○ Chapitre 3 ○

4.2K 249 23
                                    

Je n'ai pas eu le courage d'affronter le shérif et son fils alors je suis resté cloîtrée dans ma chambre durant tout le week-end. Après avoir une fois de plus refusé de dîner avec mes nouveaux colocataires, je me couchai dans mon lit. Les draps étaient doux et le matelas très confortable. Déjà un point positif ! Mais je n'arrivai toujours pas à dormir. Alors que je descendis dans la cuisine pour prendre un verre d'eau, je vis le shérif assis à la table avec un tas de papiers et une bouteille d'alcool alors qu'il n'était qu'une heure du matin.

— Vous n'arrivez pas à dormir shérif ?

Il leva ses yeux des documents et me jeta un bref coup d'œil pour avoir le temps de ranger sa papeterie sans que je ne puisse voir de quoi il s'agit.

— Tu devrais aller te coucher, Ellyna. Tu as cours très tôt demain. 

Il avait ignoré ma question comme s'il ne voulait pas me donner la raison de son insomnie.

— Est-ce que vous avez des problèmes ? demandai-je en fixant la bouteille

— Quoi ? Un vieil homme comme moi ne peut pas boire un verre ? 

Il me dit ça avec un grand sourire. Mais je ne vais pas laisser tomber. Bizarrement, je m'inquiète pour lui. C'est étrange pas vrai ? Je le connais depuis à peine 10 h.

— Le fait que vous n'ayez pas de verre à votre portée signifie que vous buvez à la bouche. Ce qui, je précise, n'est pas très hygiénique. Vous avez caché vos documents sous la table. C'est comme dans les films. Vous avez des problèmes d'argent et essayez de l'oublier avec ce qui me semble être du bourbon.

Il me fixait, bouche bée. J'avais tendance à impressionner quand je me prenais pour un détective. J'aimais conclure avec quelques petits détails, comme Columbo, mais avec moins de talent et de rides.

— Comment se fait-il que tu t'y connaisses autant en alcool ?

J'ignorai sa remarque et retournai au sujet principal.

— Alors ? J'ai tapé dans le mille ?

Il poussa un lourd soupir et détourna le regard. Je m'assis alors avec lui en prenant la bouteille d'alcool et me servis un verre.

— Pourquoi vous occupez-vous de moi alors que vous n'en avez pas les moyens ?

Il me regarda, surpris de ma question. Il tenta de me répondre mais je voyais dans son attitude que c'est difficile de le faire.

— Ta mère était la meilleure amie de ma femme. Elle a toujours été là pour elle. Et je ne lui remercierai jamais assez.  Et puis, ce  n'est pas forcément des problèmes d'argent, tu sais ?

Je risquai de poser la question qui me trottait dans la tête depuis hier.

— Que lui est-il arrivé ?

Il ria légèrement. Je n'avais pas évoqué son nom mais il savait sûrement que je me poserais des questions sur la nature de son amitié avec ma mère.

— Tu parles beaucoup finalement !

— Vous n'êtes pas obligé de m'en parler. Après tout, je vous ai parlé comme un chien en arrivant.

Vu qu'il essaye de changer de sujet je suppose que je ne pourrai pas en savoir plus.

Tu es une fille bien au fond, Ellyna. Tu as juste besoin qu'on prenne soin de toi.

Je fus surprise de sa remarque. Si je ne suis pas désagréable avec lui c'est seulement parce que je n'y arrive pas. Quelle idiote je fais ! Il s'occupe de moi et j'agis comme une pourrie gâtée capricieuse. Comme l'avait dit ma mère. Je pouvais la détester à certains moments, mais je dois avouer qu'elle avait (tout de même rarement) raison.

— Je vais me coucher. Vous devriez vous aussi, dis-je en me levant.

— Bienvenue à Beacon Hills, Ellyna.





Beacon Hills : Une Nature CachéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant