Menteuse

Chapitre 8

Je continuais donc d'attendre qu'Altara accouche. J'avais été silencieux plusieurs jours après les explications de Mark pendant mais je m'étais fait une raison. Il avait raison. Emma était Altara et vice versa. Ce n'était pas un personnage qu'elle s'était créée. Seul le prénom changeait et son environnement. Elle n'avait pas besoin de faire preuve d'autant de dureté aux renseignements généraux, tout comme proposer un café à quiconque au sein du clan Aftagan serait sûrement mal interprété. Je ne pus que me rendre compte de mon ignorance sur sa vie courante mais je ne pourrais la découvrir qu'à la naissance de mon fils.

Je retournai tous les jours dans cette salle de frappe mais je m'arrêtai avant de tomber. C'était ma manière de mesurer mes progrès. Mon petit coup d'éclat avait décidé Mark à prendre les choses au sérieux. Je ne pouvais pas m'empêcher de croire qu'il avait une idée derrière la tête. Alors qu'il me répétait que beaucoup de gens voulaient m'abattre, il semblait vouloir sincèrement m'aider. Je n'appris pas grand-chose de lui, si ce n'était que c'était l'ancien chef qui souffrait d'une maladie chronique qui l'avait convaincu de quitter l'hôpital de renom dans lequel il travaillait pour s'occuper exclusivement de lui. Je soupçonnai une histoire de gros sous mais finalement Mark était resté ici pour s'occuper de tous ceux qui en avaient besoin. Il était d'ailleurs le seul médecin interne au clan.

Au bout de trois semaines, je réussis à passer une heure en face de ce sac de frappe. J'étais plus que satisfait. Je ne pourrais pas me défendre pendant des heures mais je sentais de nouveau mes forces et une grande partie de mon agilité. Pour l'instant, je ne savais pas quoi en faire mais je préférai me tenir prêt aux vues des mises en garde que j'avais reçu.

Je revins tranquillement dans la salle d'opération quand j'entendis des pas derrière moi. En alerte, je me retournai en essayant de rester calme. Un homme de petite taille me suivait, un sourire torve sur les lèvres. Je le toisai facilement d'une vingtaine de centimètres mais cela ne l'empêcha pas de me reluquer comme un morceau de viande sans même se présenter.

« Quoi ? Finis-je par dire sans cacher ma méfiance.

- Une très belle pièce, me dit-il tranquillement. Allez, suis-moi.

- Pardon ? Relevai-je sans bouger d'un pouce. »

Il revint vers moi en sortant de sa ceinture, un large poignard cranté couvert de sang séché.

« Thomas, c'est ça ? Reprit-il en plissant les yeux. Si on ne t'a pas prévenu, ta liberté ne t'appartient plus alors tu vas me suivre bien gentiment... Ou pas, ajouta-t-il en relevant son arme. »

Je le dévisageai en cherchant comment me sortir de cette situation. Il y avait de grandes chances pour qu'il s'agisse de l'un de ces marchands d'esclaves dont Mark m'avait parlé mais je ne pouvais pas vraiment jouer les convalescents en sortant d'une salle de frappe. Seulement, j'étais quand même fatigué et je n'étais pas certain de pouvoir m'occuper de cette arme sans la moindre égratignure.

J'entendis une porte s'ouvrir derrière moi tout à coup avant que des pas pressés nous rejoinnent.

« Qu'est-ce que tu fous là ? Cracha Mark à l'homme devant moi.

- Je m'occupe des prisonniers, lui répondit-il, et c'en est un.

- Il n'est... Tenta Mark avant de me lancer un coup d'œil. »

Il hésita. Il était évident que je n'avais plus l'air en convalescence. Ce n'était pas la peine de mentir. Je préférai, pour ma part, m'en tenir au silence. Je ne savais pas où je mettais les pieds.

« Il est à Altara, rétorqua-t-il ouvertement sans que je sache s'il considérait vraiment que c'était le cas.

- Ah bon ? Releva-t-il. Elle l'a acheté ? A qui ? »