Chapitre 1: Ondes

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« Si tu perds une bataille... la guerre est loin d'être finie... parfois le vide s'installe... ne pas en avoir peur... ce vide est plein de richesse pour l'oreille aiguisée... un temps de respiration... le calme avant le tumulte... »

Sept ans plus tard...

   J'étais debout, immobile, les pieds solidement ancrés dans le sol bétonné et les yeux mi-clos, cherchant à déterminer la fréquence des vibrations et leur origine.

Zzzzz.............Zzzzz.............Zzzzz.............Zzzzz.............Zzzzz.............Zzzzz.............Zzzzz

  C'était cadencé... répétitif.... strident...

— Alors ? intervint une voix grave à ma gauche.

   Je tournai légèrement la tête et jetai un regard noir à mon ami adossé au mur, à quelques pas de moi.

— La ferme Axel, répliquai-je. Tu me déconcentres.

   Je fermai entièrement les paupières pour me couper du monde et focaliser mon attention sur les grésillements feutrés.

Zzzzz.............Zzzzz.............Zzzzz.............Zzzzz.............Zzzzz.............Zzzzz.............Zzzzz.............Zzzzz.............Zzzzz.............Zzzzz.............Zzzzz.............Zzzzz.............Zzzz

— Des ondes radio... murmurai-je.

   Axel ne répondit pas. J'ouvris un œil, il avait baissé la tête et fixait le chronomètre dans sa main, un sourire flottant sur son visage métissé.

— C'est ça ? l'interrogeai-je.

— Quelle distance ? demanda-t-il sans lever les yeux.

   Je me concentrai à nouveau sur les vibrations, essayant d'ignorer tous les autres sons que j'entendais.

Zzzzz.............Zzzzz.............Zzzzz.............Zzzzz.............Zzzzz.............Zzzzz.............Zzzzz

   La fréquence était très basse, c'était une antenne radio et elle était loin, au moins une soixantaine de mètres d'ici. A partir d'une certaine distance, je percevais les ondes comme des vagues invisibles me traversant. Il y avait un certain intervalle entre chaque vague, plus il était grand, plus la source était éloignée.

— Quatre-vingt mètres ? tentai-je.

— Quatre-vingt-cinq. Mais tu n'étais pas loin.

   Je soupirai et joignait mes mains sur ma nuque, je me tournai vers lui.

— J'ai mis combien de temps ?

— Dix-huit secondes, c'est pas mal.

   J'étais passé à deux doigts de battre mon record, peut-être même aurais-je réussi si Axel n'avait pas parlé.

— Tu veux réessayer ? me proposa-t-il.

   Je secouai la tête négativement.

— Non, je dois rentrer, ma mère m'attend.

— OK, on se voit demain alors ? Je crois que Clément sera là aussi.

   Je me penchai pour attraper ma veste posée sur le dossier d'une chaise.

— Je vais essayer de venir, mais je ne te promets rien. Je te préviendrai si j'ai un contretemps.

   Il hocha la tête, je le saluai d'un signe de la main et me dirigeai vers la sortie. Dehors, le soleil commençait à peine à disparaître derrière les habitations situées un peu plus loin. D'ici, je pouvais discerner les ondes omniprésentes des différents appareils électroniques, mais ils étaient trop loins pour que je puisse les distinguer les uns des autres.

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