un rire sans joie, comme si quelque chose était cassé dans la machine. Je comprends alors que ma sincérité ne suffira pas à la faire revenir, et que, comme l'avait prévu Jessica, ma collègue ne se laissera pas faire si facilement. Cela me paraît plutôt logique en fin de compte, elle qui a une difficulté hors normes à faire confiance à quelqu'un. Je comprends tout à fait son état actuel. Le souci, c'est que je ne sais pas comment m'y prendre. C'est vrai, qu'est-ce qu'on est censé dire à quelqu'un qu'on vient de tromper parce qu'il a cru qu'on l'avait fait alors que ce n'était pas encore le cas ? C'est incompréhensible comme situation rien qu'à mes yeux, alors je me vois mal la lui expliquer et lui avouer que j'ai bien failli coucher avec Nathalie suite à son sms, si Jessica n'avait pas eu la merveilleuse idée de me passer un coup de fil. Non, sérieusement, inutile de remuer le couteau dans la plaie, j'imagine. Et puis ça ne s'est pas passé, c'est ce qui importe, non ? Je suis ici, et pas entremêlée au corps de Nath. Pas vrai ?

Tu prends le risque ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant