Chapitre 13: Élémentaire de l'Esprit

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« Si tu ne peux pas te réveiller d'un cauchemar, c'est peut-être parce-que tu n'es pas en train de dormir »


   La détonation s'éleva au-dessus des cris de la foule, qui se tue instantanément. Mes oreilles sifflaient encore après le coup de feu, je n'arrivais pas à croire qu'elle avait tiré. Face à moi, le frère d'Eliott avait écarquillé les yeux et fixai la tâche rouge sur son torse. J'entendais toujours les battements de son cœur, était-ce seulement mon imagination ?

   Le policier releva la tête, démantelant mon hypothèse. Il était toujours en vie. Pourtant la balle avait touché sa poitrine, comment c'était possible ?

— C'était une balle à blanc, m'apprit Charlotte avant de faire volte-face pour s'éloigner.

— Quoi ?! m'écriai-je.

   Ce fut Kaede qui me répondit :

— On ne tue que les coupables. Il y a parfois des dommages collatéraux que l'on ne peut pas empêcher, mais on n'exécute pas d'innocent. Cet homme n'a jamais été responsable de la mort d'un élémentaire.

   Je fermai les yeux et passai mes mains sur ma figure en soufflant pour tenter de ralentir ma respiration. Une balle à blanc... Je sentais les regards amusés des autres élémentaires peser sur moi. Ils étaient tous au courant, ils savaient que cet homme ne risquait rien.

   J'entremêlai mes doigts derrière ma nuque, et je me mis à marcher lentement. Je n'arrivai pas à le croire, une balle à blanc ! J'étais partagé entre colère et soulagement.

   D'un côté, je leur en voulais de m'avoir fait subir ce test. J'avais été à deux doigts de tirer, j'avais failli le faire ! En quelques jours à peine, ils avaient presque réussi à me changer.

   De l'autre côté, il semblait que l'Association puisse faire preuve d'empathie. Enfin, plutôt de justice, je n'étais pas sûr de pouvoir parler de pitié avec elle. Disons qu'elle n'était pas entièrement déshumanisée comme je l'avais cru pendant un instant.

— Pourquoi vous avez fait ça ? m'exclamai-je en me tournant vers Kaede. Pourquoi vous vouliez que je lui tire dessus ?

— Je devais vérifier que tu étais capable d'appuyer sur la gâchette et je dois avouer que je suis étonnée que tu n'aies pas réussi. Je pensais que t'aurais le cran de le faire.

— Ça n'aurait rien prouvé du tout! Si j'avais appuyé, ça aurait été à cause de la pression!

   Kaede se détacha du cercle pour s'approcher de moi. Je soutins son regard et tentai de ne pas reculer.

— Si tu avais pu tuer sur un innocent, même si c'était sous pression, tu aurais réussis à tuer un coupable. Ça ne fait aucun doute.

   Est-ce que j'aurai autant hésité si l'homme assis sur cette chaise était l'assassin de mon père ?

Evidemment que non.

— Dommage, j'aurais bien aimé que tu rejoignes l'équipe, me lança Yoann en s'approchant de moi.

   Je relevai la tête vers lui en triturant maladroitement mes doigts. Autour de nous, les gens commençaient à se disperser pour retourner à leurs occupations.

— Ça va ? me demanda-t-il avec un sourire ironique.

— Je n'arrive pas encore à réaliser ce qui vient de se passer, soufflai-je. J'ai l'impression que je vais me réveiller dans mon lit, d'un instant à l'autre.

Yoann se mit à rire.

— Je te rassure, c'est bien réel.

   Je n'étais pas sûr d'être rassuré, peut-être aurai-je préféré que tout ceci ne soit qu'un rêve finalement.

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