Chapitre 7

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Ce que j'avais pris pour une salle d'opération fut ma chambre pendant les semaines suivantes. Les premiers jours après mon réveil, je n'arrivai pas à rester éveillé plus de dix minutes d'affilé avant qu'un mal de tête atroce m'assaille. Mark, qui faisait office de médecin pour certains pontes du clan Aftagan selon ses dires alors qu'il devait être un chirurgien d'exception pour avoir réussi à sauver mon cerveau dans son intégralité, passait ces dix minutes à essayer de me faire parler. Il avait d'ailleurs essayé plusieurs techniques pour me provoquer et tenter d'avoir un mot de plus. Seulement, cela n'avait pour résultat que de me faire serrer les mâchoires ce qui n'aidait pas pour articuler. Il avait fini par arrêter en me disant que je n'étais pas encore en état pour aller me défouler sur un sac de frappe.

J'avais l'impression d'être un livre ouvert pour lui alors que je n'arrivai rien à dire de consistant et que je ne le connaissais que depuis une semaine. Je n'eus la réponse que quelques semaines plus tard.

Au bout d'une semaine, il m'aida à essayer de me redresser. J'eus l'impression que la pièce fit trois fois le tour sur elle-même au premier essai. Il me fallut une semaine entière pour y arriver seul, et une de plus pour sortir enfin de ce lit. Je découvris d'ailleurs que j'ai relié à deux poches qui avaient soulagé mes besoins vitaux sans me demander mon avis. Je mangeai enfin complètement par moi-même même s'il avait fallu que j'emploi des trésors de dissuasion malgré mon élocution limitée pour le convaincre que j'y arriverai.

J'eus enfin le droit à me mouvoir par moi-même à l'aide d'un déambulateur rouillé. Au bout de trois jours, je fus libéré de ces satanées poches.

Mark était toujours dans mon dos. A priori, j'étais son seul patient du moment, si bien qu'il passait son temps à discuter tout en me demandant de faire un pas de plus. Il stimulait aussi bien mes fonctions physiques qu'intellectuelles. J'avais l'impression que ses limites étaient les miennes au jour J sans qu'il n'ait une véritable idée du temps que je mettrai à m'en remettre.

Au bout d'un mois, j'arrivai à aller aux toilettes sans aucune aide, à manger seul et à tenir une conversation normale. J'avais encore d'atroces maux de têtes mais je ne m'en souciais pas vraiment. Je voulais récupérer au plus vite et tenter de discuter avec Emma.

« Tu as le temps, me répéta Mark. Altara n'accouchera pas avant au moins deux mois. »

Je ne répondais pas, fixé sur ma propre stratégie.

« Eh, tête de mûle, me reprit-il en m'attrapant le bras fermement, tu te ferais désarmer par un enfant de cinq ans alors... »

Je retirai mon bras sans ménagement et lui adressai un regard noir. Je vis sa surprise. J'en avais assez d'être traité comme un impotent. Je ne savais rien de la situation en dehors de cette salle d'opération. Pendant un instant, je me dis que je pourrais certainement facilement m'enfuir de ce lieu.

« Suis-moi, me dit-il tout à coup sans explication. »

Il se dirigea vers une des portes de la salle. Je restai concentré pour le suivre sans tituber. Cela me demandait une attention encore constante mais j'arrivai à faire illusion. Je ne pensais pas l'avoir convaincu d'un geste mais je n'étais pas mécontent d'un peu d'air frais.

La porte donnait sur un long couloir. Je compris que nous étions dans un sous-sol. Il ouvrit la quatrième porte sur la gauche et m'invita à entrer. La pièce était vide, le sol fait de terre sèche uniquement et au beau milieu, pendait au bout d'un crochet, un vieux sac de frappe. Je jetai un coup d'œil intrigué à Mark qui entra à son tour avant de fermer la porte à clé. Je devins immédiatement méfiant. Il s'approcha du sac et se positionna à l'opposé de ma direction en maintenant le sac.

MenteuseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant