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Yael naim - lonely
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Lundi
Je n'ai pour ainsi dire, pas fermé l'œil de la nuit. Les derniers mots de Monsieur Delmont ont tourbillonné en boucle dans ma tête. Réfléchir, je n'ai fait que ça ! Le peu de fois où je suis parvenue a trouvé le sommeil, j'ai rêvé que j'étais une sorcière au nez crochu volant sur son balai avec un chapeau pointu vissé sur le sommet de mon crâne. Quand il n'était pas question de cela, il s'agissait de former un cercle avec d'autres sorcières tandis qu'au milieu d'un pentagramme était posé un sceau rempli de grenouilles mortes. J'ai rompu le cercle et les autres femmes se sont tournées vers moi. Toutes étaient des clones de ma personne, s'avançant vers moi comme si j'étais le prochain sacrifice. Carrément flippant. Je me suis réveillée haletante et en sueur. Depuis, je fixe le plafond en quête de réponse. J'ai toujours su au fond de moi que j'étais différente, mais il y a un écart énorme entre avoir des doutes et le fait qu'une autre personne vous apporte un soupçon de preuves.
Tu es une sorcière, m'a soufflé le directeur de l'académie.
C'est assez bizarre, vous savez, cette impression de se sentir à la fois totalement différente, mais de voir que rien n'a réellement changé en apparence. Je ne sais pas si effectivement c'est une bonne chose, mais tout ce que je peux dire, c'est que cette Académie est censée m'amener toutes les réponses.
J'entends de l'agitation dans le couloir, je suppose que c'est le signal pour dire qu'il est temps de se lever. Mais, je n'ai pas la moindre envie d'affronter ce qui m'attend derrière ces murs.
Tu dois le faire, murmure une voix à mon oreille.
Sandrine s'assoit sur son lit, et je constate avec humour ses yeux encore voilés par le sommeil, ses cheveux qui partent dans tous les sens, ainsi qu'une marque d'oreiller qui apparaît sur sa joue. Je réprime difficilement un sourire à sa vue. Elle paraît tellement attendrissante et inoffensive comme ça.
— Tu as bien dormi ? me demande-t-elle un pli au milieu du front.
— Pas vraiment, marmonné-je.
— C'est normal, c'est ta première nuit. Tu verras, avec le temps ça ira mieux.
Je hausse les épaules. Je sais qu'elle cherche à me rassurer, mais je ne peux m'empêcher d'être dubitative. D'un côté, je sais qu'elle a raison, mais de l'autre, mon expérience en foyer me prouve que demain n'est pas toujours un jour meilleur.
— Au fait, il y a un détail que je n'ai pas mentionné, dit-elle en s'étirant. On porte des uniformes. Tu trouveras les tiens dans ton armoire.
Une moue de dégoût s'affiche sur mon visage à la fin de sa phrase, je n'ai jamais été fan des uniformes. Je me lève et m'attends au pire en ouvrant les portes. Tout un côté est occupé par la tenue obligatoire et un espace libre a été dégagé pour que je puisse y mettre mes affaires. Je souffle un bon coup et prends mes vêtements de rigueur, qui se compose d'une jupe écossaise bleu marine arrivant au-dessus des genoux, d'une chemise d'un blanc immaculé, d'un gilet assorti à la jupe, d'une cravate et des ballerines noires à ma taille. Un écusson a été cousu sur le revers du gilet, enfin c'est ce que je crois jusqu'à ce que je passe mes doigts dessus. C'est plus comme si c'était une partie intégrante du vêtement. Mes yeux s'agrandissent d'étonnement lorsque je vois que mes initiales sont inscrites juste en dessous de l'écusson. Un indice de plus qui me prouve que je ne suis pas dans un lycée normal. Sandrine patiente devant la porte ouverte pour me montrer le chemin jusqu'aux douches.
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Le Cercle [ EN PAUSE ]
FantasyLa vie n'a pas toujours souri à Léna Hall. Âgé aujourd'hui de dix-sept ans, le destin va lui donner une seconde chance d'exploiter ses capacités cachées. Et c'est à l'Académie Saint Honoré, dans un coin reculé en France, qu'elle va se reconstruire...