Détenu.

Des retrouvailles ou un arrangement.

Cette voix... Dérangeante et agréable à la fois. Elle raisonne dans cette pièce à peine éclairée, j'arrive à peine à le voir assis sur son lit à l'autre bout de la pièce. Le bout de sa cigarette allumée éclaire légèrement son visage, il affiche un grand sourire. Je pourrais rester des heures à l'observer et à me demander ce qu'il se passe dans sa tête de cinglé, je suis à la fois fasciné et écœuré. Seulement... Pense t-il pareil de moi ? Ou au contraire me voit-il comme un mec banal ? Il écrase sa cigarette en expirant la fumée toujours en souriant. Je le détail, il n'a pas changé depuis toutes ses années, des cheveux aussi noirs que son âme, des yeux bleus à en faire tourner la tête, des traits de visage assez sérieux, une légère barbe noire mal rasée et une cicatrice sur son œil droit. Il porte lui le numéro 100 sur son tee-shirt.Il se lève et pose sur sa tête un chapeau... Mon chapeau. J'aurais pourtant dû m'en douter. Il s'avance lentement vers moi, il est terriblement confiant.

- Alors ? Je t'ai manqué ?

Je le regarde sourire comme l'enfoiré qu'il est. Je ne sais pas quoi lui dire, non pas qu'il me fait perdre mes moyens loin de là mais je ne sais juste pas quoi lui dire. Il est bien le seul à me faire cet effet.

- Tu as perdu ta langue ?

Si seulement il savait ce que cette même langue vient de faire quelques minutes plus tôt.

- Je suis déçu... Pas même une remarque ? Pas une réplique cinglante à me lancer ? Pas une blague sur cette situation plus que ridicule ? Tu m'as pourtant habitué à mieux Tommy.

- Ne m'appelle pas Tommy.

- Oh je t'en prie... Tu as failli me crever l'œil tu me dois bien ça.

- Je ne te dois rien... C'était totalement volontaire.

- Tu as donc bel et bien raté ton coup... Tu es donc bien un incapable.

Que ça fait du bien de parler avec quelqu'un qui a de la repartie... Même si j'ai juste envie de le tuer. Là, maintenant.

- Si je le voulais je pourrais te tuer sur le champ.

- Menteur... Tu l'aurais déjà fait... Et moi aussi d'ailleurs.

- Contrairement à ce que tu penses je ne suis pas ton ennemi Arthur.

Il se retourne en rigolant, putain ce mec est mon portrait craché... Il est juste cinglé et moi non.

- Je cite... "Tu es la pire chose qui me soit arrivée, si j'avais le choix entre te laisser crever et avoir une nouvelle bagnole je serais déjà en vacances à l'autre bout du pays à l'heure qu'il est". Énonce t-il en retournant s'asseoir sur son lit.

- Tu es susceptible aussi.

- Qu'est ce que tu fais là ?

- Un gardien m'a accompagné et...

- Je ne te parle pas de ça crétin. Qu'est ce que tu fais là... En taule ?

- Même les meilleurs se font avoir. Je te retourne la question... Qu'est ce que tu fais là ?

- Ces enfoirés sont venus m'arrêter chez moi en pleine nuit...

Je rigole légèrement en le méprisant.

- Débutant.

- Moi au moins je ne me suis pas dénoncé.

- Comment tu sais ça ?

- Je sais tout Thomas, tu devrais le savoir.

Il rigole en me lançant mon chapeau à mes pieds, je le ramasse en me baissant doucement toujours en le fixant. Je le repose sur ma tête, il est quand même mieux là. Bon, il ne faut pas que j'oublie pourquoi je suis là.