Chapitre 11: Souvenirs

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   « On se construit plus par les drames auquel on survit que par les bonheurs que l'on vit. »


Souviens-toi, Samuel. Ne révèle jamais ta vraie nature.

   J'ai jeté un dernier coup d'œil à ma mère avant de descendre de la voiture. Devant moi se dressait mon nouveau lycée, un endroit où j'allais devoir faire attention à tout ce que j'allais dire pour les trois ans à venir. Je m'en réjouissais déjà. Ma mère était assez naïve pour croire que j'allais me faire des amis humains, comme si je fréquentais encore les gens de cette espèce.

   J'ai rigolé nerveusement, puis je me suis avancé vers le portail. On m'avait donné un plan de l'établissement la veille, ainsi que mon emploi du temps. Je me suis dirigé vers le casier qu'on m'avait attribué afin de ranger les quelques affaires que j'avais emmenés.

   Je l'ai claqué rageusement pour le refermer. Je n'avais aucune envie d'être ici. J'entendais déjà toutes les conversations sur les élémentaires, et ça me mettais hors-de-moi. Je me faisais violence pour ne pas intervenir.

   J'ai fait brusquement volte-face mais, manque de chance, j'ai foncé dans quelqu'un. La personne a failli perdre l'équilibre, mais se rattrapa de justesse. C'était un jeune homme à la peau très pale, assez maigre.

   Un humain. J'avais touché un humain. Cette pensée me révulsait, mais j'ai tenté de ne pas le montrer.

Excuse-moi, ai-je grogné entre mes dents.

   Je l'ai contourné sans lui jeter un regard et j'ai repris ma route.

Eh, attend !

   Je me suis arrêté, la mâchoire et les poings serrés. J'ai soupiré avant de me tourner vers lui.

Tu es nouveau, non ? m'a-t-il demandé.

Oui. Pourquoi ?

   Il a haussé les épaules.

J'ai entendu dire qu'il y avait un nouvel élève dans la classe, il semblerait que ce soit toi.

   J'ai continué de le fixer, sans un mot.

Tu n'es pas très bavard, toi, je me trompe ?

Bonne déduction.

Je m'appelle Eliott, se présenta-t-il en esquissant un sourire.

   Charlotte enleva délicatement ses mains de mon visage. Je clignai des yeux et jetai un regard circulaire autour de moi.

— Tu te sens comment ? m'interrogea-t-elle.

   Je pris un instant pour réfléchir. Mon cœur me semblait bien moins lourd, comme si un poids venait de s'en détacher.

— Bien... je crois.

   Beaucoup mieux en fait. Je me sentais plus libre, je n'avais plus ce nœud dans l'estomac.

— D'accord. Maintenant, pense à Eliott. Qu'est-ce que tu ressens ?

   C'était étrange comme sensation : savoir qu'elle m'avait enlevé des souvenirs en ce qui concernait cet humain. Eliott... Je n'avais pas perdu la mémoire, mais les souvenirs de ce nous avions fait ensemble semblaient n'avoir aucune importance. C'était comme si je ne les avais jamais vécu, comme s'ils n'étaient pas réels. Je n'arrivais même pas à imaginer avoir pu l'apprécier un jour, ce n'était qu'un vulgaire humain, pourquoi m'étais attaché à lui ? Je ne comprenais pas.

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