Chapitre 15

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The Lumineers - Ophelia 

Je reste un instant tétanisée, je n'arrive pas à croire qu'Evan vient de poser ses lippes contre les miennes. Ses lèvres sont douces et son baiser passionné. J'ai déjà été embrassé – certes, très peu de fois–, mais jamais avec autant de fougue. Il appuie légèrement ses mains au niveau de mes reins et me presse contre lui. Son odeur m'enivre et j'oublie tout ce qui nous entoure. Je passe mes mains autour de son cou et le laisse me plaquer contre une paroi rocheuse. Il replace une de mes mèches derrière mon oreille et ses doigts s'attardent sur ma joue. La tension qu'il y avait entre nous s'est transformée en quelque chose de plus lourd. De plus étouffant, de plus incompréhensible. Comment peut-on passer de la quasi-haine à ça ? Nos cœurs battent à un rythme effréné et je suis étonnée de sentir le sien battre aussi vite. Battre tout simplement, mais je ne m'attarde pas sur ce fait.

— Léna, murmure-t-il contre mes lèvres.

J'ouvre les yeux et me noie dans les siens. Je cligne des paupières et reviens sur terre.

— Waouh !

C'est le seul mot que j'arrive à prononcer.

— C'était pour quoi ça ? je l'interroge, quelque peu décontenancée.

— Parce que j'en avais envie.

Un peu abasourdie, je mets du temps à reprendre mes esprits.

— Est-ce que tu emmènes toutes les filles ici pour les embrasser ?

— Tu es la seule à qui j'ai montré ce coin de paradis, réplique-t-il en croisant les bras sur sa poitrine.

Puis, un immense sourire éclaire son visage. C'est la première fois qu'il me sourit vraiment depuis que je suis ici. Je dessine de l'index ses douces lèvres.

— Tu es bien plus beau quand tu n'es pas un sale con, lâché-je.

— Si ça veut dire que je suis quand même beau le reste du temps, ça me va.

Je lève les yeux au ciel et cède à l'envie de passer mes mains dans ses cheveux mouillés.

— Alors comme ça, je suis irrésistible ? lui demandé-je en haussant un sourcil.

— Tu ne te rends pas compte à quel point, rétorque-t-il d'une voix suave.

Il me soulève et me dépose sur le rocher derrière moi. Je m'étends, laissant les rayons du soleil pénétrer ma peau alors qu'Evan s'installe à mes côtés. Il attrape ma main et noue ses doigts aux miens. Je ne sais pas à quoi est dû son changement de comportement et ça me perturbe beaucoup. Est-ce qu'il avait envie juste d'un flirt et je suis juste la fille qui était présente à ce moment-là ? Où est-ce que ce n'est qu'un jeu pour lui ? Ces questions tournent en boucle dans ma tête, je ne sais plus sur quel pied danser. Je tourne le visage sur le côté pour pouvoir l'observer. Ça m'étonne toujours de voir que les vampires ne finissent pas en cendre quand ils sont exposés au soleil. Evan est plongé dans ses pensées et son sourire s'est quelque peu évanoui.

— Hey, qu'est-ce qu'il y a ?

— Je ne sais rien de toi.

Je reporte mon attention sur le ciel bleu et ferme les yeux.

— Je ne sais rien de toi, non plus. Nous voilà à égalité.

— Sauf que ça ne me convient pas.

J'ai déjà dit à quel point je déteste parler moi. Encore plus aujourd'hui, car j'ai l'impression que ça risque de briser cet instant. Je soupire et me retourne sur le ventre. La pierre érafle ma peau, mais ça me prouve que tout ça n'est pas un rêve. Je pose ma tête sur mes bras repliés et Evan en profite pour passer son index le long de mon dos. Le bruit de la cascade et du chant des oiseaux à quelque chose d'apaisant. Je pourrais passer une éternité ici, sauf qu'à un moment j'aurai faim et je ne me vois pas pécher et faire griller un poisson sur un feu que j'aurais réalisé. L'état sauvage ce n'est vraiment pas mon truc.

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