Épilogue

118 23 22
                                    

Tic. Tac.

Je repositionnai mon sac sur mon épaule en prenant une grande inspiration. Mon regard était fixé sur le bus devant moi, une vingtaine de personnes faisaient déjà la queue pour y rentrer. J'étais partagé entre tristesse et excitation.

Tristesse de quitter tous ceux que j'avais rencontrés ces dernières semaines, et ceux que je connaissais déjà avant.

Et excitation d'enfin aller à la rencontre des Caijis, de partir pour un autre monde, un monde nouveau, inconnu, rempli de promesses.

Ma sœur attrapa ma main et la pressa légèrement. Je tournai la tête vers elle.

— On y va ? demanda-t-elle.

Je lorgnai encore le bus quelques instants, avant de hocher la tête.

Nos maigres bagages étaient déjà dans la soute. Nous étions repassés à la maison, la veille, afin de récupérer quelques affaires. Elle était inhabitée depuis plus d'une semaine, nos voisins devaient nous croire en vacances.

Tic. Tac.

J'avais ouvert la porte avec la clé cachée sous une brique du muret en pierre. Ça avait été très étrange d'y revenir après tout ce temps. Après tout ce qui c'était passé.

Mon regard s'était immédiatement posé sur les cadres photos accrochés au mur et disposés sur le meuble de l'entrée. C'était essentiellement des clichés de moi et de ma sœur. Très peu de ma mère, elle détestait être prise en photo.

Je ne m'étais pas attardé. Ma sœur non plus.

On s'était munit de deux larges sacs et y avaient fourré plusieurs vêtements.

Je ne savais pas comment aller se passer le voyage. Allait-on être réveillé tout du long ? Ou bien serions-nous endormis ? Au fond, les deux me convenaient.

Nous étions repartis presque aussi vite qu'on était venu. Aucun de nous deux n'avait osé jeter un coup d'œil à la porte de la chambre de ma mère.

En quittant la maison, j'avais veillé à bien refermer la porte d'entrée et à reposer la clé où je l'avais trouvé. Pourquoi ? Aucune idée. Ce n'était pas comme si nous prévoyions de revenir.

Avant de passer le portillon, je m'étais retourné une dernière fois.

La maison était vide, silencieuse.

J'avais souris.

Après tout, ce n'était qu'un déménagement de plus. Rien de nouveau.

Tic. Tac.

Rapidement, ce fut à notre tour de monter dans le bus. Nous grimpâmes à l'étage supérieur, le premier étant déjà complet et nous assîmes côte à côte. Clara me céda la place près de la fenêtre.

Derrière la vitre, Charlotte et Kléa me firent signe.

Tic. Tac.

Nos chemins s'étaient croisés pendant un temps, mais ils n'avaient jamais formé qu'un. Lorsque l'intersection était arrivée, j'aurais pu quitter mon chemin pour suivre le leur. Tout comme elles auraient pu venir sur mon chemin, choisir de rejoindre les Caijis.

Mais chacun avait suivi la voie qui lui était propre. Peut-être était-ce mieux ainsi. Peut-être était-ce ainsi que chacun trouverait sa paix. En arrivant au bout de son chemin, pas de celui des autres.

Je leur adressai un sourire. Elles me le rendirent.

Elles avaient décidé de continuer l'aventure, et je partais avec la certitude qu'un jour, elles en viendraient à bout. Que ce soit dans un mois, un an ou une décennie, elles y parviendraient.

Pour moi, c'était une nouvelle aventure qui s'annonçait. Un tournant, certes, mais pas la fin du chemin.

Tic. Tac.

Le bus démarra, direction la capitale. Direction Paris.

Mon regard s'accrocha à celui de Charlotte jusqu'à ce qu'on se perde de vue.

Je baissai les yeux sur mes poignets. De nouveaux noms y apparaissaient. Kléa. Eliott. Charlotte.

Mes tatouages à moi ne représentaient pas les personnes que je voulais venger, mais celle que je ne voulais pas oublier.

Celles qui avaient marqué ma vie. Celles dont nos chemins s'étaient séparés, mais qui sait, peut-être qu'un jour, ils se recroiseraient ?

Après tout, la vie est loin d'être une ligne droite.

Tic. Tac.

La tristesse qui m'habitait quelques instants plus tôt fut remplacée par un étrange sentiment de calme. De sérénité.

J'avais l'espoir de me diriger vers un monde meilleur et j'étais avec ma sœur.

C'était suffisant pour être heureux.

Fin (?)

[ARCHIVES] VibrationsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant