Chapitre 3: Meurtres

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« La vie n'est pas un chemin tranquille tracé à travers les champs. La vie est un fleuve impitoyable et agité où seuls survivent et avancent les plus intelligents, les plus forts et les plus prudents. »


   Mon réveil sonna, je sursautai dans mon lit, me redressai et soupirai en me rendant compte qu'on était jeudi. Je détestais les jeudis. Les souvenirs de cette nuit me revirent en mémoire, les deux policiers assassinés, la fille élémentaire et l'homme aux piercings... était-il un élémentaire lui aussi ? Sûrement, il semblait haïr les humains autant que sa partenaire de crime.

   Je me levai et me préparai pour aller au lycée. Les élémentaires avaient le droit d'y aller, comme les humains, mais avec notre réputation, les gens préféraient rester loin de nous, ou alors nous prenaient comme cible si on ne représentait pas de danger. J'avais eu quelques ennuis au collège, quand je ne contrôlais pas encore mon don. C'est pour cela qu'on avait déménagé dans un coin paumé de France et décidé de ne pas révéler notre véritable nature aux autres. Je trouvais que c'était bien mieux ainsi, je pouvais fréquenter d'autres personnes de mon âge comme ça, même si je restais quelqu'un d'assez solitaire, par habitude.

   Je me regardai une dernière fois dans la glace avant de descendre. Je n'avais pas vraiment la tête de ces gars magnifiques dans les films, moi j'avais des cernes et j'étais un foutu élémentaire. Mais ça m'allait, je ne m'en plaignais pas.

   Ma mère était déjà au travail depuis au moins une heure, et ma sœur devait être dans la cuisine, en train de prendre son petit déjeuner. J'aurais bien avalé quelques chose aussi, mon escapade d'hier m'avait donné faim, mais je n'avais pas le temps. Alors que je venais de franchir le seuil, ma soeur m'interpella.

— Samuel, attends !

  Je me retournai, elle sortit de la maison, toujours en pyjama, et vînt à ma rencontre. Elle était plutôt petite, même pour ses treize ans.

— Tu étais où hier soir ?

   Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Est-ce qu'elle avait remarqué mon absence durant la nuit ?

— De quoi tu parles ? demandai-je en prenant l'air innocent.

  Elle leva les yeux au ciel en soupirant.

— Pas la peine de mentir, j'ai vu que tu n'étais pas dans ton lit cette nuit.

— Je prenais juste l'air, répliquai-je. Je ne suis pas resté dehors longtemps.

— Maman se fait du souci pour toi, tu sais ? Elle a peur que tu finisses comme papa.

   Je détournai le regard un instant et serrai les dents. Je savais que ma mère essayait simplement de me protéger, mais il fallait qu'elle comprenne que si le gouvernement voulait m'exécuter, elle ne pourrait rien faire pour l'en empêcher. Vers la fin du XIXème siècle, il s'en était pris aux élémentaires de l'Esprit, ceux qui représentaient le plus de danger. Etrangement, ces attaques n'avaient pas déclenché de grandes polémiques, peut-être parce-que les élémentaires de l'Esprit étaient trop différents. Même les autres élémentaires les craignaient, ils ne les comprenaient pas.

   Ensuite, ça avait été au tour des les élémentaires du temps. Et désormais, il attaquait tous les élémentaires de la deuxième génération, celle dont je faisais partie. Elle regroupait les élémentaires des vibrations, de la foudre et du métal.

   Peu importe si j'étais coupable ou pas, je serais condamné, alors quitte à mourir, autant enfreindre un maximum de règles.

— Elle a eu beaucoup de mal à se remettre de sa mort, si tu subissais le même sort, ça la détruirait.

[ARCHIVES] VibrationsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant