L'idiot d'en face

Troubles fête

Point de vue Maya:

Dave me tient tout contre lui, une main au creux de mes reins, l'autre emmêlée dans mes cheveux, comme s'il avait peur que je change d'avis. Je voudrais lui dire qu'il n'a rien à craindre, que je n'irai nul part, pas sans lui, mais je ne veux pas rompre la magie de l'instant.

Il m'a fallu du temps pour comprendre, pour arriver à mettre les mots sur ce que je ressentais pour lui, mais j'y suis enfin parvenue et je refuse de renoncer. Pas alors qu'on m'accorde une autre chance d'aimer et d'être aimée en retour. 

Je me sens enfin à ma place. Dans ses bras, je ne pense plus à rien. Je me refuse à entendre la petite voix dans ma tête qui me dit que le moment est de courte durée. J'entends les bruits de pas qui approchent, le grondement de la personne en colère qui avance vers nous pour en découdre mais je choisis de l'ignorer. Je me presse contre lui, comme pour me réfugier dans notre petite bulle, à l'écart de la réalité, là où Jason et Lydia n'ont pas leur place. 

Dave laisse enfin libre court à ses sentiments pour moi, son baiser en était l'expression la plus vibrante et, égoïstement, je voudrais que ça ne s'arrête jamais. Mais, malheureusement, la vie n'est pas si simple. Nous avons des comptes à rendre et, plus tôt nous le ferons, plus vite nous pourrons nous retrouver.

Une main sur sa joue, j'écarte mes lèvres des siennes, sans défaire le contact de nos deux corps. Ses yeux, paniqués, vont et viennent de mes lèvres à mes iris. Comme pour comprendre la raison de cet éloignement soudain. Je lui souris tendrement, pour le rassurer, et lui faire comprendre que je ne regrette rien. Ma bouche trouve la sienne une dernière fois avant de m'éloigner de la chaleur de son étreinte et de reprendre contact avec la réalité. 

La bulle où je me trouvais à l'instant vient d'exploser en un souffle, amenant avec lui la morsure du froid du mois de novembre, qui me fait l'effet d'un million de petits éclats de verre qui viendraient se ficher dans ma chair. Mes pieds heurtent le sol avec force et le moins que l'on puisse dire c'est que le le choc est rude. Nos amis ont désertés le feu de camp, les bruits de pas que j'entendais n'appartenaient pas qu'à une seule personne. Tout notre petit groupe avance vers nous, mené par une Lydia furieuse, qui doit rêver de me refaire le portrait à en juger par les traits tirés de son visage de porcelaine. On dirait qu'elle se prépare pour la guerre et je l'attend de pied ferme. Si je suis celle en tord dans cette histoire, je ne compte pas pour autant me dégonfler. Maintenant que Dave et moi nous sommes trouvés, je ne laisserai personne se mettre entre nous. Les poings serrés, je me tiens prête à l'affronter. 

Dave prend mon poignet et détend mes doigts du plat de la main. Il jette une œillade rapide à sa petite-amie, qui me fonce dessus comme un tank, avant de me faire face, la mine défaite et le regard implorant:

- Maya, s'il te plaît, dis moi ce que ça signifiait pour toi. Dis moi que tu ne vas pas faire marche arrière et retourner dans les bras de Jason. Je ne le supporterais pas...

Mon coeur se serre en entendant la façon dont sa voix se brise en prononçant ces derniers mots. Je voudrais me jeter à son cou, et lui dire que moi aussi, je l'aime, que je l'ai toujours su mais que je refusais de me l'avouer. Pourtant, aujourd'hui quand j'y repense, je me dis que c'était évident. Quelle relation amicale connait tant de haut et de bas en si peu de temps ? Aucune. Il n'y a que la passion qui puisse créer cette sensation de montagne russe sur laquelle j'ai l'impression d'être montée depuis que j'ai rencontré Dave. Je voudrais le rassurer, mais je n'arrive pas à prononcer les mots qu'il a besoin d'entendre, ces trois petits mots qui pourraient faire taire toutes ses inquiétudes. Alors je laisse mon corps parler à ma place. Je prend sa main et entrelace nos doigts pour lui signifier que je ne compte pas l'abandonner. A partir de maintenant, c'est lui et moi, contre tous.