chapitre 4

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Mes intrusions dans ce club devinrent une habitude. Nous tenions toujours nos rôles avec Emma parmi nos services mais en privée, c'était devenu une véritable guerre.

Finalement, elle avait encouragé quiconque voulait croire à une concurrence féroce autour du clan Aftagan. Comme nous n'arrivions pas à les arrêter, elle n'eut aucun mal à trouver des gens qui cherchaient une autre option. Je devais rester discret mais j'avais bien remarqué que ce faisant, elle essayait aussi de trouver quelle serait ma prochaine cible. Elle avait l'art de mettre à profit toutes les ressources des renseignements généraux. Je la fusillai même du regard quand elle proposa directement plusieurs noms. Si elle croyait que j'allais gentiment suivre ses intentions, elle se trompait.

Dans un premier temps, je n'avais pas l'intention de renouveler l'expérience d'éliminer un membre de son clan. Je voulais seulement de la suivre pour obtenir davantage d'informations. J'avais réussi à la coincer sur cette histoire de tunnel pour transférer la drogue. Elle n'avait rien pu dire au bureau mais je reçus plus de menaces que j'aurais pu en imaginer le soir même. Pourtant, j'étais bien loin de perdre mes moyens cette fois. J'étais en train d'arriver à ce que je voulais : la faire tomber. Si elle voulait rester aux renseignements généraux, qu'à cela ne tienne, mais je pouvais tout aussi bien la coincer que l'inverse. Visiblement, cela l'amusait beaucoup moins que de faire des allusions sur cette rixe entre mafia.

Je suppose que me voir sourire ne fit que l'énerver davantage. Ce n'était pourtant pas prémédité. Je ne m'attendais tout simplement pas à la découvrir si vulgaire à la limite de l'hystérie. C'était quelque chose que je ne connaissais pas chez Emma. Elle avait pour habitude d'être toujours d'humeur égale en toute circonstance. Au pire, elle pouvait se montrer un peu sarcastique. C'était le jour et la nuit depuis que je savais qui elle était. Elle devenait parfois une véritable tornade à laquelle je n'étais pas habitué mais quand je n'étais pas en position difficile, ce n'était pas si effrayant. A vrai dire, je préférais ça à la voir pleurer.

Elle finit par se calmer et peut-être comprendre que le jeu venait de prendre une autre tournure où nous pouvions très bien perdre l'un comme l'autre. Au moins, j'avais rétabli un équilibre. J'eus droit à un magnifique silence avant qu'elle claque de nouveau la porte.

Je ne la suivais pas ce soir-là. Je restais plonger dans mes notes. J'avais été impressionné de la facilité avec laquelle j'avais obtenu des informations et réussi à modifier l'organisation du clan. Je savais que demander l'autorisation aux renseignements généraux de faire une telle filature ne donnerait lieu qu'à un refus. Ils devaient prendre en compte les risques pour l'agent et ceux d'une telle opération étaient trop importants. Je l'avais très bien senti. Je n'étais pourtant pas suicidaire mais j'étais coincé avec Altara Ronari chez moi. Il fallait bien que j'agisse.

Je gardais ce « merci » dans la tête en me promettant de ne jamais plus l'entendre. J'avais vu un certain nombre de personnes régulièrement autour d'elle en la suivant plusieurs fois. J'avais fait mes propres recherches. J'étais convaincu de pouvoir fragiliser le clan par petites touches et Altara était coincée. Si elle me tuait en représailles, elle perdrait sa couverture.

Cet objectif me permit de rester concentré alors qu'elle était constamment entourée d'hommes qui la lorgnaient avec plus ou moins d'intérêt. Elle avait raison. J'avais du mal à garder mon calme dans ce genre de situation. Je l'avais vu avoir plusieurs apartés avec un homme qui aurait pu être son père, si je n'avais pas découvert que son père naturel était mort d'une rixe 20 ans plus tôt. Je m'étais donc renseigné sur cet homme. Il était nommé dans plusieurs rapports, notamment comme proche de l'ancien chef du clan. J'avais ma prochaine cible.

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