Chapitre 18: L'interrogatoire

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Le commissariat était beaucoup plus animé que la veille. Je vis des dizaines de policiers mais, eux, ne m'accordaient presque jamais un regard. On aurait dit qu'ils étaient habitués à capturer de nouveaux élémentaires.

Je regrettai amèrement de ne pas savoir utiliser les vibrations à des fins offensives. Je savais que c'était possible, mais je n'avais aucune idée de la manière dont j'étais sensé m'y prendre. Ça faisait des années que j'essayais sans y parvenir, je ne comprenais pas comment ce pouvoir fonctionnait.

Dans un couloir, on croisa deux hommes qui escortaient une troisième personne. Il me fallut un instant pour la reconnaître.

- Charlotte ?

Elle releva la tête dans ma direction. A mon grand soulagement, elle ne semblait pas être blessée. Du moins, pour l'instant. Où avait-elle passé la nuit ? Elle n'avait tout de même pas pu être en interrogatoire tout ce temps, c'était inimaginable ! De toute façon, même s'ils la questionnaient plusieurs jours non-stop, elle ne révélerait rien. Cette fille était une élémentaire de l'Esprit, ils n'arriveraient jamais à la faire craquer. C'était elle qui manipulait les gens, pas l'inverse.

J'aperçus l'ombre d'un sourire sur son visage quand elle me vit.

- Aie confiance en toi ! chuchota-t-elle après m'avoir dépassé de quelques mètres.

Elle avait parlé tellement bas que j'avais dû être le seul à l'entendre. Je me retournai, mais ils avaient déjà disparu à l'angle du couloir. On m'emmena alors en salle d'interrogatoire, je tentais de maitriser mes battements de cœur.

L'homme me fit asseoir sur une chaise en fer face à un bout de la table. Je sentis un métal froid autour de mon poignet. Quand je tournai la tête, l'homme referma la menotte, puis attacha l'autre à l'accoudoir du siège.

Je levai ma main attachée et jetai un regard ennuyé à l'homme.

- C'est vraiment nécessaire ? soupirai-je.

- Je croyais t'avoir prévenu que c'était nous qui posions les questions ici.

Il fit volte-face et quitta la salle, me laissant seul dans la pièce. Devant moi, il y avait une vitre. De mon côté, je ne pouvais pas voir à travers mais je savais qu'il y avait des gens derrière, j'entendais leurs voix.

Je me laissai tomber sur le dossier du siège en me demandant combien de temps j'allais devoir attendre ici. Je pris une grande inspiration, il fallait que je reste calme. Si je paniquais, c'était fichu.

Des bruits de pas retentirent dans le couloir. Je tournai la tête pour observer le nouvel arrivant, c'était bien celui que je m'attendais à voir. Le chef avec les deux cicatrices sous l'oreille.

- Bonjour, Quentin.

C'était le nom que je lui avais donné quand il m'avait demandé comment je m'appelais. Charlotte m'avait dit qu'il ne pouvait pas découvrir ma véritable identité, mais je ne pouvais m'empêcher d'angoisser.

Il me contourna et s'assit de l'autre côté de la table. Dans sa main droite, il tenait un gobelet en carton. Ça me rappela que je n'avais rien mangé et bu depuis plus de douze heures.

- Je n'ai rien à vous dire, déclarai-je en tentant de paraître sûr de moi.

Il rigola et posa son gobelet sur la table.

- Vous dites tous ça, c'est la première chose qu'on vous apprend à l'Association ?

Les policiers connaissaient donc le nom de l'organisation, mais il ne l'avait jamais dit aux médias. Qu'est-ce qu'ils savaient d'autre ? Il but une gorgée de son verre sans me lâcher du regard. Qu'est-ce que je devais répondre ? Est-ce que je devais faire l'ignorant ?

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