Les yeux toujours clos, je sens la pièce tourner autour de moi, à chaque fois que j'essaye de me tourner dans mon lit, les vertiges augmentent et je suis prise de nausées, j'ai donc décidé de ne plus bouger jusqu'à ce que je me sente mieux. Ce qui, d'après mes calculs, devrait arriver mardi aux alentours de 18h, en attendant je vais rester là sans bouger, me dis-je en remontant la couette sur ma tête. Ce seul mouvement suffit à lancer ma chambre dans un manège infernal, entre les tasses qui tournent et la grande roue qui nous plaque contre le mur.
Là, c'est trop, je crois que je vais vom...
Je n'ai pas le temps de finir ma pensée, qu'il me faut déjà courir à la salle de bain. Après m'être acquittée de cette tache ingrate, je me sens un peu mieux mais décide tout de même de retourner me coucher, un peu de repos supplémentaire me fera le plus grand bien. Je replonge sous les couvertures bien décidée à dormir tout le week-end, parce que je ne me sens pas suffisamment en forme pour faire autre chose, mais aussi parce que je me sens trop honteuse à l'idée de recroiser Nina après tout ce que je lui ai dit hier soir. Peut-être que si je reste ici assez longtemps, elle oubliera tout ce qui s'est passé cette nuit, je l'espère, parce que sinon nos chances de reprendre des relations normales un jour, viennent de s'amenuiser très considérablement. Mieux vaut ne pas y penser pour le moment, je me sens suffisamment mal physiquement pour ne pas avoir envie d'en rajouter. Cette fois-ci la pièce ne tourne plus, ma tête est si lourde qu'elle me semble être en plomb si bien que je me rendors presque immédiatement.
A travers le brouillard ambiant, il me semble entendre des voix, des cris, le bruit d'une porte qui claque, puis quelques temps plus tard j'entend une voiture démarrer devant la porte, mais je ne me réveille qu'au son de "Zombie" par The Cranberries, la sonnerie que j'ai attribué à Dave, en principe je cherche un lien entre une sonnerie et la personne à qui je l'attribue, mais pas cette fois, j'aime simplement la chanson. Je tend mon bras jusqu'à la table de nuit et ramène mon téléphone sous la couverture, hors de question que je sorte de mon cocon.
- Eurgh, quoi?
- Sympa l'accueil ! Bonjour à toi aussi petite fleur
- Oui Bonjour Dave, qu'est ce que tu veux?
- Je voulais savoir si tu étais toujours en vie
- Oui rassure toi, j'ai beaucoup bu mais j'ai déjà connu pire (triste à dire, mais vrai)
- Content de le savoir, mais je me demandais surtout ce que ta tante avait dit de ton état, j'avais pas fait deux pas que je t'ai entendu jurer depuis l'extérieur de la maison
Je tique un peu à la mention de Nina, je n'ai jamais dit à Dave que je vivais seulement avec ma tante, je suppose qu'il a du l'entendre de quelqu'un au lycée mais il n'a jamais cherché à savoir ce qui était arrivé à mes parents, ni même les vraies raisons de mon départ. Je ne sais pas s'il s'en fiche ou s'il attend simplement que ce soit moi qui amène le sujet, mais je suis contente qu'il ne cherche pas à me tirer les vers du nez.
- J'ai crier si fort que ça? Moi qui pensais être discrète...
- Ahah, c'est raté ma vieille ! J'ai pas écouté ce qui s'est passé après mais d'après les cris, je suppose que tu es privée de sortie
Je me redresse péniblement sur un coude, ce qui me vaut un nouveau tour de manège, très léger cette fois.
- Non, pourquoi ?
- Ah bonne nouvelle ! Tu vas pouvoir te promener avec moi ! Allez enfile tes baskets et ramène toi dans la rue
Il raccroche sans me laisser le temps de lui répondre qu'il peut toujours compter la dessus. Je me traîne hors du lit et vais jeter un œil par la fenêtre, Dave est assis sur le trottoir d'en face, il remue du bout des doigts les cailloux entre ses pieds. J'essaye de le rappeler, mais il ne décroche pas, en remettant mon téléphone sur la table de nuit je vois qu'il est presque 16h. Peut-être qu'il a raison, prendre l'air me fera sûrement du bien, je prend une douche rapide et descend à pas de loup dans la cuisine. Personne. Je me détend et profite de l'absence de ma famille pour manger un petit peu et j'attrape une bouteille d'eau avant de sortir affronter la lumière du jour. Je plonge la main dans mon sac et sors ma paire de lunette de soleil.
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L'idiot d'en face
RomanceQuand Maya, 17 ans, se voit obligée de retourner dans la ville où elle a grandit, elle va non seulement devoir affronter son passé et les gens qu'elle a blessé quand elle est partie, sans rien dire, il y a deux ans. Beaucoup de choses ont changé pe...