L'idiot d'en face

Homecoming vu d'en face

Point de vue de Dave:

Allongé sur mon lit, je lance une balle de baseball en l'air depuis plus d'une demi-heure, je commence à m'impatienter. Jason m'a dit qu'il devait faire une course rapide en sortant des cours et qu'il viendrait tout de suite après avoir fini. Je commence à me demander s'il viendra réellement, non pas que sa présence soit indispensable, il est sympa c'est vrai, mais nous ne sommes pas particulièrement proches, je lui ai proposé de passer à la maison pour jouer à la console mais ça n'a rien à voir avec le fait que je l'apprécie, je veux simplement m'occuper l'esprit. 

J'ai l'habitude de passer mon temps libre avec Maya, mais elle a été embarquée dans une virée shopping pour trouver la robe parfaite pour le homecoming demain soir. Une pointe de jalousie me transperce la poitrine quand je me dis qu'elle y va avec Jason, grâce à mon caractère de merde. Je me mords les doigts d'avoir demandé à Lydia de m'accompagner, c'est une jolie fille et d'après nos échanges par textos, je peux dire qu'elle est gentille. Dans une autre vie, j'aurais probablement été attiré par elle, dans une vie où mes rêves ne sont pas hantés par une autre. 

Un bruit sourd me fait sursauter et rater la balle de baseball qui me retombe brutalement sur le front. Le vacarme reprend et je devine que Jason est arrivé et qu'il tambourine à ma porte comme un malade. Quel homme des cavernes, il ne pouvait pas simplement sonner ! Je pousse un grognement en me levant et vais ouvrir à mon invité. 

- Eh ben ! T'as mis le temps ! 

- Ouais, je sais, je suis aller chercher mon smoking pour demain puis voulais acheter une boutonnière à Maya

- Oh, je vois, dis-je en essayant de paraître détaché, sans grand succès visiblement

Jason me regarde, un petit sourire mesquin aux lèvres, il s'assoit par terre et se saisit de la manette de console sans rien ajouter de plus. Puis après quelques minutes de silence relatif, entrecoupé de jurons quand l'un de nous deux marque un but, il se tourne légèrement vers moi pour observer ma réaction et me dit. 

- Et toi ? Lydia ? 

J'ai l'impression qu'il amène le sujet du bal pour me faire enragé, sachant pertinemment que je n'ai aucune réelle envie d'y aller avec cette fille. Je l'ai choisie  parce que je l'ai vu à plusieurs reprises me jeter de petits coups d'œil, je voulais montrer à Maya que j'étais en colère en lui faisant croire que je ne voulais pas aller au bal avec elle, préférant m'y rendre avec Lydia... Alors qu'en réalité, je n'en ai vraiment aucune envie, elle est très jolie dans son style, elle a de beaux cheveux blonds vénitiens, et de grands yeux verts, elle me ferait volontiers craquer si je n'était pas déjà sous le charme de grands yeux bleus emplis de tristesse et de malice. Et cet enfoiré de Jason, le sait, et il en joue pour me faire exploser.

- Ouais, ben quoi ?

- Rien, rien... Toujours décidé à y aller avec elle? 

- Avec qui d'autre voudrais-tu que j'y ailles ? lâché-je sur un ton sec

- Non mais sérieusement mec ! Arrête de te voiler la face ! Je ne vois pas comment tu peux encore prétendre ne rien ressentir pour elle ? Pas après tout ce que t'as fait... 

Je lève la main d'un geste brusque pour le faire taire, il a raison, bien sûr qu'il a raison, mais il ne se passera rien entre nous. J'ai espéré, espéré qu'elle ressente la même chose à mon égard, mais j'ai finalement compris qu'il n'y aura rien de plus que de l'amitié entre nous, je ne peux pas penser autrement après l'avoir vu s'effondrer à la simple mention de Scott. Elle m'a dit qu'elle voulait le tenir éloigné de ses pensées, son seul souvenir lui faire perdre les pédales et la plonge dans un abîme de douleur, on ne ressent ce genre de chose que lorsqu'on perd l'amour de sa vie. J'en sais quelque chose. Comment pourrais-je lutter ? Comment me frayer un chemin vers son coeur quand celui-ci est en morceau, éparpillé à ses pieds? Effacer le souvenir d'un ex, c'est une chose, mais effacer la douleur de la perte définitive et immuable de l'homme qu'elle aime... Je ne sais pas comment faire... Ce n'est pas le genre de douleur que l'on combat avec quelques blagues.