Chapitre 21: Naïveté

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   Je me labourai les paumes avec mes ongles pour essayer de contenir mon angoisse. Depuis près d’un quart d’heure, je faisais les cent pas devant la porte de l’infirmerie de la base où Charlotte avait été emmenée.

   Les secours étaient arrivés peu de temps après qu’elle ait perdu connaissance, je n’avais pas réussi à la réveiller. Pendant le trajet, mon cœur battait à tout rompre dans ma poitrine, je me mordais le poing avec anxiété, tout en fixant l’élémentaire qui s’affairait à la maintenir en vie. Histoire d’augmenter encore mon stress, une voiture de police roulait tout près de nous, nous empêchant d’accélérer sous peine de se faire repérer. Heureusement, elle avait fini par prendre une sortie sur l’autoroute et nous avions pu dépasser la limitation de vitesse.

   L’infirmier l’avait pris en charge dès notre arrivée. A partir de cet instant, les autres élémentaires ont commencé à se détendre, mais ce ne fut pas mon cas. Charlotte était vraiment dans un sale état, que se passerait-il s’il n’arrivait pas à la sauver… ?

— Calme-toi, Samuel. Elle va s’en sortir.

   Je me tournai vers Yoann. Il était assis sur un banc, contre le mur, une capuche sur la tête, masquant son visage et les mains dans les poches de sa veste. Ses manches étaient retroussées, laissant apparaître une multitude de tatouages. En regardant de plus près, je distinguai des noms écrit à quelques endroits, en désordre. Charlotte aussi avait des noms sur ses bras, peut-être avaient-ils la même signification pour eux deux.

— Comment peux-tu en être si sûr ? demandai-je.

    Il haussa les épaules.

— J’ai confiance en Zoé, elle a déjà sauvé des gens dans un état pire que celui-là.  

   Zoé. Je supposai que c’était le nom de l’infirmière. Je l’avais entrevue quand elle avait pris Charlotte en charge, c’était une jeune femme aux mèches rouges entremêlées dans une chevelure noire : c’était la particularité qui m’avait le plus marqué, sans doute parce-que ce n’était pas le genre de physique que je m’attendais à voir pour une infirmière.  

— Tu as déjà entendu parler du centre de recherche George Moreau ?

   Yoann tourna la tête dans ma direction, un sourcil arqué en accent circonflexe.

— J’ai une tête à connaître le nom des centres de recherches du pays ? rétorqua-t-il.

— Il est dans la ville où vous êtes venus nous chercher, c’est là qu’on a volé le portable.

— Et ?

   Je soupirai et détournai les yeux, tentant de me rappeler de la scène.

— Il y avait un dossier sur le bureau. Dessus il y avait marqué « Projet spécial ». J’ai regardé par curiosité et à l’intérieur, j’ai trouvé la liste de tous les élémentaires qui ont été exécutés. C’est étrange, non ?

   Il ne répondit pas. Je lui jetai un coup d’œil, il me fixait, les sourcils froncés, comme s’il réfléchissait.

— En effet, c’est étrange, répondit-il finalement. D’autant plus que cette liste est censée être confidentielle, je ne comprends pas pourquoi un centre de recherche l’a en sa possession.

   J’étais déjà au courant de ça et c’était pour cette raison que j’étais intrigué. Je savais qu’un bon pirate informatique pouvait avoir accès à cette liste, mais quel était l’intérêt pour les scientifiques de ce laboratoire ?

— Tu en as parlé à Kaede ? s’enquit Yoann.

   Je secouai négativement la tête.

— Je viens à peine de rentrer, je n’ai pas eu le temps.

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