Chapitre 2

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Média Vidéo

Kodaline - High Hopes

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Dimanche Soir : Académie de Saint Honoré



Il y a des situations rocambolesques dans la vie. Ce sont ces moments un peu risible, où vous vous étalez comme une pauvre demeurée au milieu de la chaussée, pendant que d'autres ricanent de votre mésaventure. En version, beaucoup plus drôle, ça donne : votre jupe qui se retrouve coincée par inadvertance dans votre string, dévoilant vos fesses nues, laissant le loisir à tous les inconnus de lorgner votre derrière. Oui, il y a ces instants totalement loufoques, où finalement, il vaut mieux en rire.

Puis il y a ce genre de situation : moi, assise en face d'un responsable scolaire – le directeur de l'Académie de Saint-Honoré – le scrutant, comme s'il allait lâcher une bombe à retardement.

Tout ça est ridicule. Complètement ridicule.

Il y a quelques heures à peine, je quittais le foyer social dans lequel je vivais – après une énième dispute avec Monsieur Leveneur. Et maintenant, je suis là, prostrée sur une chaise, comme si la foudre allait s'abattre sur moi. Je ne sais pas exactement pourquoi je suis là. Je ne sais même pas pourquoi, j'ai décidé d'écouter cette voix qui m'ordonnait de venir ici.

Pour être honnête, je me rappelle à peine du trajet jusqu'à cet endroit. Il y avait un plan griffonné, en bas du flyer, m'indiquant l'adresse. Je l'ai suivi, sans réfléchir réellement aux conséquences. Je veux dire, oui, j'avais besoin désespérément de quitter le foyer, mais de là, à venir dans une académie, que je ne connais ni d'Ève, ni d'Adam, c'est totalement aberrant. Et puis soyons réaliste, ne me suis-je pas jeté dans la gueule du loup ?

Pourtant, cette satanée voix dans mon cerveau me répète encore et encore que je suis au bon endroit. J'ai méchamment envie de prendre mes jambes à mon cou, mais primo, je n'ai aucun endroit où aller, et deuxio, c'est le gros bordel dans ma tête.

Entre les problèmes au foyer, et l'évènement bizarre qui est survenu il y a un mois – lors de ma confrontation avec les assaillants de Maxence, je suis complètement paumée. J'ai besoin de réponses. Besoin de savoir ce qui se passe. Et ce murmure incessant dans ma tête me souffle que cet endroit est parfait pour le découvrir. Et si ce n'est pas le cas, eh bien, je retournerai à la rue. À choisir entre ça et ce maudit foyer, je préfère nettement la rue.

Je prends une grande inspiration entre mes dents serrées, tandis que je fixe l'individu devant moi, assis sur son siège, le même qui est venu m'ouvrir quand j'ai sonné à l'interphone. Quelles étaient mes chances que quelqu'un m'accueille à dix-huit heures ? Absolument aucune. Mais voilà, j'ai appuyé sur la sonnette, et je n'ai pas eu le temps de dire ouf que cet homme qui s'est présenté comme Monsieur Delmont - le directeur de l'académie - est apparu.

Il m'a demandé mon prénom, et quand je lui ai répondu, il m'a souri et m'a sommé de le suivre. Moi qui pensais qu'on allait me rembarrer, eh bien non. Je l'ai suivi, en cillant légèrement, les poings crispés. Puis, il m'a désigné un fauteuil, et m'a intimé de m'asseoir sur celui-ci d'une voix assurée. J'avais la nette impression que ma peur se ressentait des kilomètres à la ronde.

Et maintenant, je suis là, face à lui, alors que nous nous fixons, en silence. Ses épais sourcils blancs sont froncés, un léger pli barre son front, tandis que deux de ses doigts soutiennent son menton imberbe. Malgré son visage grave, je sens une certaine bienveillance émaner de cet homme de cinquante ans. Son bureau dégage quelque chose de luxueux, mais aussi chaleureux. Je ne sais pas trop comment décrire cette sensation de sécurité qui m'étreint. Néanmoins, tous mes sens sont en alerte, et j'attends avec une impatience accrue qu'il prenne la parole. Je sais que c'est à moi de prendre les devants, étant donné que je suis celle qui a fait la démarche de venir ici. Pourtant, j'ai l'impression que mon arrivée n'est pas une surprise pour lui. Et encore une fois, je ne sais absolument pas pourquoi c'est le cas.

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