Beacon Hills : Une Nature Cachée

○ Chapitre 8 ○

Elle était assise sur son lit d'hôpital à fixer le vide. Elle était totalement absente, comme paralysée. Je comprenais ce qu'elle subissait. Elle a peur. Peur de ce qu'elle va découvrir, peur de tirer une conclusion sur ce qu'il vient de se passer. Il y a à peine quelques minutes, j'ai dit qu'elle était un mystère à elle seule. Je crois bien qu'elle n'est même pas informée de ce fait.

Moi et Scott nous approchons d'elle doucement de peur de la brusquer. Elle ne relève pas la tête, ses yeux restent concentrés sur son drap blanc. J'aperçois ses mains tremblantes. Je m'empresse d'en serrer une. Ellyna sursaute à mon toucher et croise mon regard. Aussitôt, elle fond en larmes dans mes bras.

— Écoute Ellyna, fit Scott d'une voix douce, je comprends que ce que tu viens de vivre est très éprouvant mais...

— On le sait. Il pourrait y avoir une explication à tout ça, d'ailleurs. C'est une supposition hors du commun, mais c'est la plus plausible.

— Vous pensez que j'ai simplement déliré ou fait une crise de somnambulisme, n'est-ce-pas ?

— Non, justement, répliquai-je en repoussant doucement Ellyna. Il t'est déjà arrivé de voir ou d'entendre quelque chose de suspect ou d'étrange ?

Elle fronce les sourcils et regarde Scott comme pour lui demander si je suis sérieux. Elle répond, tout de même hésitante.

— Eh bien non, mais pourquoi me poser cette question ? Quel est le rapport avec ce qui se passe ?

— Stiles a bien vu la scène, dit Scott. Tu aurais dû mourir cette nuit. Ce n'est pas normal. Tu n'es pas normal. Tu es déjà tombée malade ?

— Oui, enfin il m'arrivait d'attraper la grippe, mais rien de grave.

Ellyna ne comprenait pas. Une chose est sûre, elle ne sait pas ce qu'elle est. Theo ne peut pas avoir transformé Ellyna en si peu de temps, si ? Il faut plus de vingt-quatre heures pour guérir d'une morsure ou d'une griffe en cas de transformation prochaine. Donc elle est forcément une créature surnaturelle qui a la capacité de guérir. Mais comment se fait-il qu'elle ne le sache pas et que Scott ne s'en est même pas rendu compte ?

J'observe ses cheveux bruns tomber sur ses pauvres épaules affaissés. Elle est complètement crevée, la pauvre.

— Stiles, on ferait mieux de la laisser se reposer.

Scott accorde un regard compatissant à Ellyna avant qu'on sorte de la pièce. Une fois dans les couloirs, mon meilleur ami croise les bras en me regardant avec méfiance.

— Tu me caches quelque chose, Stiles.

Cette phrase ressemblait plus a une affirmation qu'à une question. Scott était un alpha. Comment j'ai pu croire que je pouvais faire en sorte que tout se passe bien.

— De quoi tu parles ?

— Ne me dit pas que tu tombes amoureux d'elle ? Il y a Malia... Et même si tu le nie, il y a Lydia.

J'écarquillai les yeux abasourdis.

— Quoi?! Non ! Je ne tombe pas amoureux d'Ellyna... Je ne suis plus avec Malia et je n'ai jamais été avec Lydia. J'ai attendu assez longtemps pour ça, m'emportai-je.

— Ok... Pas la peine de t'énerver ! Alors pourquoi tu tiens autant à Ellyna.

— C'est toi qui a dit de sauver les gens non ? Tu devrais me comprendre.

— Bien sûr qu'on devrai sauver les gens tant qu'on le peut mais t'agis différemment quand c'est elle qui est en danger. Stiles ! Dis-moi ce qu'il se passe ! T'es mon meilleur pote, tu devrais me le dire. 

Il a raison. Je ne sais même pas pourquoi je voulais omettre une chose pareille. 

Au moment où j'allai lui dire, une voix familière se fait entendre derrière moi.

— STILES ! 

Je me retourne et vois Lydia courir vers nous. Une fois à notre hauteur, elle nous demande l'état d'Ellyna, affolée.

— Elle va bien. Physiquement en tout cas, répondit Scott.

— Mais comment ça se fait que Theo soit vivant ? Comment c'est possible ?

— On demandera à Deaton plus tard, déclara Scott.

— La question que je pose en ce moment c'est comment Ellyna peut être vivante! Je l'ai vu se faire arracher la gorge par cet enfoiré... Et maintenant plus rien ! Plus aucune trace, éclatais-je. Ça me dépasse. Elle ne semble pas savoir ce qu'elle est.

— Stiles, calme toi. On aura nos réponses à nos questions, comme d'habitude, dit Lydia. Donc vous pensez qu'elle est... comme nous ?

— Justement, on n'en a aucune idée. Je l'aurai senti si elle était un loup. 

Lydia soupira et reprit soudainement un air exaspéré.

— Vous croyez que...

— Non, ai-je protesté aussitôt. Les Dread Doctors ne sont plus là. Il est impossible qu'Ellyna soit une chimère.

Du moins, je n'avais aucune envie qu'elle le soit. Je ne réagirais pas sereinement si j'apprenais qu'elle a un quelconque lien avec Theo.

— Où est Malia ? ai-je demandé.

— Elle a eu un empêchement, répondit-elle.

— Bon, on devrait aller voir Ellyna. On l'a laissé seule dans sa chambre sans aucune explication. Et en plus elle sait que je connais Theo. Elle va se poser des questions, répliquai-je.

— Tu penses qu'on devrait lui dire ? Parce que c'est un peu tôt, on la connaît à peine, dit Scott.

— Elle n'est pas dangereuse, seulement perdue... Et si elle n'est pas mise au courant pour le surnaturel, cela pourrait engendrer d'affreuses conséquences. On doit absolument l'aider, déclare Lydia.

— Tu as sans doute raison. Mais je n'accorde plus ma confiance aussi facilement...

C'est vrai que depuis que Theo nous a trahi, Scott s'est promis -nous a promis- de devenir un meilleur alpha et d'être moins naïf. 

— On devrait lui dire, maintenant, dis-je soudainement.

— Quoi? Maintenant ? Genre maintenant ?

— Oui maintenant...

J'entrai en trombe dans la chambre d'Ellyna et elle semblait encore plus perdue que tout à l'heure mais ses lèvres s'étirèrent en un mince sourire en apercevant Lydia vint la prendre dans ses bras.

— Tu tiens le choc, ma belle ?

— Je crois bien. Mais je sais que je serais beaucoup mieux dans mon lit à fixer le plafond à écouter les Twenty One Pilots.

Lydia sourit. Cette image d'elle aussi dévouée et altruiste, me montre à quel point elle peut être une belle personne.

— Ellyna, l'a appelé Scott.

Elle relève la tête et se raidit en voyant le regard préoccupé de mon meilleur ami.

— On doit te dire quelque chose d'important, maintenant.

Elle souffle en fermant fortement les yeux. Je devine qu'elle pèse le pour et le contre. Elle a le choix de fuir la conversation et de ne rien vouloir savoir ou de rester assise à nous écouter dire certaines choses qui pourraient changer sa vie à tout jamais. Quelques secondes plus tard, elle inspire profondément.

— Je suis prête.