Chapitre 5

13 1 0
                                    

Le weekend seul fut un enfer si bien que je finis mon dimanche après-midi par plusieurs heures dans la salle de boxe à passer mes nerfs sur un sac de frappe. Le gérant vint même me demander si tout allait bien. Je lui avais répondu rapidement. Je me demandais bien comment il réagirait si je lui annonçais la bouche en cœur que ma femme était le chef d'un clan mafieux et qu'elle était enceinte. Une peur irrépressible d'être écarté de toute cette affaire sans avoir le choix, alors qu'il s'agissait bien de mon enfant, ne me quittait pas.

J'avais essayé de la voir comme un monstre. Je l'avais bien découvert presque hystérique et avide de jeux malsains mais je retrouvais constamment des choses connues. Je n'arrivais plus à savoir si c'était son jeu d'infiltration ou sa vraie personnalité. J'avais aussi découvert des fragilités et ça, je ne m'y attendais pas. J'avais toujours vu Emma gérer toutes les situations, même celles où la plupart des gens auraient abandonné, peu importe les conséquences. Elle était d'une trempe peu commune et même si cela ne me plaisait pas beaucoup, c'était peut-être aussi la raison pour laquelle elle était chef de son clan. J'avais été le premier à l'admirer pour sa détermination et son intelligence. C'était pourtant ça qui m'avait berné.

Je n'arrivais à m'en détacher peu importe les dossiers de trafic que je relisais. Le clan Aftagan avait même remis au goût du jour un esclavage en bonne et due forme sans s'en cacher. C'était abject alors pourquoi n'arrivais-je pas à la voir comme un monstre ? Elle avait caché des armes dans notre appartement. Elle m'avait ouvertement menacé sans demi-mesure. Elle m'avait même traité de tous les noms. Je ne m'étais jamais cru aussi masochiste.

Et voilà que maintenant, j'avais une peur bleue de la perdre. J'avais fait des recherches sur ses histoires d'hémorragie lors d'accouchement, ce qui avait donné lieu à une première séance intensive de frappe. Mais maintenant, j'avais peur qu'elle prenne une décision définitive sur laquelle je n'aurais aucune prise. J'étais prêt à la traquer jusqu'à l'autre bout de la terre si elle essayait de disparaître dans un tel moment.

Le lundi après-midi, je clôturai un peu abruptement mes dossiers sur lesquels je n'arrivais pas à me concentrer. Je marmonnai que j'allais voir Emma pour quitter le bureau en milieu d'après-midi. Nous avions convenu de lundi soir mais je n'y tenais plus.

Je ne me garai pas trop près de l'appartement dans lequel je l'avais laissé pour rester discret. Je m'étais même changé, mais je gardais une arme sous ma veste. Je frappai nerveusement à la porte. Quand cet homme m'ouvrit, je le regardai à peine pour scruter l'appartement derrière lui. Il me dit d'entrer tranquillement. Je m'exécutai avant de voir Emma presque comme je l'avais laissé 5 jours auparavant. Elle avait l'air un peu plus reposée mais je n'eus pas le droit à un sourire. Un bruit de clés interrompit notre silence. Je jetai un coup d'œil à cet homme qui s'habillait pour sortir.

« Je vous laisse, me dit-il sans jeter un coup d'œil à Emma. Je ne veux juste pas qu'elle te mente sur deux-trois points. Elle est enceinte de 4 mois et demi, c'est un garçon et il n'y a aucun doute que tu es le père, comme il n'y a aucun doute qu'elle ne peut pas avorter. A tout à l'heure, finit-il par lui dire avec un signe de main. »

Je fus surpris qu'il ne tienne même pas compte du regard noir qu'elle lui adressait, mais je dus retenir un sourire. J'allais avoir un fils. J'éteins immédiatement mon enthousiasme. La situation était simplement horriblement compliquée.

Je ramenai mes yeux vers Emma qui semblait égale à elle-même mis à part que je n'eus pas le droit à un sourire de convenance. J'hésitai à m'asseoir. Elle avait l'air décidé. Du peu que j'avais encore de certitude sur elle, cela voulait dire que je n'aurais qu'une étroite marge de négociation. Je la vis serrer un poing en détournant le regard avant d'essayer de se détendre de nouveau.

MenteuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant