Chapitre 17: Captifs

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Ça devait faire au moins une heure qu'on roulait. Il y avait beaucoup d'embouteillages, j'écoutais tous les bruits des moteurs autour de nous. Je n'étais pas particulièrement pressé de subir leurs interrogations, mais je commençais à trouver le temps long.

Je tentais tant bien que mal de ne pas m'affaler à chaque secousse. Il n'y avait aucun siège, j'étais assis contre la paroi du van, les yeux mi-clos. Face à moi, Charlotte était allongée, elle regardait le plafond en faisant tourner sa bague sur elle-même.

- Tu penses qu'ils vont faire quoi à ma famille quand ils découvriront qui je suis ? l'interrogeai-je. Je suis encore mineur, ma mère risque d'être emprisonnée aussi et ma sœur se retrouvera seule.

Elle haussa les épaules sans tourner la tête dans ma direction.

- Ils ne lui feront rien. Ils n'ont aucun moyen de savoir qui tu es.

Je fronçai les sourcils.

- Qu'est-ce que ça veut dire ?

- On a effacé tous les données te concernant moins d'une heure après que tu ais rejoins l'Association. S'ils prennent tes empreintes digitales, ils ne trouveront rien. Légalement, tu n'existes plus.

- Sérieusement ? Et personne n'a jugé utile de me le dire ?

Elle rigola en secouant la tête.

- On ne pensait pas que tu allais te faire arrêter si tôt.

Je pouvais déjà rayer le problème famille de ma liste. Il ne me restait plus que réussir à tenir sa langue pendant l'interrogatoire et trouver un moyen de s'enfuir. Ah oui ! Veiller à ce que le frère d'Eliott reste en vie aussi. Enfin, j'allais avoir du mal à m'occuper de ce point-là.

En réalité, j'avais plutôt peur qu'ils ne m'envoient pas en prison. J'avais seize ans, mais étant donné que je n'avais pas de parents légalement, je risquai fortement d'être jugé en adulte. Et la peine que j'encourais pour avoir rejoint l'Association était la mort.

Je me mordais l'intérieur de la joue avec anxiété, un goût métallique envahit ma bouche, mais je n'y fis pas attention. Je bougeais ma jambe sans m'en rendre compte et prenais de grandes inspirations. On approchait, je le sentais. Le nombre d'ondes avait brusquement augmenté, il y avait beaucoup de monde dans les environs, on devait être au centre-ville désormais.

- Arrête de stresser, grogna Charlotte. Ça ne sert à rien.

Je lâchai un rire nerveux.

- Désolé si j'ai peur d'être condamné à mort.

Elle soupira et tourna enfin la tête dans ma direction.

- Ils ne vont pas te faire de mal, Samuel. Pas avant plusieurs semaines.

- Ouais, enfin en théorie. Tu sais très bien que les procès ont tendance à être un peu bâclés quand il est question d'élémentaires.

Elle secoua négativement la tête.

- Pas quand l'Association est impliquée. Ils vont nous garder longtemps, tu vas voir.

Je ne savais pas si c'était rassurant ou, au contraire, effrayant. Ils allaient nous interroger pendant des semaines, est-ce que j'arriverais à tenir le coup ? De toute façon, je ne risquai pas de révéler grand-chose étant donné que je ne savais presque rien. C'est surtout Charlotte qui allait devoir surveiller ce qu'elle allait dire, mais je ne me faisais pas trop de soucis pour elle.

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